De gueules à trois quintefeuilles d’argent
Bien connaître sa famille permet dit-on de mieux l’aimer. Tel est le but de cette étude destinée d’abord aux plus jeunes, qui présente de façon adaptée notre histoire à travers une soixantaine de personnages jugés intéressants ou simplement typiques, en s’appuyant sur la généalogie, les fonds familiaux et les travaux postérieurs, dont les compilations considérables de Paul du Merle.
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Sommaire
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La mention Sp(n) près d’une date de décès signifie « Sans postérité mâle du Merle après n degrés ». Ainsi,
« sp3 » signifie que la postérité du Merle de ce personnage s’éteindra au bout de trois générations.
La branche de chaque personnage (Messei, Briouze, Préaulx, Boisbarbot, Blancbuisson) est indiquée
soulignée en regard de son nom.
Les sources sont résumées de façon indicative par économie de place. Quand elles ne sont pas citées, elles proviennent généralement de la généalogie ou d’un fonds familial. Une grande partie des sources intitulées « Archives de Paul » proviennent du dossier de la B.N. intitulé : ANm : B.N., Nouveau d’Hozier, vol. 235, dossier 5315 « Merle ».
Les éléments provenant de sources secondaires ou de sites historiques ou généalogiques non reconnus, sont généralement rédigés au conditionnel.
Les dates de naissance ou de décès non connues sont remplacées par la première ou la dernière apparition connues.
Remerciements et évolutions
Cette étude a bénéficié de nombreux concours et sources, notamment le concours constant de Raoul et l’aide ou les pièces de Béatrice de Montmorin, Xavier Byais, Arnaud Poullain et d’Anne-Marie, Michel, Gérard, Guy, Guillaume et Marc du Merle.
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Du fait de l’ampleur du sujet, de la complexité du contexte historique et de la fiabilité encore insuffisante de certaines sources, des corrections s’imposeront sans doute encore par la suite, en parallèle avec les travaux menés par Guy, dont la publication est espérée d’ici dans deux ans.
Certains sujets aussi complexes que les actions judiciaires du 17ème siècle, sont résumés de façon indicative, leur compréhension n’exigeant’ni l’exhaustivité ni une parfaite exactitude.
1– Introduction
Le chef scandinave Rollon crée en 911 le duché de Normandie, ce qui met un terme aux pillages commis en Neustrie par les vikings depuis 841. L’année suivante, il partage les terres du duché entre ses chevaliers et des étrangers1. La baronnie du Merle2 en résulte peut-être.
Le prénom du premier baron, Rault, peut aussi manifester une ascendance germanique ou scandinave mais la généalogie opte plutôt pour une origine gallo-romaine3. Ce personnage aurait donné son prénom au bourg local devenu depuis le Merlerault4.
Sa lignée se perpétuera à partir du 11ème siècle dans la grande chevalerie normande comme l’attestent les chroniques et les alliances familiales, à travers des personnages aussi marquants que des chevaliers bannerets5, des croisés, un maréchal de France, un compagnon de du Guesclin, des défenseurs du Mont Saint Michel et bien d’autres figures encore.
Ce passé sera rappelé au 18ème siècle à l’occasion de l’admission de la famille aux honneurs de la cour6, distinction qui l’honorera malgré son amoindrissement entamé au 15ème siècle à la suite de l’extinction de ses branches aînées et des grands procès de succession des siècles suivants.
1 Source Guillaume de Jumièges.
2 La généalogie affirme que la baronnie [du Merle] est érigée en 912 et qu’elle existait avant l’invasion des peuples du Nord, idée qui rejoint la thèse selon laquelle l'aristocratie naissante au début du 11ème siècle ne descend pas principalement des compagnons de Rollon.
Selon Les Noms des communes…de l’Eure de F. de Beaurepaire, le mot Merle désignait en vieux français un lieu fortifié alors que pour l’historien Saugrain du 17ème siècle, il désignerait plutôt l’oiseau comme l’Aigle désignerait un aigle trouvé en ce lieu. Une troisième thèse proposée par Guy voudrait que Merle, souvent prononcé mêle et écrit mesle, signifie en vieux normand nèfle sauvage, fleur possiblement symbolisée par les quintefeuilles familiales. On retrouve ce mot dans le Mesle-Sur-Sarthe distant de 5 lieues. Le nom connut en tout cas de nombreuses variantes telles que de Merlerault, de Merle, de ou du Melle, du Mesle, Dumesle, de Neelle ou Doumole en Normandie ou de Merlay, de Merly ou de Merlawe en Angleterre.
3 Les Giroie, belle-famille de Roger du Merle étaient également selon Orderic Vital, d’ascendance franque et bretonne.
C’était selon l’abbé des Thuilleries (*), une véritable ville avant d’être détruite par les Anglais à l’époque de Charles VII…les du Merle la possédaient au moins depuis 1030. Selon le Chanoine Rombault (**), la forteresse s’élevait à un kilomètre du bourg actuel, ses terrasses occupaient près de quatre hectares, il en subsistait encore un châtelet et deux tourelles au siècle dernier.
Rendue à la France par suite du traité de Brétigny (1356), la ville quittera le patrimoine familial au 14ème siècle à l’occasion du mariage d’Agnès du Merle. Elle n’est plus de nos jours qu’un bourg médiocre très endommagé en 1944.
(*) L’abbé des Thuilleries était un historien reconnu de la fin du 17éme siècle, originaire de Séez puis fixé à Paris. (**) Le chanoine Rombault, historien normand du 19éme siècle, était le supérieur du petit séminaire de Séez.
Noter qu’à la façon du Merlerault, nombre de villes portent le nom de leur fondateur. Il en est ainsi de Beaumont-le- Roger, Château-Thierry, Le Roche-Guyon etc…
5 Selon Ducange, le rang de chevalier banneret était le plus élevé de la chevalerie, au-dessus d’écuyer et de chevalier bachelier ou de haubert. Le titulaire devait être capable de lever au moins 50 hommes d’armes et faire reconnaître sa bannière et ses hérauts par le connétable ou les maréchaux. Il arborait une bannière sur son château et au combat, de forme carrée contrairement au guidon conique des chevaliers bacheliers, permettant aux troupes de se regrouper autour de leur seigneur. A l’époque de Charles VII, une bannière pouvait représenter jusqu’à 300 combattants car chaque homme d’armes était accompagné au minimum d’un page et d’un coutilier armurier. Le chevalier bachelier - mot signifiant bas-chevalier - était d'aussi bonne maison mais sans grands fiefs, donc sans droit de bannière.
6 Les Honneurs de la Cour étaient une distinction prestigieuse du XVIIIe siècle destinée honorer de vieilles familles nobles encore suffisamment représentatives et à honorer les grands officiers de la couronne. Les familles reçues pouvaient adopter tout titre de courtoisie jusqu’à celui de marquis. Cette distinction fut accordée à quelques 942 familles dont 280 subsistent actuellement. La moitié justifiait d’une ancienneté antérieure à l’an 1400 sans trace d'anoblissement. L’Encyclopédie méthodique de Rousselot de Surgy publiée en 1781 citait 41 noms de grandes maisons tant éteintes que subsistantes, dont les Beaumont, Bertrand, Grammont,… du Merle, etc. Une liste identique fut présentée au Garde des Sceaux en 1782.
Pour autant, la famille n’a jamais cessé de susciter des personnages intéressants, ce qui ne signifie pas qu’ils furent tous exemplaires ni considérables. Ce document tente d’en décrire le moins arbitrairement possible les plus notables depuis les origines.
La Basse Normandie
oger du Merle épouse vers 1050 Emma Giroie, fille d’Ernaud Giroie baron de Montreuil et d'Echauffour et de Gisèle Bertran de Bricquebec, tous deux parents du duc Guillaume Le Conquérant7. Selon Orderic Vital, les territoires de Roger et des trois seigneurs voisins forment à l’époque l’archidiaconé de Gacé8 situé dans le Pays d’Ouche actuel.
Roger est sans doute l’un de ces du Merle cités pour soutenir le duc Guillaume pendant sa minorité9. Il est aussi mentionné vers 1050 pour donner l’étang de la Charentonne à l’abbaye de Saint-Evroult10 en cours de reconstruction par son beau-frère Giroie et ses cousins Grandmesnil.
7 Havoise Giroie, belle-sœur de Roger du Merle, avait épousé Robert 1er de Grandmesnil († v. 1036) puis Robert comte d’Evreux. Sa fille Judith épousera en 1061 Roger de Hauteville roi de Sicile (cf. notice sur les Giroie en annexe).
8 L’archidiaconé de Gacé comportait les doyennés de Gacé, Livarot, Montreuil-l'Argillé et Vimoutiers. Ses seigneurs étaient Giroye, ses gendres Gosselin sgr de Maufray et Roger sgr du Merle, et Baudri sgr de Beaucancé (cf. Histoire du pays d'Auge et des évêques comtes de Lisieux par Richard Seguin).
9 Cf. Chanoine Rombault.
En 1066, il fait partie des chevaliers normands qui accompagnent le duc à la conquête de l’Angleterre11.
Guillaume du Merle, moine bénédictin à Saint-Evroult cité vers 1065-1087, peut-être frère de Roger, est cité comme l’un des quatre prédicateurs français réputés pour leur connaissance approfondie de l'Ecriture, leur piété ardente, leur idéal monastique très pur et leur belle culture humaine12. Selon Orderic Vital, il contribue par sa science, son éloquence et ses vertus au rétablissement de la discipline et des mœurs qui s’accomplit à cette époque sous l’impulsion du pape Grégoire VII. Un de ses successeurs du 17ème siècle qualifiera ses sermons d’aussi forts et remplis de piété que ceux de Saint Bernard.
De grande modestie, Guillaume désirait que l’on ignorât son nom si bien que sa collection d’homélies qui avaient joui d’une faveur considérable resta longtemps attribuée à d’autres prédicateurs. L’analyse résumée de l’œuvre de ce témoin fidèle de l’esprit clunisien est présentée en annexe.
Rodulphe ou Raoul, baron du Merle, fils aîné de Roger13, reçoit de Guillaume Le Conquérant des terres situées en Normandie, dans le Maine et en Angleterre en récompense de services rendus. Il n’a pas de postérité
La branche anglaise
Le frère cadet de Rodulphe est peut-être ce Guillaume du Merle (1065?, †1129?) cité pour participer à la lutte de Guillaume Le Conquérant contre les habitants du Northumberland en révolte. Il y fait construire le château de Morpeth et prend le nom de William de Merlay baron de Morpeth sous lequel il est mentionné en 1129 en compagnie de sa femme Mencalde pour donner un village à l’abbaye Saint-Cuthbert fondée par leur fils Ranulf. Il aménage aussi un hôpital à Morpeth14.
Son fils Ranulf (ou Raoul) de Merlay édifiera l’abbaye de
10 Le projet de restauration de l’abbaye de Saint-Evroult (nommée à l’époque abbaye d’Ouche) trop ambitieux, ne s’achèva qu’en 1089. Selon le Chanoine Rombault, les du Merle reverseront par la suite à cette abbaye les dîmes de l’église St Martin du Merlerault.
11 La présence de du Merle à la Bataille d’Hastings en 1066 est mentionnée dans les listes de combattants connues, telles que celles du CNRS, de E. de Magny, de du Moulin ou encore celles visibles à Dives à Falaise ou en Angleterre.
12 Le moine Guillaume du Merle est cité par Orderic Vital, Dom Leclerc (auteur de la citation ci-dessus extraite de Prédicateurs au XIème et XIIème siècle), le chanoine Rombault ou l’historien L.P. Hommey qui le décrit très flatteusement comme issu d’une des familles les plus nobles de nos contrées… (cf. son Histoire générale ecclésiastique et civile du diocèse de Séez,1899).
Parmi les œuvres de Guillaume subsistent ses homélies et un manuscrit savant et élégant sur La Translation de Saint- Josse (cf. Btin Sté historique et archéologique de l'Orne, 1890).
13 Un parchemin établi en 1080, de sept à huit pouces de largeur pour près de vingt pieds de longueur, attestant l’ascendance de Rodulphe du Merle, était encore visible à l’abbaye de Saint-Evroult en 1735.
14 Cf. History, directory, and gazetteer of the counties of Durham and Northumberland, W. Parson & W. White, 1827. L’origine du Merle de William de Merlay est mentionnée dans le Monasticum Anglicanum, le Bulletin of the New York Public Library (Vol.5) et par de nombreuses publications (ex : An historical, topographical, and descr view of the county of Northumberland…Mackenzie and Dent, 1825) et forums généalogiques anglais. Le site historique des Merlay comme le New England historical and genealogical register, 1925 affirment de même que les Merlay grands barons du Nord, tenaient leur nom du Merle-Raoul. Les merlettes de leur blason pourraient provenir de cette origine. Selon Guy, leur premier aïeul, William de Merlay, serait arrivé en Angleterre avec une vague d’invasion normande postérieure à la bataille d’Hastings. W. Parson & W. White (cités plus haut) précisent que leur baronnie de Morpeth, très étendue, comportait une vingtaine de villages dont ils précisent les noms.
Newminster près de Morpeth15. Son petit-fils Ralph (ou Roger) (†1188) aurait épousé vers 1185
Alice de Stuteville (d’Estouteville) fille d’un sheriff (bailli) du Northumberland.
La branche anglaise se serait éteinte à la fin du 13ème siécle
Plusieurs du Merle16 sont cités à la fin du 11ème siècle parmi les chevaliers normands présents à la
conquête de la Sicile musulmane.
aoul II du Merle, chevalier banneret descendant du fils cadet de Roger, et son parent17
Guillaume du Merle, lui aussi chevalier banneret, accompagnent le duc de Robert Normandie à la première croisade, qui aboutit à la conquête de Jérusalem en 109918.
15 On ignore encore le rapport existant entre ce Raoul de Merlay et le Raoul de Merle cité à la deuxième croisade comme fondateur du fort de Merle proche de Césarée, qualifié par un archéologue de fort normand portant le nom de la famille qui fut chargée de sa défense, et décrit par l’archéologue Éphraïm Stern pour avoir été construit for its seigneurs, the du Merle family. Ce fort, de périmètre 30*74 m, avec une petite tour carrée de 6 m2, fut remis aux templiers puis détruit par Saladin en 1187. On ignore de même quel rapport existe entre ces personnages et ce Raoul de Merle mentionné par Guillaume de Tyr pour sa naissance, ses hautes qualités, son grant sens, ses fets d’armes et figurant dans la liste des trois seigneurs jugés par le roi Baudouin III de Jérusalem aptes à épouser la princesse Constance d'Antioche, mais qu’elle repoussa. Ce Raoul de Merle sera assassiné en 1152 avec Raymond II de Tripoli, peut-être sur ordre de la comtesse de Tripoli pour se débarrasser de son mari.
16 En 1061, Roger Guiscard rejoint en Italie son frère Robert Guiscard accompagné de personnages de haute lignée tels les Ernaud d’Echauffour et les Montreuil, bientôt renforcés par les du Merle, les Corday et les Pantoul (Cf. Revue Avranchin et pays de Granville, Vol 13 et Btin Sté Antiquaires Normandie, Vol 26 à 27, 1908).
La médiéviste Huguette Taviani-Carozzi affirme de même qu’on retrouve la présence des Merlerault en Pouille et en Sicile à la fin du XIème siècle et dans les premières décennies du XIIème (cf. La Terreur du monde. Robert Guiscard…). Le chanoine Rombault partage également cette thèse. Noter en revanche que le Guillaume du Merle seigneur de Noron mentionné par la généalogie pour son rôle en Sicile était sans doute un Panthou et non un du Merle. Leur conquête du sud de l’Italie servira probablement d’exemple à Guillaume Le Conquérant pour préparer sa conquête de l’Angleterre.
17 Les parentés de cette époque sont confuses. Selon Paul du Merle, il y aurait eu vers 1123 un Rodulphe (ou Raoul) cousin d’un Guillaume et père d’un autre Rodulphe lui-même suivi d’un Guillaume (son fils ?) grand père de Raoul II du Merle.
18 La prise de Jérusalem était conduite par Godefroy de Bouillon, prince d’une piété telle qu’il refusa d’y porter la couronne là où Jésus Christ dut porter une couronne d'épines, mais dont l’armée provoqua des massacres restés gravés dans la mémoire musulmane. Le duc Robert de Normandie s’y trouvait aux ordres de Bohémond de Tarente roi de Sicile, fils de l’aventurier normand Robert Guiscard. La liste des Normands de la première croisade mentionne deux du Merle dont la parenté avec les du Merle cités aux deux premières croisades (note plus bas) reste à identifier, de même que leur parenté éventuelle avec ce du Merle de l’entourage du duc Robert de Normandie que vante la chanson de geste Old French Crusade Cycle : Le ber Thomas du Merle / à la fière raison / qui moult fut sage hons / à la chière hrdie/li preu, mais dont le prénom ne se situe pas dans la tradition familiale.
La présence du duc Robert de Normandie à la croisade permit à son frère cadet Henri 1er Beauclerc de s’attribuer le duché anglo-normand, puis à sa fille Mathilde de fonder la dynastie Plantagenêt.
oulques19 I baron du Merle et de Messei20 seigneur de Couvrigny etc. est cité en 1139 pour ses donations à l’abbaye Saint Jean de Falaise et à l’abbaye de la Genevraie fondée par son père.
Selon une tradition familiale, un Guillaume du Merle aurait reçu vers 1140 la terre de Couvrigny de l’impératrice Mathilde Plantagenêt21.
Plusieurs du Merle22 sont également cités à cette époque, parmi les chevaliers de la deuxième croisade prêchée par Bernard de Clairvaux pour secourir le royaume de Jérusalem. Cette croisade se soldera par un échec total bien qu’elle ait attiré des souverains de toute l'Europe.
oulques II ( ?,~1180), baron du Merle et de Messei, seigneur de Couvrigny etc. est cité comme détenteur de terres dans le Maine, et en Angleterre. Son épouse est vraisemblablement
19 La Roque (1735) cite le prénom Foulques comme typique de la famille du Merle : les Comtes et Ducs de Savoie désiraient le nom d’Amédée, les vicomtes de Narbonne le nom d’Amaury, les Seigneurs de Melle ou du Merle le nom de Fouques, les sires de Lusignan le nom de Geoffroy…..
20 -- Le château de Messei --
Selon ce site et le site de Messei, ce château de 12 tours, dont les vestiges étaient encore visibles au début du 19ème siècle, comptait, parmi les plus importantes places-fortes de Normandie, ce qui conforte l’assertion de la généalogie, que les barons du Merle étaient avec leurs baronnies du Merle, de Messei et de Gorron et leurs autres seigneuries, du nombre des principaux seigneurs de la cour des ducs de Normandie. Ils rendaient justice à Messei sur une colline proche du château et faisaient preuve selon ce site d’exigences mémorables. Les archives portent la trace des plaintes portées par la population qui poursuivra en justice Guillaume VIII du Merle auprès du bailli du comte d'Alençon et auprès du Parlement de Paris (1350). Une parenthèse s’ouvre dans ces conflits en 1356 avec l’occupation du château par Philippe de Navarre entré en rébellion contre le roi. Le traité de Brétigny le rend en 1360 mais il n’est vraiment libéré qu’en 1361. Un nouveau conflit éclate en 1363 lorsque Guillaume du Merle oblige les habitants à restaurer le château, situation que l’historien Clément Timbal qualifie de typique de relations entre gentilshommes chargés de la défense du pays avec les populations qu’ils protégeaient mais mettaient aussi en coupe réglée (cf. La guerre de Cent Ans vue à travers les registres du Parlement). En 1365, le baillage d’Alençon condamne cependant les habitants à faire les services et charoirs pour les reparations du chasteau de Messey et le guet et garde aud. Chasteau, jugement confirmé par le roi en 1367. Néanmoins le parlement de Caen exige de Guillaume en juin 1368 de libérer les habitants emprisonnés pour refus de corvées (voir notice Guillaume VIII) et de restituer leurs biens, se réservant de faire justice aux coupables, le comte d’Alençon, son bailli et le seigneur de Messei. Finalement, un accord avec les procureurs confirmera en juin 1380 que les sujets et justiciables de Guillaume devront contribuer à l’entretien du château à l'exception de ses murs et de ses tours et devront en assurer la garde en cas de danger et la nuit. Le château quitteea la famille en 1402 à l’occasion du mariage de Catherine du Merle avec Henri de Bailleul. Ce dernier optant pour le camp anglais, Marie de Bretagne duchesse d’Alençon entreprendra de reconquérir Messei pour le roi de France en 1417.
21 L’abbé des Thuilleries tenait d’un moine de Saint Jean de Falaise que ce Guillaume du Merle avait été connétable de l’impératrice Mathilde.
22 Paul-André Roger cite pour participer aux deux premières croisades, les Normands Guillaume duMesle, le sire du
Mesle, Laurens du Merle et Neude du Merle (cf. La noblesse de France aux croisades, 1845 rédigé sur la base de Manuscrits de la Bibliothèque Royale). Du Moulin (prêtre normand du XVIIème, historien de la Normandie apprécié pour ses détails) précise de même que Raoul ou (Richard ?) et Laurens du Merle faisaient partie des quelques 400 seigneurs renommez en Normandie.
Le gisant du Merlerault 24
Exposé au musée des Arts de Philadelphie, le gisant ci-contre y est décrit comme sculpté au Merlerault entre 1230 et 1240, probablement en représentation de François (ou Foulques II) du Merle fondateur vers 1140 de l’abbaye voisine de la Genevraie dans laquelle il sera inhumé au pied du grand autel (voir détails en annexe)25.
La collégiale de la Genevraie
La chapelle de la collégiale qui remplacera l’abbaye était encore magnifiquement voutée au 17ème siècle. Au moyen-âge, l’abbaye avait un chapitre de sept chanoines et un trésorier dont les prébendes étaient financées par les du Merle. Ils avaient la permission du roi Philippe Auguste d’y tenir une
foire chaque année à la Saint Nicolas et à la Saint Michel à la condition que le roi puisse marier leurs fils et fille aînés26. Cette foire continue de se tenir de nos jours à la Saint Michel.
Gillian de Braose23, fille d’un puissant seigneur anglo-normand des marches galloises. Foulques effectue comme son père, des donations à l’abbaye Saint Jean de Falaise et au prieuré de la Genevraie, qui seront confirmées en 1160 par une bulle du pape Alexandre III. Il donne aussi des terres anglaises et normandes à l'abbaye de Saint Florent-Les-Saumur sous le règne d’Henri II d'Angleterre.
23The Durford Cartulary, Sussex Record Society, 2006, mentionne une donation faite vers 1161 by Gillian de Merle Daughter of Philip de Braose. British-history cite Gillian de Braose épouse de Foulques du Merle, baron de Messai dont l’arrière petit-fils deviendra maréchal de France et recevra Briouze en 1304-6 après extinction de la famille de Braose. Un autre site précise que le manoir d’Annington, avait appartenu à la famille de Merle depuis le mariage probable de Gillian de Braose avec Fulk de Merle, baron de Messai en France. Le site BraoseWeb indique enfin que Fulco de Merle servit de témoin en 1144 à William de Braose II pour la signature d’une charte, et conclut que si Foulques n’était pas le mari de Gillian, il était probablement son père ou son frère.
Selon le Domesday Book (1086), la famille de Braose, alliée aux d’Harcourt, avait été l’une des mieux dotées par le Conquérant. La mère de Gillian serait selon certains Bertha de Gloucester, fille de Miles de Gloucester connétable d’Angleterre, principal défenseur de la reine Mathilde pendant la guerre civile anglaise.
(*) Braose est la traduction anglaise de Briouze
24 La propriétaire du château de la Genevraie, alors octogénaire, confia vers 1969 avoir vendu dans sa jeunesse le gisant à un collectionneur américain, témoignage qui coïncide en partie avec l’acquisition décrite par le musée de Philadelphie bien que certains détails cités (bordure du bouclier et longueur) diffèrent d’une description faite au XIXème siècle par un
visiteur de la Genevraie. Quoiqu’il en soit, la généalogie cite bien un acte de 1665 identifiant le gisant de la Genevraie comme étant François du Merle, Paul du Merle optant plutôt pour Foulques II du Merle le bienfaiteur de l’abbaye. Celle-ci se réduira rapidement à un prieuré dont un corps de bâtiment subsistera encore en 1764. Le gisant sera encore observé dans les ruines du 19ème siècle.
On note encore que le bouclier du gisant est décoré de merlettes disposées en orle, motifs que Laurent du Merle et le maréchal lui-même adoptèrent parfois. Selon un généalogiste, le blason présenté à côté de la photo provient d’un Dictionnaire de la Noblesse malheureusement non identifié, qui l’attribue à Foucault du Merle gouverneur de Robert d’Artois.
25 Cf. Histoire générale ecclésiastique et civile du diocèse de Sées, Louis Pierre Hommey – 1899. Le chanoine Rombault, qui s’était aussi rendu à la Genevraie vers 1880, y avait vu encore debout les réfectoires et des cellules de moines.
26 Cf. Saugrain Dictionnaire Universel de la France ancienne et moderne. Le Registre des Fiefs de Normandie, établi à l'époque de Philippe-Auguste, précise qu’en contrepartie de ses droits, Guillaume du Merle devait assurer au château voisin de Sainte Scholasse un service en temps de guerre de dix chevaliers pendant 40 jours.
Raoul du Merle, chanoine de Sées vers 1180, est élu évêque de Sées en 1202 par le prieur et le chapitre de la cathédrale malgré l’ordre du roi Jean Sans Terre d’élire le fils d’un de ses administrateurs27. Désireux d’obtenir du pape Innocent III la confirmation de son élection, Raoul serait parti à Rome avec ses partisans, ce qui aurait conduit Jean Sans Terre à confisquer le trésor de la cathédrale. Raoul serait décédé en chemin et le prieur et ses amis l’auraient alors remplacé par l’archidiacre Sylvestre qui demeurera évêque de Sées jusqu’en 122028.
Ce personnage n’est pas mentionné dans la généalogie.
uillaume V du Merle (1209,1240) dit Fouques, baron du Merlerault et de Messei, époux de Jeanne Crespin29, est cité pour assister à l’Echiquier30 tenu à Caen en 1224. Il est cité aussi le 3 mai 1236 parmi les barons31 consultés par le roi Saint Louis en présence de la reine et des officiers de la couronne, à propos d’une requête de la comtesse de Boulogne concernant des terres en Pays de Caux.
Le chevalier aux quintefeuilles
Selon certains historiens d’art, le blason représenté à la droite de cette enluminure du 13ème siècle serait le nôtre s’il s’avère que son fond est bien de gueules32.
27 Cette élection de Raoul du Merle à l’épiscopat de Sées est relatée dans les Recherches historiques sur la ville, les évêques et le diocèse de Sées de Maurey d'Orville. La source latine du récit, le document Gallia christiana, in provincias ecclesiasticas distributa [...]. Tomus undecimus : De provincia Rotomagensi (Rouen) [...], 1759 (cf. archives de Paul), diffère légèrement du récit du chanoine Rombault et se trouve contredit par celui de François Neveux qui estime dans La Normandie royale des Capétiens aux Valois, XIIIe-XIVe siècle que Sylvestre aurait été élu évêque contre son concurrent Raoul du Merle.
28 Sylvestre demeurera évêque malgré un adultère affiché publiquement (cf. Maurey d'Orville déjà cité, ainsi que de François Neveux La Normandie royale: des Capétiens aux Valois, XIIIe-XIVe siècle, 2005 et surtout, John Gillinghase Anglo-Norman Studies 27: Proceedings of the Battle Conference 2004).
29 Jeanne Crespin, épouse de Guillaume V du Merle, était vraisemblablement de la famille des Crespin du Bec qui aura en 1283 un maréchal de France connétable de Normandie. Une autre ascendance lointaine des du Merle avec les Crespin venait de Louise d’Orbec femme de Jean IV du Merle, descendante directe de Gilbert Crespin comte d'Eu et de Brionne.
30 L’échiquier était un tribunal souverain constitué de pairs ecclésiastiques et de barons importants, qui se tenait pendant trois mois deux fois par an. Toutes les autres justices étaient alors suspendues (Cf. Histoire de Marguerite de Lorraine, Duchesse d'Alençon ... Eugène Laurent).
31 Parmi les 13 barons consultés par le roi figuraient aussi le connétable de Normandie et le chambellan de Tancarville.
32 Cette enluminure dont on ne connait que la photo monochrome, se trouve dans un manuscrit de Saint Jean d’Acre illustrant l’Eneide par des scènes de chevalerie. L’historien contemporain Jaroslav Folda (Univ. Princeton) suppose dans son Crusader Manuscript Illumination at Saint-Jean d'Acre, 1275-1291 qu’elle représente Fouques du Merle. C’est aussi l’hypothèse de l’historien M. P. Lillich dans l’Art Bulletin vol 60 du College Art Association de Californie (If the field on which the three quintefeuilles are found is gueules, then the knight is Fouques du Merle, one of the greatest warriors of his generation eventually Marechal de France) mais la date du manuscrit conduit à privilégier Fouques du Merle (alias Guillaume V), car le maréchal ne fut nommé qu’en 1302.
Foucault du Merle (?, †1250, sp), frère de Guillaume V, accompagne à la septième croisade Robert d'Artois frère de Saint Louis dont il avait été gouverneur. L’épisode suivant s’y déroule en février 125033 :
Alors que l'armée croisée approche de la ville de Mansourah voisine du Caire, le corps des Templiers s'arrête sur ordre du roi pour laisser passer l'avant-garde du comte d'Artois accompagné de Foucault du Merle. C’est alors qu’apparaissent trois cents cavaliers sarrasins qui s'enfuient. A leur vue, Foucault engage imprudemment le prince à leur poursuite en le tirant par la bride en criant à tue-tête Ores à eux ! Ores à eux malgré les ordres du roi qu’il n’avait pu entendre car il était sourd. Les templiers ne pouvant souffrir d'être ainsi devancés les suivent et tous courent ventre à terre jusqu'au camp musulman où ils entrent pêle-mêle avec
les Sarrasins, tuent l'émir au sortir de son bain, poussent jusqu'à la ville de Mansourah et la traversent en vainqueurs. Mais les musulmans se rallient à leurs chefs mamelouks. Quand les chevaliers retournent sur leurs pas, les rues étroites sont barricadées, les terrasses des maisons garnies d'ennemis. Les croisés tombent criblés de flèches et écrasés par l'artillerie ennemie, les pierres et les poutres jetées des toits.
Quelques jours après ce désastre, Saint Louis reprend Mansourah avec le gros de l’armée. Il s’en retirera en avril et sera fait prisonnier au cours de sa retraite.
uillaume VI dit Melloc du Merle ( ?,1265), petit-fils de Guillaume V, seigneur du Merle- Raoul, baron de Messei, Gorron, Couvrigny, Saint-Julien, Médavy et Champhaut, est parfois cité comme grand vavasseur héréditaire de Normandie34. Il épouse Marie de Nollent, dame de Tancarville35 et de Gacé.
33 Ce récit, plus détaillé que celui de Joinville, provient de l’Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, d’Henri Martin (1844).
34 Un grand vavasseur était un vassal dépendant directement du roi.
35 ***Les Tancarville et les d’Harcourt ***
Les Tancarville étaient connétables héréditaires de Normandie et rivaux traditionnels des d’Harcourt. Ils avaient le soutien des rois de France et de seigneurs bretons tels que Bertrand du Guesclin. Certains du Merle leur étaient apparentés par Marie de Nollent épouse de Guillaume VI du Merle petite-fille de Guillaume II de Tancarville. Laurence du Merle sœur du maréchal, était elle-même belle-fille d’Alix fille du connétable Guillaume III de Tancarville.
Il se peut que les du Merle aient été aussi apparentés aux d’Harcourt par Jeanne Crespin décrite par certains comme fille d’Eve d’Harcourt. Le chef de file du parti d’Harcourt au 14ème siècle sera le fameux Geoffroy d'Harcourt évoqué plus bas, allié de Charles le Mauvais. On notera encore qu’une première alliance Nollent/du Merle avait eu lieu avec le mariage de Jean IV de Nollent et de Jeanne du Merle sœur de Guillaume IV.
Parmi leurs enfants, Foucault sera maréchal, Guy évêque et Laurence, propre tante du fameux
maréchal au Vert lion Bertran de Bricquebec.
Son fils oucault du Merle, (~1245, †1314), maréchal de France, chevalier banneret, baron du Merle, de Messei, de Bellou en Houlme, de Briouze, de Couvrigny etc..36.
Selon La Roque, il est l’un des sept seigneurs auxquels Philippe le Hardi fait l'honneur d'écrire en 1272 à l’occasion du rassemblement de l'arrière-ban37 destiné à réprimer la félonie du Comte de Foix.
En 1280, il fait don à l’abbaye de Saint-Évroult de ses droits de patronage sur l’église Saint-Martin du Merlerault.
En 1285, il est cité dans l’armée envoyée en Catalogne contre le roi d’Aragon38.
Pour l’anecdote, il est cité pour se faire livrer en 1295 deux tonneaux de vin d'Ordiale en Gascogne, dans l’armée de mer envoyée contre les Anglais. En août, il accompagne le maréchal d’Harcourt le Boiteux au débarquement de Douvres39, opération hasardeuse que le roi devra interrompre sans résultat. Il se rend ensuite à Abbeville pour faire face à Edouard Ier, roi d'Angleterre, qui menace les côtes.
Il est cité en 1296 parmi les chefs de l’armée répartis le long des côtes40, puis se trouve au côté du maréchal d’Harcourt lors d’une algarade à propos d’un moulin avec le grand chambellan de France Robert de Tancarville, au cours de laquelle le maréchal d’Harcourt crève de son gantelet l’œil du chambellan. Informé, le roi Philippe Le Bel condamne les deux protagonistes à un duel en sa présence où ils se combattent avec tant d’intrépidité que le roi y met un terme tout en faisant condamner trois proches du sire d’Harcourt, dont Foucault du Merle, à partir en pèlerinage ou à s’exiler41.
En 1302, Foucault est nommé maréchal de France42 avec Miles de Noyers, en remplacement des maréchaux Guy de Clermont de Nesle et Simon de Melun tués à la bataille de Courtrai.
En 1303, Le roi confie au connétable Gaucher de Chatillon et aux deux maréchaux la garde des frontières de Flandre43. Foucault écrase les troupes flamandes en octobre près de Cassel. En
36 Le maréchal possédait les baronnies et seigneuries du Merle, Messei, Briouze (donnée par Philippe-Le-Bel), Gacé, Couvrigny, Médavy, Talonné, Champ-haut, Bois-Turpin, Bois-barbot, Saint-julien-le-faucon, Planches, Ronfeugeray, Vaux-sur-Loir, Bellou-en-houlme, etc. Son château de Briouze jouera un rôle majeur dans les défenses de Normandie (cf. BraoseWeb.htm). Noter qu’une rue de Bellou-En-Houlme s’appelle Rue du chevalier du Merle.
37 Cf. La Roque.
38 Cf. Paul, PJ-1.Extrait d’un livre de comptes de Jehan d’Ays, relatif à l’expédition d’Aragon, en 1285.
39 La grande flotte du roi Philippe Le Bel débarquée à Douvres enleva et brûla tout ce qu’elle trouva hors des murs; et tandis qu’une si grande armée aurait pu facilement s’emparer de toute l’Angleterre, empêchée par l’autorité de Matthieu de Montmorency et de Jean de Harcourt, elle fut forcée de s’en revenir sans avoir rien fait (Chronique de Guillaume de Nangis). Un poème évoque des combats et 500 assaillants tués par les Anglais (cf. Histoire du Cotentin et de ses îles, Gustave Jules Dupont, 1873).
40 Les chefs de l’armée défendant les côtes étaient li conte d’Artois vers Boloignois et à Calès, li conte d’Aubemale vers Aubeville, li sire d’Aricourt et monseigneur Jehan de Rouvray en Normandie, monseigneur Fouque du Mel et monseigneur Hugue de Thouarz vers la Rochelle (cf. Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale et autres bibliothèques, Vol20/22, 1862). La flotte regroupée pour débarquer en Angleterre comportait environ 130 bateaux normands ainsi que des bateaux Espagnols, Portugais et Génois.
41 Cf. deux récits complémentaires : Histoire des environs de Paris de Georges Touchard-Lafosse et Les chroniques de Normandie (1223-1453) de 1487. La généalogie et les archives familiales indiquent que le roi fit saisir les biens des compagnons du sire d’Harcourt dont Foucault du Merle et Mouton de Blainville, jusqu’au jugement final qui condamna les proches compagnons du sire d’Harcourt à s’exiler à Chypre ou se rendre en pèlerinage respectivement au Puy-en-Velay, à Boulogne et à Chartres pour le sieur du Merle le moins forfait. Autre conséquence de cette querelle : le comte de Valois, partisan du sire d'Harcourt, jura la perte d’Enguerrand de Marigny partisan et parent de Tancarville, qui le paiera par sa pendaison en 1315.
42 Foucault est appelé dans les chroniques Fourquent de melle, Fulcando de Mala, Fourquault de Neelle ou encore Foucart de Merle. Le chroniqueur Gilles Le Muisit le qualifie de famosus vir nobilis. Selon certains, sa nomination comme maréchal aurait pu avoir lieu à l’âge de 38 ans. Cette hypothèse évoquée dans la généalogie est probablement inspirée de l’Histoire généalogique de la maison de Harcourt, Vol 2 de Gilles de La Roque, 1662, qui affirme que Foucault fut nommé en même temps que Jean d’Harcourt, en 1283.
1303, le roi l’envoie à Saint Omer avec le connétable de Bayonne et Miles de Noyers. Ils y apprennent en juin que Tournai est assiégée par des troupes flamandes venues de Lille44 et que ses habitants combattent courageusement au corps à corps sur les remparts, face à des assauts terribles avec des machines de guerre45. Foucault rejoint aussitôt leur garnison qu’il renforce de 1400 hommes dont 500 chevaliers et quelques troupes du comte de Hainaut. Faisant de fréquentes sorties, il se porte début juin à Pont-A-Rone que gardent des Flamands dont il fait un grand carnage. Peu après, apprenant que de nouveaux renforts flamands approchent, il se place en embuscade dans des bois, surgit avec sa cavalerie sur leurs arrières, les taille en pièces et occit ou prend 200 hommes de cheval armés et 300 hommes de pié. Foucault et Mahieu de Ligne mareschal de Haynnau46
rentrent à Tournay où ilz mènent les prisonniers à grant joye. Par la suite, Tournai sera à nouveau assiégée. Menacée de disette, le roi sera contraint de conclure le siège par une trêve.
En janvier 1304, Foucault assiste à la première séance du Parlement de Toulouse en présence du roi et du maréchal Miles de Noyers.
En juin 1304, il se trouve avec Miles de Noyers et le connétable Gaucher de Chatillon dans l’armée rassemblée à Arras. Elle rencontre les Flamands le 18 août à Mons-en-Pévèle47 où les deux camps s’affrontent toute la journée. Le roi, assiégé par un parti de Flamands, se défend comme un forcené et finit par l’emporter grâce à la chaleur caniculaire qui assoiffe l’ennemi et grâce au duc de Bourgogne, au comte de Champagne et aux maréchaux qui, placés avec Gaucher de Châtillon et la cavalerie derrière l’avant-garde, courent sus aux flamands à main sénestre du roi et les enfoncent. Cette victoire permet au roi de récupérer notamment Lille et Douai et d’imposer à la Flandre des conditions draconiennes. Cet épisode est célébré par une chronique en vers citée en annexe.
En 1305, Foucault rejoint le roi en dévotion au Mont-Saint-Michel où il obtient l’autorisation d’acheter la baronnie voisine de Briouze et la seigneurie de Bellou, alors prises de guerre48.
En 1307, le roi qui doit à Foucault 35 000 livres, le règle en lui accordant la jouissance des terres de feu Guillaume de Clisson49, dont l’héritier est alors sous garde royale.
En 1310, Foucault est envoyé dans le Lyonnais pour réprimer le soulèvement de Lyon50. En 1311, il est envoyé à Vienne où se tient le concile qui condamne l'Ordre du Temple. En 1314, il rejoint l’armée des Flandres où il meurt à 75 ans51.
Sa première femme, de laquelle descendront les générations suivantes, est Jeanne de Mathefelon52.
43 La Chronique tournaisienne (1296-1314) précise que le roi quitta brusquement le siège de Douai et laissa la charge du comté de Flandre à Gaucher de Châtillon, Miles de Noyer et Foucault du Merle.
44 Cf. Histoire des comtes de Flandre jusqu'à l'avènement de la maison de Bourgogne d’Edward Le Glay, Chroniques Artésiennes. et Histoire de Tournai et du Tournésis: depuis les temps..., Vol1, Alexandre Guillaume Chotin 1840.
45 Cf. Philippe le Bel en Flandre: les origines de la guerre de cent ans, Frantz Funck-Brentano.
46 Cf. Histoire de Tournai et du Tournesis par Alexandre-Guillaume Chotin et Anciennes chroniques de Flandre. 47Contexte de la bataille de Mons-en-Pévèle : Philippe le Bel avait constitué un trésor de guerre pour prendre sa revanche de la défaite de Courtrai, Le 11 août 1304, alors qu’il se trouve en Flandre avec mesires Gautiers de Chastillon, connestable de Franche, et li .ij. mareschial, messires Foucaus du Merle et mesires Miles de Noiers, sa flotte vainc celle des Flamands (cf. Chronique artésienne 1295-1304, p. 75). Le roi se rabat alors en direction de Lille et passe par Mons-en-Pévèle où il rencontre les Flamands. Selon le chroniqueur Guillaume Guiart, les mareschaus, le connestable, La nacion refont bien ileuc leur devoir. De toutes parz, fièrent et frapent et martèlent, boucliers fendent et escartèlent (cf. poème en annexe). Consulter aussi La bataille de Mons-en-Pévèle, Gérard Hugot, 2003.
48 Le revenu des terres de Briouze de près de 340 livres, pourrait équivaloir aujourd’hui à un revenu annuel de quelques 94 000 € (la livre étant supposée contenir 5,5 gr. d’or). Foucault devait en reverser 200 livres au roi.
49 Ce Guillaume de Clisson était peut-être un fils d’Olivier II de Clisson époux vers 1260 d’une Bricquebec (cf. aussi
de Nantes et de Loire-Atlantique,1990). Les Clisson étaient une puissante famille bretonne apparentée aux Rohan, Craon etc….mais dont la généalogie reste encore incertaine.
50 Philippe Le Bel profitera du soulèvement de Lyon pour soumettre cette ville. L’armée royale où se trouvait Foucault était dirigée par le futur Louis X le Hutin alors âgé de 22 ans.
51 Une note anonyme décrit l’année 1314 comme celle qui vit s’éteindre à la fois le Pape Clément, le roi Philippe Le Bel, le maréchal du Merle et le chancelier de Marigny pendu à Paris (cf. Paul PJ-1, source A.D. Calvados, H 119, fol. 4 v°).
Parentés de Foucault du Merle
L’ascendance de Marie de Nollent décrite ici, quoique probable, reste à confirmer.
Postérité de Foucault du Merle
52 Les Mathefelon étaient alliés aux maisons de Dreux, la Rochefoucauld, Rochechouart, Craon, du Guesclin et apparentés aux comtes de Mayenne depuis le mariage vers 1189 de Thibault de Mathefelon avec Mathilde de Mayenne. Il y aura deux autres alliances Mathefelon / du Merle, respectivement entre Guillaume fils du maréchal et Jeanne de Mathefelon, et entre Fouques du Merle, seigneur de Couvrigny (mort en 1472) et Marie de Mathefelon.
Guy du Merle ( ?, 1285, sp), frère cadet du maréchal est évêque de Lisieux, évêché dont le titulaire est de droit seigneur temporel de la ville. Il y fait son entrée solennelle en 1267 accompagné de l’archevêque de Rouen. Réformateur loué comme trésor de science et de sagesse53, il participe à deux
conciles à Pont-Audemer en 1267 et 1279, dont le premier fait défense aux ecclésiastiques de commercer, et le second, plus célèbre, régente la discipline des maisons religieuses. Il est encore cité pour faire de pompeuses cérémonies54, ainsi en 1274 lors de l’intronisation de l’abbé de Saint-Evroult qu’il avait recommandé à Philippe-Le-Hardi, en 1277 lors de l’intronisation de l’abbé de Notre-Dame de
Bernay, en 1278 lors de la bénédiction du maître-autel de l’abbaye de Jumièges ou encore, en 1285, à l’occasion de l’inauguration de l’énorme cloche de la cathédrale de Lisieux.
Il sollicite le pape Martin V en octobre 1282 avec les autres prélats de la province ecclésiastique de Rouen, en faveur de la canonisation de Saint Louis.
Il aura été le bienfaiteur de plusieurs abbayes et d’une multitude d’œuvres.
Décédé au château des Loges, résidence des évêques de Lisieux, il sera enterré dans sa cathédrale sous le banc des choristes.
uillaume VII du Merle (~1275,†~1330), deuxième fils du maréchal, chevalier banneret, baron du Merle, de Messei et de Gorron, qualifié dans les actes de puissant Monseigneur, fait partie en mars 1319 des chevaliers convoqués par Robert d’Artois à Lisieux (voir annexe)
En décembre 1326 Charles IV Le Bel le désigne garde des ports et frontières de la baillie du Cotentin pour la guerre des Anglois où il seconde Jean de Mauquenchy pour la protection des côtes de Normandie de Honnefleu jusques au Mont Saint Michiel, et dispose de 35 chevaliers, 113 écuyers et 137 sergents55.
53 Cf. Histoire du pays d'Auge et des évêques comtes de Lisieux...,Richard Seguin, 1832.
54 Cf. Séance Générale, Société française pour la conservation des monuments historiques, Vol.26, Derache, 1860.
55 (cf. Essai de restitution des plus anciens mémoriaux de la Chambre des comptes de Paris, Joseph Petit, 1899). A noter que Jean de Mauquenchy était le père du futur maréchal de Blainville.
Prémices et guerre de cent ans (1337 à 1453)56
Au Service du Roy notre Seigneur pour résister aux Anglois
I- Branche des barons de Briouze
Jean I du Merle (~1310, †1360) dit Merlot, 3ème fils du maréchal, pupille de son oncle Guillaume VII du Merle, chevalier banneret, baron de Briouze, seigneur du Bellou etc., est mentionné en 1360 pour fortifier Briouze57. Voulant assujettir certains de ses vassaux à des corvées, il envoie des gens armés pour les contraindre mais sa troupe tombe dans une embuscade où plusieurs sont tués. Jean se rend pour se plaindre auprès du vicomte de Falaise représentant du roi, mais le ton monte et Jean qui s’entend reprocher de fortifier son château pour aider les Anglais, soufflète le vicomte. Informé de l’affaire, le roi ordonne des poursuites mais Jean meurt entre
temps.
Son épouse Jeanne de la Haye lui apporte Le Mesnil- Vicomte.
Leur petite fille Jeanne du Merle transmettra ce fief par mariage à Colin Le Vicomte58 qui en sera dépossédé par Henri VI d’Angleterre en 1425 pour cause de rébellion59.
Son fils Jean II du Merle (~1359, †1381, sp) baron de
Briouze, seigneur du Bellou etc. dit aussi Merlot, est cité en 1368 pour renforcer la motte close à eaux qui était en la ville de Briouze… pour les ennemis du Royaume, qui n’étoit lors en paix.
Jean III du Merle (1378?, †~1432, sp3), fils de Jean II du Merle, chevalier baron de Briouze60, seigneur du Bellou etc., passe sa minorité sous la garde royale jusqu’en 1415, de sorte que son père et son aïeul et lui auront été sous garde royale pendant 49 années, situation qui fait naître chez ses principaux vassaux l'idée de s'en soustraire pour ne relever que du Roi. Il s’en suit un long procès qui se conclut en 1410 par la confirmation des titres de Jean du Merle.
56 Voir plus bas la notice de Jeanne du Molay-Bacon qui fut une des causes involontaires d’invasions anglaises au début de la guerre de cent ans.
57 Cf. Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 1856, p85.
58 Colin le Vicomte avait pour mère Jossine d’Estouteville, petite fille du maréchal Jean IV de Mauquenchy dit Mouton de Blainville, fille d’Isabeau de Dampierre et sœur de deux évèques dont un pair de France, …
59 Un ordre anglais relatif à la femme Colin le Viconte, à présent rebelle et désobéissant au roi, cité par Dom Lenoir, ordonne au vicomte d’Orbec d’informer sur la valeur des terres et héritages qui furent à ladite femme (cf. Histoire de la Normandie, vol. 10).
60 Les actes de cette époque qui définissaient les obligations des usagers des bois de Briouze précisent que certains usagers devaient garder à leurs dépens le chastel de Briouze une journée par an, et que tel autre devait faire office de pendart (bourreau) pour le baron de toutes fois que le cas s'offre en ladite baronnie (cf. Annuaire des 5 départements de la Normandie, 1899). Autre exemple, cet acte de 1380 mentionne parmi toutes sortes de redevances des habitants de Briouze. 80 hommes qui sont tenus ouvrer chascun une journée de faussille à sier les blez du seigneur..
Jean est cité en septembre 1415 dans une montre à Rouen, accompagné d’onze écuyers de sa compagnie.
En octobre 1417, période de déroute pendant laquelle tombent jour après jour les villes et forteresses normandes face à l’armée d’Henri V d’Angleterre61, Jean est vraisemblablement ce Jehan du Merle seigneur de Champhault, capitaine du chastel et forteresse de Rugles qui capitule…
…en telle maniere que le dit cappitaine et toutz gentilz hommes et autres estans a present au dit chastel et demourans liens s’en yront leurs corps, leurs biens propres, chevaulx et harnois, et leurs valles et toutes leurs abillements de guerre franchement et quitment, sauf les arbalestes, qui demourront au chastel.
En 1419, Jean rend hommage à Henri V pour éviter la confiscation de ses terres, à l’instar de beaucoup de seigneurs normands62. Quelques années plus tard, il se rebelle avec son frère Guy curé de Champhaut. Les Anglais confisquent leurs biens en 1424 (voir l’acte en annexe). Guy est accusé d'entretenir des relations avec l'ennemi. Molesté, il doit fuir jusqu’à l’obtention de lettres de sûreté du célèbre Falstaff, alors gouverneur d’Alençon63.
L’épouse de Jean du Merle Alix fille de Robert VI seigneur d’O, lui apporte en dot diverses seigneuries dont le fief d’O entier. Devenue veuve, elle sera sommée en 1434 de rendre hommage au roi Henri VI d’Angleterre64.
Ysabelle du Merle, fille de Jean, épouse vers 1410 Jean Afour, un Anglais devenu selon certains, procureur général du duché d’Aquitaine, tout dévoué au roi d’Angleterre, mais qui saura retrouver grâce auprès de Charles VII. Ysabelle apporte en dot à son époux les terres de Bellou, de la Haye et Briouze, baronnie qui passera en 1587 aux d’Harcourt, puis aux d’Orglandes qui obtiendront de Louis XIV son érection en comté65.
Jeanne du Merle sœur d’isabelle, aurait épousé un comte d’Orfet (d’Orset? 66) décrit dans la généalogie sans plus d’informations, comme chancelier d’Angleterre.
Cette branche des barons de Briouze s’éteint quelques générations plus tard.
61 Quelques capitulations normandes d’octobre 1417 :
Le 7 octobre, Argentan se rend. Ses 3 chevaliers dont Henri de Bailleul l’évacuent avec 500 bourgeois, Le 9 octobre, la forteresse d’O capitule,
Le 10 octobre, Hiesmes se rend. Ses 3 chevaliers dont Nicolas Le Vicomte l’évacuent avec 400 personnes,
Le 16 octobre, Rugles capitule. Jean du Merle l’évacue. La population se soumet et rend ses armes. Les Anglais détruisent la forteresse.
Le 24 octobre, Alençon capitule. Ses 8 chevaliers dont Jean d’Aché, Jean Le Veneur et Jean de la Champagne l’évacuent avec 900 bourgeois.
62 La soumission des seigneurs Normands de 1419 eut lieu alors que le roi Charles VI était fou et que la France était partagée entre Henri V d’Angleterre et le duc de Bourgogne. Quelques années plus tard, se dérouleront les combats du Mont Saint Michel puis ceux de Jeanne d’Arc (cf. Annales militaires, politiques et religieuses de Caen et de la Basse- Normandie par Gervais de La Rue et Liste Personnages de Paul).
63 Cf Actes de la chancellerie d’Henri VI concernant la Normandie sous la domination anglaise (1422-1435), Le Cacheux.
64 Parentés d’O/Vendôme/du Merle : Par sa grand’mère Alix de Vendôme, Alix d’O, épouse de Jean du Merle baron de Messei décrit plus bas, était parente de Marguerite de Vendôme, Les deux familles se connaissaient déjà car près d’un demi-siècle auparavant, en 1376, Robert V d'O avait été témoin du mariage de Jean du Merle (cf. notes de Paul). Noter aussi qu’à cette époque, le nom du Merle se disait parfois du Marle.
65 A l’inverse de Jean du Merle dépossédé des châtel, baronnie et seigneurie de Briouze par le roi d’Angleterre jusqu’à sa soumission, sa fille Ysabelle épouse de Jean Affour sera dépossédée de Briouze en 1457 par le roi Charles VII au profit du Trésorier de France qui le revendra au grand sénéchal de Normandie qui le rendra à Aymon fils de Jean Affour en considération de sa mère Ysabelle (cf. Généalogie et Armorial général de la France, d'Hozier). Aymon se fera reconnaître comme baron de Briouze par Louis XI (cf. Société des antiquaires de Normandie 1856). A l’époque de sa mère, une quinzaine de petits fiefs nobles relèvent de Briouze et les revenus annuels de ses propres terres avoisinent 210 livres tournois.
66 Ce chancelier Dorfet ne pouvait être le chancelier d'Angleterre contemporain de Jeanne, car son lignage royal rend invraisemblable une telle alliance. Ce chancelier était Thomas Beaufort, lieutenant général de Normandie en 1416, époux de Margaret Neville.
II- Branche des barons de Messei
Foucault III du Merle dit Fouques (vers 1300?, †~135 ?), fils aîné de Guillaume VII du Merle, chevalier baron du Merle, Messei, Gacé et Gorron, capitaine de Falaise place alors considérable67, épouse Alix de la Ferté-Fresnel fille du maréchal68 sous l’autorité duquel son frère cadet Guillaume VIII combat les Anglais. Elle apporte en dot plusieurs baronnies dont Gacé et le fief d’Avrilly69 en partie.
En août 1350, Foucault fait partie de la trentaine de seigneurs normands convoqués en ban par le roi.
En août 1353, fait prisonnier dans le Poitou, il est retenu à Fougères avec deux de ses chevaliers et trois écuyers.
Le dernier baron du Merle-Raoul
Jean du Merle, (1343?, †~1371,sp), fils de Foucault III, chevalier, baron du Merle70 et de Gacé71, Médavy etc, d’abord sous garde royale72, pratique le métier de la guerre depuis l'âge de quinze ans sous les ordres de son oncle Guillaume VIII. En 1345, il est fait prisonnier par les Anglais alors qu’ils prennent d’assaut le Merlerault et en brûlent le château. Les moines de Saint-Evroult paient sa rançon de 1 100 francs d'or fin au coin du roi Jean le Bon en contrepartie d’une partie de la forêt de Saint-Evroult et des droits de forge associés73. En 1368, Jean épouse Mabire fille de Guillaume de Gauville commandant du comté d’Evreux
67 Le successeur de Foucault III du Merle à Falaise sera Olivier de Mauny grand chambellan de France.
68 Voir la notice sur les La Ferté-Fresnel chapitre V, Grandes parentés médiévales.
69 Le château fort d’Avrilly passait pour un des plus importants de la contrée avec sa largeur intérieure de 23 mètres sur 21, ses murs épais de 2 mètres, ses tours hautes de plus de 15 mètres et larges de 7 mètres, ses fossé de 10 mètres de profondeur (cf. Le fief d’Avrilly et ses seigneurs par L. Chanoine Davranches, Cagniard 1891).
70 Exemple typique de l’emboîtement des suzerainetés de l’époque, un acte mentionne qu’en 1392 le seigneur du Merle tient le Merlerault de Jacques de Harecourt, chevalier, et le dit monsieur Jacques le tient du conte de Harecourt, et le dit conte le tient du dit monseigneur comte d'Alençon.
71 La famille de Jean du Merle résidait vers 1374 dans le château de Gacé, un habitant de Falaise témoignant à l’époque que Catherine du Merle s’y trouvait avec la dame de La Champaigne, sa parente, et qu'alors elle pouvoit bien avoir 5 ou 6 ans. (cf. Dom LENOIR, Histoire de la Normandie, vol. 7).
72 Selon La Roque, les officiers du roi Jean qui assureraient la garde royale prélevaient leurs revenus sur les terres en la main de sa majesté.
73 Selon Mezidonhistoire, Jean du Merle aurait vu les Anglais brûler partiellement le bourg du Merlerault en 1345, y aurait été fait prisonnier et emmené au fort de Tiebeuf pour y rester jusqu’à ce que les moines de Saint-Evroult consentent à payer sa rançon. Le montant de sa rançon décrit plus haut est mentionné dans le
, 1945. On peut évaluer la valeur de cette rançon de nos jours à quelques 300 000 € (avec l’hypothèse d’un gr. d’or fin valant quelques 50€ et d’un franc-or (ou livre) pesant 5,5 gr. d’or), ce qui permet d’apprécier l’énormité de la rançon de son beau-père Guillaume de Gauville. A ce propos, la juriste Suzanne Bastid estime qu’à l’époque l’objectif de la plupart des combattants est de faire prisonnier les chevalier susceptible de payer une forte rançon… le butin appartient à celui qui l’a pris… La justice royale considère que les accords relatifs à la rançon relèvent du droit privé (cf. Le droit de la guerre dans des documents judiciaires français du XIVe siècle).
hostile au roi Charles V, qui sera fait prisonnier en 1364 à la bataille de Cocherel contre le roi de France74 et devra acquitter une rançon de 10 000 francs-or.
Agnès du Merle fille de Jean, dame de la Ferté-Fresnel, du Merlerault, de Gacé, d’Avrilly en partie, etc, épouse vers 1385 son cousin Jean de la Champagne seigneur d’Appeville qui fera partie des 119 chevaliers défenseurs du Mont Saint Michel en 1423.
Elle hérite des biens importants de ses grands-parents qui formaient la branche aînée des la Ferté- Fresnel, et des biens ceux de ses deux sœurs, Catherine76 et Jeanne du Merle, qui avaient épousé leurs cousins Jean du Merle sire de Gorron et Guillaume son frère, pour maintenir leurs domaines dans la famille mais n’avaient pu en obtenir de postérité mâle.
Succession d’Agnès du Merle
Elle comptera parmi ses filles :
Jeanne de la Champagne qui épousera Nicolas Paynel baron de Hambie et de Bricquebec, chef d’une des premières familles de Normandie, fondatrice de l'abbaye de Hambie en 1015, qui sera vraisemblablement tué en 1415 à Azincourt. Leur fille Jeanne, dame de Gacé, décrite comme une des riches héritières de son époque, épousera Louis d’Estouteville77 gouverneur de Normandie en 1425, qui deviendra grand sénéchal et grand bouteiller de France en 1443 et sera l’aïeul de François de Bourbon oncle d'Antoine roi de Navarre qui héritera ainsi du Merle-Raoul et de Gacé.
Agnès de la Champagne qui épousera Roger de Hellenvilliers alors veuf de Marguerite de Dreux fille du souverain maître d’hôtel de France. Agnès lui apportera en dot les terres de La Ferté-Fresnel qu’Henri VI d’Angleterre confisquera au profit de Thomas de Montagu comte de Salisbury par suite de la rébellion de Roger de Hellenvilliers.
La descendance d’Agnès du Merle comportera des familles illustres parmi lesquelles les Grimaldi78.
Jeanne du Merle sœur d’Agnès, épousera Guillaume de la Champagne, l'un des sept chevaliers français de la maison de Louis d’Orléans qui combattirent sept chevaliers anglais à Montendre en
74 Guillaume de Gauville, beau-père de Jean du Merle avait conquis Evreux contre le roi Jean Le Bon en 1357. Amnistié par Charles V en 1360, il servira à nouveau le roi de Navarre à la bataille de Cocherel face à du Guesclin où il sera fait prisonnier. Par la suite, prenant à nouveau le parti de Charles Le Mauvais, il se fera confisquer ses biens par Charles VI.
75 Voir le fac-simile de la montre de Jean du Merle dans l’annexe La chevalerie normande au 14ème siècle. Noter qu’un autre Jean de Merle non identifié est cité pour faire part en octobre 1347 au roi Edouard VII d’Angleterre, de la prise de Charles de Blois, et pour en avoir été récompensé.
76 Catherine du Merle était née dans le fort de Chailloué près de Sées (cf. Preuves généalogiques et historiques de la maison de Harcourt, Dom Le Noir, 1907).
77 Louis d’Estouteville77 commandera le Mont-Saint-Michel lors de son siège de 1423 (voir plus bas). Son frère était cardinal. Sa famille, des plus illustres, s’éteindra au milieu du XVIème siècle avec la duchesse de Longueville. Le roi d’Angleterre lui confisquera Gacé et le Melle Raoul en août 1434. Les du Merle avaient été proches de cette famille par les belles-mères d’Estouteville de Guillaume IX du Merle et de Jeanne du Merle. Ils leur rendront hommage pour les terres du Boisbarbot.
78 La descendance Grimaldi d’Agnès du Merle passe par François puis Marie et Léonor de Bourbon, Charles et Antoinette de Gondi (fondatrice des Filles du Calvaire), Éléonore d’Orléans et enfin Charles de Goyon-Matignon qui reprit le nom Grimaldi sur ordre du roi pour épouser la dernière Grimaldi (source Guy du Merle).
1402, en un tournoi terrible à la lance et à la hache79 où ils remportèrent une victoire que célébrera Christine de Pisan dans trois de ses ballades. Guillaume de la Champagne n’était alors qu’un damoiseau âgé de seize ans.
uillaume VIII du Merle ( ?,†1371), 2ème fils de Guillaume VII, chevalier banneret, baron de Messei80 et Gorron, seigneur du Boisbarbot, Couvrigny81 etc., un des plus vaillants capitaines du dauphin Charles82, sera grand bailli d’épée83 de la ville de Caen et capitaine général en Normandie en remplacement de du Guesclin84.
En 1353, il fait partie des proches de Charles-le- Mauvais, roi de Navarre, lors de sa violente querelle avec le connétable de France Charles d’Espagne qui finira assassiné au début 135485.
En 1356, Guillaume participe à la poursuite, dans le Cotentin, de Geoffroy d'Harcourt le Boiteux, allié des Anglais qui trouvera la mort lors d’une bataille livrée en novembre86.
En 1357, il figure parmi les principaux seigneurs qui accompagnent Charles-le-Mauvais lors de son entrée triomphale à Paris en pleine agitation révolutionnaire
87.
En juin 1358, il accompagne ce prince à la bataille de Mello contre les jacques88.
79 Cf. Le rôle armorié du combat de Montendre, Jean-Bernard de Vaivre in Journal des savants, 1973.
80 Voir plus haut la notice sur le château de Messei.
81 La terre de Couvrigny était revenue dans la famille en 1366 après son acquisition par Guillaume VIII du Merle. Un acte de 1585 mentionnera sa vente par Jacques du Merle à un La Moricière.
82 Cf. Nouvelle histoire de Normandie, André La Fresnaye et Benoît de Sainte-More, et Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne 1903.
83 Selon l’historien Lavisse, un capitaine général […] Guillaume du Merle par exemple, a tout pouvoir de garder et gouverner le pays, de mander et assembler tous les nobles et autres gens d'armes, arbalétriers et archers de la région et de requérir les gens des bonnes villes et autres. La fonction de grand bailli d’épée donnait en outre à Guillaume tout pouvoir de justice.
84 Cf. Histoire générale ecclésiastique et civile du diocèse de Sées ..., Vol 2 de L.P. Hommey et Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies… Vol 10 de La Chesnaye.
85 *** Charles-le-Mauvais ***
Roi de Navarre, petit-fils de Philippe-Le-Bel, prétendant au trône de France, chef de la famille d'Évreux appuyé par les seigneurs normands, homme cynique et dangereux, il joua un double jeu avec le dauphin, les Anglais et Étienne Marcel (voir note plus bas), pour se retourner ensuite contre les Jacques quand la révolte parisienne tourna court.
Guillaume VIII du Merle était probablement présent lors de la querelle de 1353 devant le roi Jean à Paris, au cours de laquelle Philippe de Navarre frère de Charles-Le-Mauvais, tenta vainement de poignarder le connétable d’Espagne, autre prétendant au trône. A la suite de cette querelle, Charles-le-Mauvais accompagné de Philippe de Navarre, des seigneurs d'Harcourt, du comte de Namur, de Mgr de la Ferté, de Mgr Guillaume du Melle et d’une quantité d'autres chevaliers, regagnèrent la Normandie où Philippe de Navarre put faire assassiner le connétable à L’Aigle (cf. Paul PJ-1 Chronique des quatre premiers Valois 1327-1393). Guillaume du Merle n’est pas cité dans les participants..
86 Voir au chapitre V la notice sur les Bricquebec, qui résume la vie de Geoffroy d’Harcourt et explique comment
Jeanne Bacon fut la cause involontaire de la trahison de Geoffroy en 1343.
87 Alors que le dauphin se débat au milieu de l’agitation révolutionnaire parisienne, Charles le Mauvais fait une entrée solennelle en 1357 à Paris moult grandement accompagnié de nobles hommes comme mgr de Coussi, mgr l'eritier de Harecourt, mgr de Piquegny, mgr Amaury de Meullent, mgr du Melle, [suit une dizaine d’autres noms] et moult d'autres nobles hommes (cf. Chronique des quatre premiers Valois. Il harangue les foules, fait vider les prisons et exerce sur le dauphin un chantage continuel par l’intermédiaire de ses lieutenants puis d’Étienne Marcel lui-même.
88 La grande jacquerie, soulèvement campagnard accompagné d’affreuses cruautés contre les nobles, se produisit en mai 1358 parallèlement au soulèvement parisien d’Etienne Marcel. La présence de monseigneur Guillaume du Melle à la bataille de Mello contre les jacques est relatée dans la Chronique des 4 premiers Valois qui le cite dans la liste des seigneurs de premier plan avec moult d'autres, tant qu'ilz estoient bien mille hommes d'armes,… lesquelz de grant
La même année, le dauphin Charles le nomme capitaine des chastel, ville et vicomté89 de Caen sur demande des bourgeois de la ville à cause de sa valeur et de son attachement au souverain légitime. Le 19 septembre 1359 - trois ans après la défaite de Poitiers - Guillaume reçoit des bourgeois de Caen une aide de deux cents écus pour payer sa rançon aux Anglais90.
En 1360, il fait collecter par cette ville une rançon en faveur du roi Jean le Bon maintenu prisonnier depuis la bataille de Poitiers.
En mai, le roi le nomme capitaine général Bailli de Caen et du Cotentin avec mission de s'opposer aux gens qui pillent dérobent et détruisent la région.
En mars 1361, il fait partie des chefs normands91 qui obtiennent des Anglais l’évacuation contre 20 000 écus d'or, de Domfront, Messei, Condé-sur-Sarthe et d’autres lieux toujours occupés malgré le traité de Brétigny, tout en s’engageant à se constituer otages en garantie du paiement.
Guillaume expulse l’ennemi encore présent dans les places fortes92, puis participe aux combats de du Guesclin qu’il remplace dans le Bessin en 1363. Il remplace encore le connétable Moreau de Fiennes en échec devant la forteresse de La Vignée et la conquiert puis fait raser le fort de Quiéteville pour éviter sa prise par les Anglais présents à Livarot. De retour à Messei, il ordonne abusivement aux habitants d’en réparer la forteresse au prétexte que l’ennemi pourrait l’occuper. Les habitants le poursuivent en justice. Il en emprisonne quelques-uns pendant parfois plusieurs mois et en fait saisir les biens malgré l’opposition du bailli. Ce conflit se conclura en 1380 par un compromis édicté par le parlement de Caen93.
En 1364, Guillaume fait affecter sur ordre du dauphin les aides de Caen et du Cotentin à la poursuite des combats contre les Anglais et à la délivrance du roi Jean le Bon à nouveau prisonnier94. Il reprend les combats, bat les Anglais en mai sous les murs du Merlerault, puis à Ecausseville95 à la veille de la bataille de Cocherel livrée par du Guesclin : Heureuse inauguration du règne de Charles V qui connut la victoire de Cocherel la veille de son sacre…. et put même apprendre… celle de Guillaume de Merle96.
le 24 mai 1364, il assiège avec les sires de Tournebu et de La Ferté, la forteresse de Silly-en- Gouffern à l’aide de deux engins du chastel de Faloise, les manteaulx, pavois et grand fouison de traits.
En octobre 1364, il seconde à nouveau du Guesclin97 dans la guerre faite aux grandes compagnies qui dévastent la province. Selon Froissart, il fait supplicier les chevaliers devenus des brigands et
visaige et maniere se tenoient en ordonnance et cornoient et businoient et haultement cryoient Mont Joye, et portoient moult d'enseingnes paintes à fleur de liz. La répression fera 20 000 victimes.
89 Cf. Annales militaires, politiques et religieuses de la ville de Caen et de la Basse-Normandie. Guillaume avait
permission d’avoir 40 archers pour sa garde à Caen.
90 Cette rançon conduit à envisager l’hypothèse d’une présence de Guillaume à la bataille de Poitiers, d’autant que les chroniques de Froissart (vol.1) y mentionnent la présence de plusieurs du Merle : Une partie de la noblesse des comtés d'Alençon & du Perche périt dans cette fatale journée [de Poitiers], entre autres, les seigneurs du Merle. Guillaume se trouvera peu après aux côtés de Robert de Clermont dans le Cotentin :
Furent en frontière messire Robert de Clermont…Mgr Robert, Mgr le Baudrain de La Heuze et Mgr du Melle
… [ils] entrèrent en clos de Costentin et poursuivirent les Navarroi (cf. Chronique des 4 premiers Valois).
Noter que le montant de la rançon de Guillaume pourrait être estimé à quelques 40 000 € sur la base d’un écu contenant de 4,08 à 4,13 gr. d’or fin et d’un gr. d’or fin approchant 50€.
91 Les négociateurs normands étaient Pierre de Tournebu, Jacques de La Caudroye, Guillaume du Melle, Jean de La Ferrière, Guillaume de La Palu, Guillaume de La Burnache, le bailli d’Alençon et deux écuyers.
92 Jean le Bon regagnera la France après la signature honteuse du traité de Brétigny (8 mai 1360) par lequel il cédait un tiers du pays à Édouard III. Ce traité mentionnait la baronnie de Messei (cf. aussi l’Annuaire des cinq départements de l'ancienne Normandie. Association normande de Caen, 1908).
93 Se reporter à la notice précédente sur le château de Messei.
94 Jean le Bon était revenu à Londres en 1364 pour s’y constituer prisonnier, considérant que son honneur était engagé par la fuite son fils Louis d'Anjou qui aurait dû rester en otage à Calais. Jean le Bon mourut à Londres peu après.
95 Guillaume du Merle assembla bien deux cens combatans à Ecausseville, passa en Constentin, et chevaucha et dommaga la terre du roi de Navarre. Et lors plusieurs Englois s'assemblèrent bien douze vins combatans, et vindrent encontrer Guillaume du Merle… et fut la besoingne grande et dure... Mais en la fin les Navarrois furent desconfiz, et bien de huit vins à deux cens combatans mors (cf. Annuaire du Département de la Manche, 1895).
96 Cf. Revue catholique d'histoire, d'archéologie et littérature de Normand .
97 Les campagnes de du Guesclin en Bretagne et de Guillaume du Merle en Normandie durèrent trois ans (Chroniques Normandes du XIV siècle). Guillaume reprit plusieurs châteaux dont celui du Merlerault (Chronique des Valois) et la forteresse d’Echauffour avec le renfort de du Guesclin comme le relate cette chronique : vers le milieu de 1364 le Sire
fait pendre ou noyer ses prisonniers pour cause, qu’ils étaient excommuniés du Saint Père pour la male guerre qu’ils faisaient et n’avaient point de titre de seigneur, faisant ainsi noyer jusqu’à 180 Anglais le même jour.
Au début 1365, Guillaume accompagné de 80 soldats, de concert avec Olivier de Mauny chambellan du roi accompagné de 60 soldats, s'empare du fort de la Ramée utilisé par les Anglais pour piller la région. A pié...fut la besongne à merveille combattue... plus de la moitié des Engloiz mors en la place98. En mars Guillaume assiste comme témoin à la signature du traité d’Avignon entre les rois de France et de Navarre.
A partir de mai 1366, le roi lui ordonne par pitié et compassion, de rétablir la paix à Caen et à Saint- Lô, puis de réapprovisionner la dizaine de forteresses des diocèses d’Evreux, Lisieux, Séez, Bayeux, Coustances et Avranches. Guillaume participe notamment au siège de la citadelle de Homme au cours duquel les nobles Normans, c'est assavoir monseigneur de La Ferté, monseigneur du Melle, monseigneur de Tournebust… font crier l'assault. Guillaume y fait découper tous les Anglais99 et peut rétablir l’ordre dans le Cotentin.
En 1367, le roi lui mande d’assembler tout ce qu'il pourra de gens d’armes et archers pour la delivrance de nostre très cher seigneur et père, que Dieux absoille, comme pour la provision et deffense de nostre royaume, et de visiter toutes les places fortes de Normandie au-delà de la Seine, pour en destituer les commandants n’ayant pas prêté pas serment et faire raser les places fortes non tenables100. Guillaume convoque la noblesse du grand Baillage et du Cotentin puis fait raser en 1368 tous les forts de la vicomté de Falaise. Il ordonne en juillet d’abandonner les églises et couvents insuffisamment fortifiés. En août, ne disposant pas de troupes suffisantes pour reprendre Vire pillée par les Grandes Compagnies, il participe101 à un traité de rachat de cette ville que le roi ratifiera le 3 septembre à Paris102. Pour l’anecdote, une chronique le décrit alors chevauchant près de Vire avec Robert d'Alençon, comte du Perche et Louis de Sancerre, maréchal de France pour atteindre un prieuré que monseigneur Robert Sercot, cappitaine d'aucuns Angloiz des compengnes, enforçoit, et là fut prins et mis à mort.
En juillet 1368, Guillaume gagne la Roche-sur-Yon pour en lever le siège mais tombe prisonnier dans une embuscade. Les bourgeois de Caen payent sa rançon peu après.
En novembre, il reçoit du trésorier du roi cinq cens francs d'or pour récompense de garde du chasteau d'Exmes durant un an entier.
En 1369, il participe au bref siège de Saint-Sauveur-Le-Vicomte en compagnie du connétable de Clisson et de trois maréchaux103. En avril, le roi Charles V donne instruction à son trésorier de compter Guillaume parmi la quinzaine de personnages retenus pour nous servir en nos présentes guerres. Le 10, le roi lui demande de secourir le roi de Navarre contre les Bretons conduits par Alain de La Houssaye. En septembre, il le convoque encore avec 200 hommes d’armes, pour servir aux présentes guerres.
de la Ferté, Maréchal de Normandie, accompagné du Sire de Tournebut et de Guillaume du Merle, vinrent mettre le siège devant Échauffour. Bertrand du Guesclin, accourant de Valognes, vint leur prêter main forte. Après un siège de 42 jours, la forteresse se rendit, ceulx de dedans s'en alèrent, sauves leurs vie et biens. La chronique des quatre premiers Valois précise que Monseigneur du Merle Guillaume qui moult était sage homme d'armes fit et establit une myne et fit venir mineurs du païs de La Ferté et de L'Aigle (région alors riche en mines métallurgiques appelées ferrières). Lors commencèrent fort à miner. Les Anglais …firent contreminer. Et advint aussi que les deux mynes s'encontrèrent. Les Anglais et les Normans eurent bien souvent de dures batailles et donc par le conseil du dit Monseigneur du Merle on refit une contre myne. Alors… Cestui Anglais …leur rendit le fort d'Échauffour. Les machines du siège avaient lancé 2960 pierres durant le siège d’Echauffour.
98 Cf. Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-Le-Vicomte.
99 Les occupants anglais de la forteresse d’Homme s’étaient rendus aux Navarrais alliés de Guillaume du Merle qui les fit néanmoins massacrer car il n’avait pas donné son accord à leur reddition (cf. Histoire de... St Sauveur-le-Vicomte Léopold Delisle. Cf. aussi Henry de THIÉVILLE Capitaine français du château de Saint-Lô en 1360 de D. Barbier).
100 Cf. Nouveaux essais historiques sur la ville de Caen... de Gervais de La Rue.
101 Le maréchal Mouton de Blainville et Guillaume du Merle avaient mandaté en septembre 1368 un commissaire pour négocier l’évacuation de Vire avec les capitaines des Grandes Compagnies Le rachat de la ville fut conclu par un conseil qui comptait Guillaume du Merle commandant de la province, le souverain maistre d’hôtel de Charles V et le trésorier de France.
102 Cf. Ernest de Fréville : Des grandes compagnies au quatorzième siècle. Bibl. école des chartes.
103 Ces trois maréchaux étaient Mouton de Blainville, de Sancerre et de la Ferté-Fresnel. En septembre 1369, Mouton de Blainville et Guillaume recevront du trésorier royal les soldes de leurs 300 hommes et 200 hommes respectifs.
Le 1er août 1370, Guillaume réside dans l’importante forteresse d’Exmes dont il est capitaine104. Il est cité peu après à une montre à Caen, où il est suivi d’une escorte de 13 chevaliers, 61 écuyers et 14 archers.
uillaume IX du Merle (13 ??,1387) baron de Messei et Gorron, seigneur du Boisbarbot, Couvrigny etc. participe probablement au siège de Cormeilles conduit par Charles V en 1362. En 1374, le roi le nomme capitaine des ville et château de Falaise où il est cité en mai 1375 pour accueillir d’une bonne venaison et garder durant un
mois, deux otages originaires de cette ville, objets de négociation entre l’amiral Jean de Vienne et les Anglais.
Guillaume épouse Jeanne du Molay-Bacon, lointaine cousine de la fameuse Jeanne du Molay- Bacon cause involontaire des invasions anglaises évoquée plus bas.
Les du Merle actuels descendent de son dernier fils, Pierre
Son fils Jean du Merle (1346 105,†1404?, sp), chevalier banneret, baron de Messei et de Gorron106, seigneur de Ronfeugeray, Eschallou, Dampierre, Saint-Vallery etc, participe avec son père au siège du fort de Cormeilles en 1362, au cours duquel il est adoubé chevalier à 16 ans.
En septembre 1370, il participe comme chevalier bachelier à une montre à Caen107. Il est cité en 1375 aux sièges de Cognac et de Saint Sauveur Le Vicomte108.
En 1382 il accompagne Philippe d’Harcourt pendant les guerres de Flandre conduites par le roi Charles VI âgé alors de 14 ans.
De mars à février 1383, il participe à l’ost de Bourgbourg conduit par le roi109 alencontre des Anglois au pays de Flandres.
En mars 1383, il apparaît dans une montre à Luy escorté de 4 chevaliers et de 20 écuyers de sa compagnie.
En 1384, il remplace son père comme gouverneur de Falaise.
En 1386, il est cité dans une quittance à propos d’un projet de descente en Angleterre.
Sa première épouse Catherine du Merle était la sœur ainée d’Agnès. Il se remariera vers 1401 avec Marguerite de Vendôme110, descendante des anciens comtes de Vendôme, qui se remaria à son tour en 1404 avec un d’Estouteville.
104 Il fait installer des vitraux dans la chapelle et la grande salle d’Exmes (cf. Quittance de maître Johan Paris, Nortier, BN).
105 La date de naissance de Jean du Merle provient d’un acte la chambre des comptes de Paris de 1382, mentionnant Monsgr Jean du Merle, chlr, sire de Goran, âgé de 36 ans… fut avec Monsgr Guillaume du Merle, chlr, sire de Messey, son père au siège de Cormeilles.
106 Le château de Gorron, entré dans la famille vers 1380 est décrit comme une forteresse qui défendait le cours de la Colmont et la frontière du Maine et devait son importance à sa situation sur les dernières assises granitiques du Massif Armoricain, au carrefour des marches de la Bretagne et de la Normandie (cf. La fabuleuse histoire du château de Gorron de Gérard Leconte, 2009).
107 Les chevaliers bacheliers cités à cette montre, portent les noms normands habituels : La Haye, d’Harcourt, Fontenay...
108 Cf. Paul PJ-1.
109 Froissart précise dans le vol. 20 des chroniques que Jean du Merle prit part en 1383 à l’ost de Bourbourg qui permit à Charles VI, sans verser du sang, de voir les Anglais se retirer impuissants devant son armée formidable, qualificatif surprenant si l’on se réfère à cette description d’un troupe royale forte de 16 chevaliers, 131 écuyers et leurs gens d'armes, ou au document PJ-1 de Paul qui ne mentionne à Bourgbourg qu’une quarantaine de chevaliers normands.
110Les Vendôme comportaient alors des branches proches des Bourbons. Marguerite était probablement fille de Robert
de Vendôme vidame de Chartres et cousine de Catherine de Vendôme, héritière des comtes de Vendôme qui épousa Jean
Les derniers barons de Messei 111
Guillaume du Merle ( ?, †1411, sp), fils cadet de Guillaume IX, chevalier banneret, seigneur de Ronfeugeray etc., deviendra après la mort de son frère Jean, baron de Messei et de Gorron, capitaine de la ville et du château de Falaise112. Ses châteaux de Messei et Gorron quitteront la famille vers 1402 à l’occasion du mariage de sa fille Catherine du Merle avec Henri de Bailleul, personnage dont la grant et ancienne lignyée ne l’empêchera pas de rendre hommage vers 1424 au roi Henry VI d’Angleterre.
Son fils Foucault dit Fouques113 ( ?, ?, sp), sera capitaine d’Argentan.
de Bourbon comte de la Marche (cf. généalogie, Histoire de la Maison d’Harcourt de La Roque et la note sur les
Parentés d’O/Vendôme/du Merle plus haut).
111 La baronnie de Messei aboutira après une vente puis diverses successions, au ministre Louvois puis au duc d’Harcourt qui en fera un marquisat. Il reste à élucider qui était ce Jean du Merle seigneur de Messei, mentionné dans acte de 1435 comme étant sous tutelle de Guillaume et Fouques de Bailleul (cf. A.D. Calvados : Duché d’Harcourt. Inventaire des titres de Messey, fol. 213).
112 La Fresnaye cite les personnes considérables gouverneurs ou capitaines de Falaise; Onfroy le Danois comte d'Hyêmes du temps des ducs, Jean Martel en 1389; Guillaume du Merle en 1413. Les Anglais y mettront Talbot en 1417 (cf. Nouvelle histoire de Normandie…).
113 Il s’agit probablement de ce Foucault du Merle cité comme capitaine d’Argentan au commencement du 15ème siècle
dans l’Essai sur l’histoire et les antiquités d’Argentan de L.J Chrétien.
III- Branches du Boisbarbot puis du Blancbuisson
(la nôtre)
ierre du Merle (~1350?, †~1421), dernier fils de Guillaume IX, seigneur de Couvrigny, du Boisbarbot etc. est mentionné en septembre 1415 à une montre à Rouen, accompagné d’un chevalier et de quinze écuyers. Il se déclare alors au service du Roy notre Seigneur en ces présentes guerres… pour résister aux Anglois et combat ceux-ci avec sa compagnie sous l'autorité du duc d'Alençon114. Il sera probablement tué à la défense de Rouen lors de la prise de cette ville prise par Henry V d'Angleterre en janvier 1419 à l’issue d’un long siège.
Sièges du Mont Saint-Michel
ean du Merle dit Jeannin ( ?, †1427 ?), fils de Pierre, seigneur de Couvrigny, du Boisbarbot etc, cité le 1er septembre 1420 à une revue du comte d’Aumale à Sablé, figure cette même année parmi les principaux défenseurs de la seconde enceinte du Mont115, seul lieu de Normandie qui résiste à l’occupant depuis la chute de Rouen en 1419. Jean est mentionné en 1424 à des revues du comte d’Aumale à Tours puis au Mans. Le roi d’Angleterre confisquera ses terres en 1427 au profit d’un écuyer anglais.
Son frère Fouques du Merle (1379? ,†1430, sp), seigneur de Pirou, Boisbreton, Marcilly etc. chambellan du comte d’Alençon, est l'un des 119 gentilshommes normands immortalisés pour avoir défendu si bien le Mont Saint-Michel l’an mil quatre cent vingt-trois que les Anglois ne purent le prendre bien qu’ils s’y étaient présentés à plus de 20 000 avec une formidable artillerie116.
114 La montre de Pierre du Merle de 1415 se situe un peu avant le désastre d’Azincourt où se trouva un comte de Merle, responsable de la 3ème ligne des français, sans doute de la famille de Merle limousine.
115 Les défenseurs de la seconde enceinte étaient le comte d'Aumale, Louis de Tournebu, Jean du Merle et Jean des Wys.
116
*** Les 119 chevaliers du Mont ***
Ces chevaliers - dont Fouques du Merle - s’étaient jetés en 1423 dans le Mont avec leur chef Louis d'Estouteville et son épouse Jeanne Paynel, pour y renforcer les 300 défenseurs. Ils donneront aux Anglais une sanglante leçon en en mettant 2000 hors de combat lors d’une sortie au cri de Saint-Michel, alors que les Anglais avaient ouvert une brèche avec leurs canons. Leur liste, gravée sur des plaques de marbre posées au-dessous du maître-autel, sera aussi dressée dès l'an 1427 en un grand tableau où Fouques du Merle figure sous le nom de sire de Pirou. On y trouve aussi les noms normands habituels tels que Paynel, La Haye, La Champagne, Tounebu, Fontenay, Le Gris etc. Parmi les armes peintes dans la chapelle de l'abbaye sur ordre de Charles VII, se trouve un blason du Merle (représenté plus haut) différent de celui décrit par La Roque dans ses Mémoires lus à l'Académie de Caen. La Revue de l'Avranchin cite encore au Mont en
Fin du Moyen-âge à nos jours
ouques du Merle dit Fouquet (1435, †~1472), fils de Jeannin, chevalier, seigneur de Couvrigny, du Boisbarbot, Lambroise, Saint Sulpice sur Loir etc… sera en 1470 l’unique représentant de la maison du Merle117. Quatre de ses dix enfants entameront en 1473 de grands procès de succession.
La parenté proche de Fouquet :
La descendance de Jean II du Merle fils aîné de Fouques (ci-dessus), qui comporte la branche des seigneurs de Préaux , n’est pas décrite dans ce document.
ean du Merle dit le Jeune118 (1431, †1505), deuxième fils de Fouques, seigneur du Boisbarbot, Ecorches et autres lieux, capitaine d’Argentan en succession de son père, épouse en 1474 Marie Le Comte de Nonant qui apporte en dot le manoir noble du
Blancbuisson119. Ils en entreprennent la restauration vers 1500 dans le goût de la Renaissance.
1424 un Foulques du Merle non identifié archer à cheval. A cette époque, le Mont commandé par Nicolas Paynel, résistait au siège de la flotte anglaise.
Louis XI créera en 1469 l'ordre de Saint-Michel en souvenir de ces défenses du Mont et des combats de Jeanne d’Arc qui suivirent, faits qui eurent en commun d’avoir été placés sous la protection de l’archange.
On notera à propos de la seigneurie de Marcilly de Fouques, la coïncidence de son nom avec celui de la seconde épouse possible du maréchal en 1276, Alix de Marcilly, ainsi qu’avec le village de Marcilly-En-Beauce où un Foucault du Merle non identifié déclarera des vassaux en 1360.
117 Fouques du Merle avait épousé en 1450 Marie de Mathefelon dame de St Sulpice sur Loire etc.., dont la mère
Marie Le Veneur était de la famille des Le Veneur comtes de Carrouges qui donnera au 16ème siècle un cardinal, puis
un duc de Lorraine fils d’une Le Veneur.
118 Le petit-fils de Jean II du Merle (frère aîné de Jean Le Jeune), François du Merle, vendra en 1521 Saint Sulpice sur le Loir et Lambroise à René de Cossé-Brissac pour acquitter les dettes contractées par son père à l’occasion du grand procès et pour payer la dot de ses sœurs. François avait épousé Prégente de Maillé fille d’Hardouyn de Maillé et d’Ambroyse de Melun. Son frère Guillaume avait épousé Josse du Molay-Bacon (cf. Père Anselme).
119 Le château du Blancbuisson était resté à l’abandon pendant plus d’un siècle après les ravages causés par les troupes
de Philippe VI de Valois contre le roi de Navarre père de Charles-Le-Mauvais et contre son connétable Collinet Lecomte, aïeul de l’épouse de Jean du Merle. Philippe Seydoux décrit le château comme un des derniers vestiges de
Le Blancbuisson (vendu en 1801)
Jean sera l’objet pendant trente ans de procès de succession intentés par ses quatre frères. A la fin de sa vie, il fera des legs pieux à trente églises et confréries.
acques I du Merle (1509, †1569), petit-fils de Jean le Jeune, chevalier, seigneur du Blancbuisson, du Boisbarbot etc., parfois dénommé Capitaine Blancbuisson, y-compris par le roi. En 1554, il est lieutenant en la capitainerie des ville et château d'Evreux. En 1555, le roi le nomme capitaine du ban et de l’arrière-ban du bailliage d'Evreux qui comptent 64 gentilshommes. A titre d’exemples de ses interventions, les suivantes furent effectuées entre l’invasion espagnole depuis les Pays-Bas en 1558 et l’année 1562 120 :
En 1558, le roi Henri II lui ordonne de constituer une compagnie de 400 hommes au sein de la Légion de Normandie121 sous l’autorité du duc de Guise alors lieutenant général du royaume. Jacques la renforcera peu après de 100 arquebusiers.
En 1562, alors que se déclenchent les guerres de religion et que les protestants dirigés par Coligny pillent la région avec l’appui des Anglais, le duc de Guise envoie Jacques à Rouen, alors deuxième ville du pays, pour en assurer la garde et la sûreté au nom du roi.
En mai 1562, le duc l’envoie à Dieppe puis le nomme commandant de la ville d'Evreux pour le service du roi le bien, le repos et la tranquilité de ses sujets.
En octobre, le duc le nomme gouverneur d’Harfleur avec mission de bloquer les Anglais présents au Havre et d’appeler en cas de besoin le maréchal de Montmorency qui assiège Rouen occupée par les protestants122. En novembre, le roi Charles IX ordonne à Jacques de
rassembler le plus grand nombre possible de bandes françaises pour empêcher les Anglais présents au Havre de s’étendre dans le pays.
l’architecture civile et militaire de l’après Moyen Age dans le Pays d’Ouche et l’un des plus significatifs avec son pont levis intérieur, ses nombreuses meurtrières, l’ouverture pour déverser de la poix ou de l'huile bouillante. Il est au centre du roman de La Varende La Sorcière dont un extrait figure en annexe. Noter que les photos du Blancbuisson présentée ici sont la propriété du site http://www.blancbuisson.com/
120 Ces interventions de Jacques sont décrites dans la généalogie et les archives de Paul, notamment le dossier PJ-2.
121 Chaque province mettait en place une légion similaire à la légion de Normandie, chacune d’environ 6 000 hommes
protégés de corselets garnis de deux avant-bras, menottes et gorgerins.
122 Le duc de Guise écrit à Jacques lors du siège de Rouen : Nous espérons qu'après la prise de cette ville, nous prendrons le chemin de votre costé. (cf. arch. de Paul PJ-2). En octobre, Rouen sera conquise par le duc dont les troupes tueront indistinctement catholiques et protestants (cf. Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Derache 1856).
Jacques aura servi Catherine de Médicis, Henri II, François II, Charles IX et le duc de Guise, qui le féliciteront tous pour ses services123.
Ses filles Anne et Marthe prennent le voile à Saint Sauveur d'Évreux dont l’abbesse sera un temps Madeleine d'Estouteville.
Son fils, acques II du Merle (~1523, †~1600), seigneur du Blancbuisson, du Boisbarbot, baron de Bellou etc., chevalier de l'ordre du Roi, qualifié de haut et puissant seigneur, gentilhomme ordinaire de la chambre, épouse Françoise le Grix, dame de l’Avrigny en Laonnois, fille de Pierre le Grix marquis de Montreuil124.
Le 14 juin 1570, l’assemblée des chevaliers de l'ordre de Saint
Michel décerne à Jacques le collier, sur ordre du roi Charles IX en considération de ses vaillances, vertus et mérites125.
En 1571 il est enseigne de cinquante hommes d’armes des ordonnances du roi.
Le 12 juillet 1572, il est condamné à la décapitation avec son beau-frère Félix Le Grix et deux autres gentilshommes, pour meurtre d’honnestes personnes126. Il continue cependant à recevoir les instructions des princes et sa condamnation sera finalement annulée en 1583.
En 1575, Jacques reçoit autorité sur les compagnies transitant dans la région de Montreuil où il intervient à diverses reprises. L’année suivante, il est convoqué à Alençon par le roi Henri IV
123 Parmi les compliments reçus par Jacques, celui-ci du duc de Guise qui lui écrit : J'ai fait voir au roi le contenu en la lettre que m'avez écritte du ler de ce mois et vous advise qu'il s'est bien fort contenté d'entendre la diligence dont vous usez à l'assemblée de la bende de légionnaires dont vous [avez] la charge…
La reine elle-même lui fait porter en 1562 le message suivant par l’intermédiaire de son fils Jacques : je vous renvoie votre fils, présent porteur, qui vous dira combien le roi, monsieur mon fils, et moi avons agréable l’exécution de la chose dont il nous a parlé de votre part.
124 *** Les Le Grix ***
C’était une puissante famille dotée de nombreux fiefs dont les baronnies d’Echauffour, Ponthébert, Villemeux, Tournebu… L’aïeul de Françoise, Charles Le Grix, chambellan du comte d’Alençon, accusé par un seigneur de Carrouges d'avoir abusé de sa femme, avait été tué lors du duel décidé comme jugement de Dieu par le roi Charles VI. Félix Le Grix baron d’Echauffour, beau-frère de Jacques II du Merle, ligueur, assiégé à plusieurs reprises dans son château d’Echauffour, finit par se soumettre au roi. Sa fille Adrienne transmet vers 1589 ses biens considérables dont Echauffour à son mari Gaspar Ier Erard marquis de Montreuil (cf. plus bas la notice d’Esther du Merle), à qui elle exige en retour que leurs enfants joignissent son nom à celui du père (cf. Dict. généal., héraldique, historique et chrono, Duchesne, 1761). Gaspar Erard sera décapité pour brigandages. Selon certains, Adrienne sera détenue dans son château d’Echauffour puis à Evreux pour crimes faussement imputés, abandonnée de tous sauf de Jean IV du Merle qui avait embrassé sa deffence, nourriture et entretenue a la prison, paié tous les fraictz du procez.
Une belle-sœur de Jacques II du Merle, Louise Le Grix épousera un Loys de Proisy (cf. arch. de Paul Jean24). Une autre belle-sœur, Adrienne Le Grix, épousera Jacques de Renty, de l'illustre maison de Croy, gouverneur de La Fère. Faute de postérité, elle léguera ses biens dont l’Avrigny vers 1578 à sa sœur Françoise épouse de Jacques II du Merle (cf. arch Paul Jacques23).
125 Les impératifs des guerres de religion avaient conduit en 1560 le roi à abandonner au profit de nombreux courtisans la limite de 36 membres l’Ordre de Saint-Michel édictée par Louis XI lors de la création de l’ordre (voir plus haut). L’Ordre, qui accueillera Montaigne un an après l’intronisation de Jacques du Merle (1571), finira par comporter tant de récipiendaires qu’Henri III créera en 1578 l’Ordre du Saint-Esprit limité à 100 membres. L’ordre de Saint-Michel subsistera comme second ordre du royaume.
126 Suite à leur altercation avec trois gentilshommes suivies de meurtres et de pillage, Jacques du Merle, Félix Le Grix, le sieur de La Rivière et deux sieurs de Bonnenfant seront condamnés en 1572 par la grande prévôté de Paris à être décapités et un de leurs valets à être étranglé. Jacques sera emprisonné à Laon. Sa sentence sera réexaminée sur ordre du roi Henri III en septembre 1583, puis annulée faute de preuves et remplacée en 1588 par une amende de 400 écus (cf. arch. de Paul Jacques23). Une sentence du parlement datée de mai 1595, dont les raisons restent à identifier, remettra aussi en liberté l’épouse de Jacques.
comme lieutenant de cinquante lances avecques le plus grand nombre de voz amis et autant de soldats qu'en pourrez trouver.
Devenu capitaine, il assure nombre d’interventions, telles que les suivantes ordonnées par Henri IV entre 1589 (début de la reconquête du royaume) et 1593 :
fin 1589, monter à cheval avec tout ce qu'il peut de sa compagnie et de ses bons amis pour assister Charles de Bourbon à Châteauneuf,
l’année suivante, se rendre avec 200 chevau-légers au siège de Lisieux tombée aux mains des ligueurs et veiller à ce que les châteaux de ceux du parti de ses ennemis fussent ruinés 127, puis en octobre, se rendre à Gisors pour affronter l'armée du prince de Parme,
l’année suivante, se rendre en renfort au camp du Roi à Chartres puis en octobre à celui de Dreux d’où Charles de Bourbon le prie de le rejoindre en ces termes :
Je désire extrêmement que nous y donnions le coup d'épée ensemble si vous l'avés agréable128,
en 1593, se rendre à Dreux incontinent avec sa compagnie et tout ce qu'il pourra assembler de ses amys.
Le duc de Montpensier le mande également129, notamment en 1591 pour secourir Honfleur assiégée, puis Vernon puis Evreux, puis en 1592 pour le rejoindre à Lisieux …
…pour m'accompager a la bataille que le roy m'a adverty se devoir donner dans deux ou trois jours… vous seriez mary d'y avoir manqué.
En décembre, c’est le maréchal de Fervaques qui le convoque.
En 1593, Jacques reçoit le commandement des vicomtés de Conches et de Breteuil.en l’absence du duc de Montpensier, puis de Lisieux en l’absence du maréchal de Fervaques qui donne à cette occasion au fils de Jacques le commandement d’une
compagnie de chevau-légers pour l’emmener combattre au siège de Laon (voir plus bas).
La dernière intervention connue de Jacques a lieu en juin 1597 sur demande du duc de Montpensier, pour mettre un terme aux allées et venues des gens de guerre et d’appeller avec lui la noblesse, mander aux paroisses de mettre en armes au son du tocxin à fin de courir sus aux dits gens de guerres et les tailler en pièces, prendre prisonniers et en faire faire exemplaire punition.
Jacques aura porté les armes 40 ans au service de Charles IX, Henri III, Henri IV et du duc de Montpensier, qui le féliciteront pour ses services.
Jacques du Merle ( ?, †1597, sp), seigneur du Boisbarbot etc., commande la compagnie de 200 chevau-légers du maréchal de Fervaques avec laquelle il participe en 1594 au siège de Laon, ville passée à la ligue, dont la garnison espagnole capitulera en juillet devant Henri IV. Son jeune frère Jean lui sert de cornette et sera tué en 1597 au siège de la Fère conduit par Henri IV. Cette place forte proche de Laon était aussi occupée par les espagnols.
127 La compagnie des chevau-légers faisait partie de la Maison du roi conjointement aux gardes du corps et aux gendarmes de la garde. Cette troupe d’élite réservée à des nobles redoutée sur tous les champs de bataille était beaucoup plus manœuvrière que les régiments ordinaires, s’en distinguant également par le choix de l’arme blanche, l’adoption d’une allure élevée et la recherche du choc. Le roi Louis XIV en fit l’instrument privilégié de sa gloire.
128 Cf. archives de Paul.
129 Le duc de Montpensier avait menacé en 1590 de déclarer roturiers les nobles qui ne se rendraient pas immédiatement à Lisieux. Les gentilshommes de Normandie s’en plaignirent dans une lettre signée par une vingtaine d’entre eux, dont un du Merle, un d’Argouges… (original en possession du comte de Houdetot, cf. Paul).
ean IV du Merle (1569,†1648) dit Monsieur de l’Avrigny, autre fils de Jacques Ier, qualifié de haut et puissant seigneur, seigneur du Blanc-buisson130, du Boisbarbot, de l’Avrigny etc. devient baron d'Orbec par sa femme Louise d'Orbec131,
petite-fille de Jean de l’Hospital, comte de Choisy, gouverneur du duc d’Alençon et d’Éléonore Stuart.
En 1589, Jean intervient sur instructions du Roi et du duc de Montpensier à l'occasion des combats menés en Normandie contre les ligueurs et les
espagnols.
En 1591, Jean et son cousin
Gauville attaquent et tuent sous le commandement de Montpensier, leur propre cousin Tanneguy Le Grix baron d’Echauffour, chef de ligueurs coupable de nombreux méfaits qui avait porté les armes contre le roi132.
En 1593, Jean reçoit temporairement le commandement de la ville de Lisieux.
130 Jean IV du Merle possédait une quinzaine de seigneuries ainsi que de grands moulins mentionnés en 1622 dans un acte des Eaux et Forêts l’autorisant à couper seize chênes dans les forestz de la verderye du roy pour financer l’entretien de ses maisons et de ses trois moulins en grande ruine (cf. arch. Paul Jean24).
131 Louise d'Orbec, qualifiée de haute et puissante dame, avait épousé Jean du Merle avec le consentement de son oncle Jacques de l'Hôpital, chambellan du roi. Sa mère Catherine de l’Hôpital, dame d’honneur de la reine mère, se remariera avec René de Laval Montmorency. Sa sœur cadette Esther de Bouquetot, cohéritière d’Orbec et du château de Bienfaite (propriété de nos actuels cousins Noinville), épouse d’un calviniste ardent, aura pour gendres Gabriel de Lorges comte de Montgomery et Philippe de Chaumont-Quitry maréchal de camp dont la fille Esther épousera Jean du Merle seigneur d’Auval. Le long procès de succession entre les branches issues de Louise et d’Esther d’Orbec est décrit ci-après. Un tableau détaillé des parentés des familles d’Orbec/du Merle/Chaumont Quitry est décrit plus loin.
*** Orbec et les du Merle ***
Orbec, petite cité médiévale devenue vicomté et promue en 1583 au rang de bailliage, juridiction noble avec ressort sur Lisieux et Bernay, attira les lettrés et les nobles qui construisirent d'imposants hôtels particuliers et participeront au renouveau religieux de la Contre-Réforme avec le rétablissement de l'Hôtel-Dieu Saint-Rémy et les fondations d'un prieuré de Chanoinesses de Saint-Augustin en 1632 et d'un couvent de Capucins en 1644.
Les deux héritières de la baronnie d’Orbec, Louise et Esther d’Orbec, avaient convenu d’un partage équitable de la vicomté. Le lot choisi par l’ainée Louise (épouse de Jean du Merle) comportait une petite partie de la ville avec le fief du Plessis. Ce lot était le plus lucratif grâce à ses moulins. Cependant, les Chaumont-Quitry et les La Haye, héritiers d’Esther, prétextant qu’ils étaient seigneurs de la partie la plus importante d’Orbec, revendiquèrent le titre de baron d’Orbec et tentèrent d’en priver les du Merle. Leur prétention sera d’abord satisfaite par un acte de justice de 1630 (suivi en 1636 des voies de fait décrites plus bas) puis rejetée en 1650 au motif que l’advantage de l’aisnée (Louise d’Orbec) est si inviolable qu’elle n’y peut pas renoncer (cf. Écrit d’inventaire présenté à la chambre de l’édit du parlement de Paris, arc. Paul Jean25). C’est ainsi qu’en 1652, les actes officiels qualifient toujours Charles du Merle de baron du Plessis d’Orbec ou encore qu’en 1660, Benjamin du Merle est encore qualifié de baron d’Orbec. Cependant, la justice conclura que le titre de baron et les honneurs de l'église reviendraient désormais au roi. Les du Merle se contenteront dès lors du titre de baron d’Orbec en parties,
On peut noter qu’une alliance du Merle/d’Orbec avait déjà eu lieu en 1527. Pour l’anecdote, les du Merle réclamaient dans leurs fiefs d’Orbec un droit de faîtage pour chaque nouvelle maison construite (cf. …Gazette des gazettes ou journal politique pour l’année 1765, A. Bouillon).
132 Jean du Merle sera acquitté par Henri IV du meurtre de Tanneguy Le Grix au motif que la mort dudict feu sieur baron de Chaufour nous avons declaré estre un acte d'hostilité et dont nous voulons et entendons que la mémoire en soit esteincte. Ce Tanneguy était le fils de Félix Le Grix, propre oncle de Jean. Voir aussi l’étude du Général de Lesquen, les archives de Raoul et la note précédente sur les Le Grix.
En janvier 1597, il est cité dans la douzaine de compagnons qui entourent le duc de Montpensier alors gouverneur de Normandie, lors d’une importante expédition contre les ligueurs : Avec vous tous, aurait dit le duc, j’attaquerais l’enfer fut-il plein de cinquante mille diables133.
En 1601, Jean participe au siège de Laon et s’installe dans sa seigneurie de l’Avrigny voisine pour y rester une quinzaine d’années à la tête d’une compagnie de chevau-légers et d’hommes d'armes. Il est cité en 1622 à la tête de la compagnie de gardes du maréchal d'Estrées et de 100 hommes d'armes à Crépy-en-Laonnois et à Laon en 1628.
Il retourne par la suite en Normandie où l’évêque d’Évreux l’autorise en 1634 à faire célébrer la messe dans la chapelle du Blancbuisson hormis aux principales fêtes.
En 1635, Jean est cité à Evreux en équipage de 32 chevaux, puis à L’Aigle accompagné de 100 gendarmes du maréchal d'Estrées.
A cette époque, le partage d’Orbec entre les familles du Merle et de Bouquetot puis de Chaumont-Quitry, huguenots convertis, héritiers d’Esther sœur de Louise d'Orbec, provoque des conflits pour le titre de baron d’Orbec et les honneurs de l'église, au point qu’en 1636, le seigneur de Bouquetot accompagné de gentilshommes et de 40 hommes armés de carabines, pistolets, mousquets, piques et hallebardes, s'empare à cinq heures du matin de l'église, y fait casser ou effacer tous les monuments et souvenirs de la maison du Merle et recouvrir les murs d’armoiries d’Esther d’Orbec. Jean du Merle âgé de 75 ans, résidait alors au Blancbuisson.
Un long procès s’en suivra, qui sera poursuivi par Jean V du Merle
mais son mariage avec une roturière provoquera bien d’autres procès avec les siens décrits ci-après.
Jean du Merle aura reçu nombre de lettres des rois Henri IV, de Louis XIII, de princes et de maréchaux et d’ordres de marches, contremarches et d’autres services.
Parentés des familles d’Orbec - du Merle – Chaumont Quitry134
133 Le duc de Montpensier cite sa douzaine de compagnons un peu délabrés d’hommes dans une lettre que publiera le Mercure de France en 1788 : Nos compagnons seront Les Glapions, Tournebuts, d’Hacher, Deshoulles, Glkatigni, La Lande, du Hommet, Le Toureux, Bracourt, Chambry & du Merle.
134 Se référer à la note précédente Orbec et les du Merle, qui relate les procès entre Chaumont-Quitry et du Merle à propos de la succession d’Orbec. Voir aussi la notice de Charles du Merle à propos de ses poursuites contre Guy de Chaumont-Quitry, grand-maître de la garde-robe.
Le dernier baron d’Orbec
Jean V du Merle (1603, †1651), fils de Jean IV, baron d'Orbec et du Plessis, seigneur du Boisbarbot etc. sert avec son frère en 1636 dans la troupe des gentilshommes volontaires de Normandie dirigée par le comte de Soissons. Il y dispose de fort bons équipages d'armes et de chevaux. En 1639, il sert à l'armée de Picardie sous les ordres du maréchal de Châtillon et demeure à l’Avrigny jusqu’à son mariage en 1643 avec une roturière, Françoise Régnier célébré malgré l’interdiction de son père qui le déshérite alors au profit de son frère puiné Charles, ce qui provoquera soixante-dix années de conflits entre les frères puis avec leurs successeurs135.
Lors du décès de Jean, le roi Louis XIV confie la garde royale de ses enfants mineurs à leur oncle le maréchal de l'Hôpital qui transmet cette garde un mois plus tard à Françoise Régnier au motif que son fils aîné Benjamin venait d’atteindre sa majorité.
Les du Merle actuels descendent de son frère Charles décrit plus bas
Son frère Jacques du Merle, tonsuré à 11 ans, qualifié de noble et discrette personne, deviendra prieur de Saint-André à La Marche, puis chanoine de la cathédrale Notre-Dame de Laon. En 1648, il est docteur en théologie à la Sorbonne.
Sa sœur Esther du Merle épouse en 1628 son cousin Gaspard
II Erard-Le Grix 136 haut et puissant seigneur baron de Montreuil et d’Echauffour dont le père Gaspard 1er Erard, auteur de nombreux brigandages dans la région, avait été décapité pour avoir tué en duel en 1604 son cousin et voisin Jean Le Conte de Nonant.
135 Françoise Régnier, fille d’un modeste vigneron, avait eu cinq enfants naturels de Jean. Leur mariage prononcé en 1643 pour légitimer ces enfants provoque l’exhérédation de Jean par son père mondit filz ne pouvant plus maintenir l’honneur de ma maison. Cependant, à la veille de la mort de son père, Jean le visite son père qui luy pardonne de bon coeur selon Dieu comme il avoit fait et rédige devant témoins l’annulation de l’exhérédation mais sans la dater ce qui la rendra invalide légalement et sera à l’origine des actions en justice ultérieures et des coups de force entre héritiers. Ainsi, Jean s’emparera des principaux titres de la maison d’Orbec au Blancbuisson avant que Charles n’occupe le manoir, Charles subtilisera un accord conclu entre les trois frères, Benjamin fera menacer Charles par des hommes de main, Françoise Régnier poursuivra son beau-père puis ses beaux-frères pour spoliation d’héritage. etc…(voir encore les notices de Charles et Benjamin, plus bas). Ces procès produiront une telle infinité d’écrits et de sentences, dont certaines du chancelier Séguier, qu’une tradition non prouvée voudra que Racine s’en soit inspiré dans les deux vers des Plaideurs cités en annexe.
136 La famille Erard était issue d’un chef danois rallié vers 985 au duc Richard 1er de Normandie. Ses descendants Etienne et Thomas Erard commandaient la fameuse Blanche-Nef lorsque ce navire coula en 1120 avec 140 hauts barons à son bord. Leur descendant Gaspard II Erard, mari d’Esther du Merle, s’appliquera à relever ce qui était possible de la forteresse d'Echauffour et recevra de Louis XIV en 1648 le titre de marquis pour ses services rendus et en considération de ses aïeux barons pendant six cents ans de ces villes assez considérables qu’avaient été Montreuil et Echauffour (cf. Nobiliaire de France). Cet acte autorisera Gaspard à s’appeler Erard-Le Grix en souvenir de sa mère Adrienne Le Grix (voir note précédente sur les Le Grix). Noter enfin que les prénoms des deux sœurs, Esther du Merle et Louise du Merle, sont parfois confondus dans les chroniques.
Benjamin du Merle (1636, †1722,sp2), fils aîné de Jean V et de Françoise Régnier, se disant chevalier de Blancbuisson, né à l’Avrigny avant que dont son père n’en ait été déshérité, page de la chambre du Roi puis chevalier seigneur du Boisbarbot, Beauvilliers etc., gagne vers 1687 son procès de succession contre son oncle Charles du Merle (plus bas) dont il obtient un dédommagement de 120 000 livres.
Il perd en 1660 le procès engagé contre les Chaumont Quitry en réclamation des dettes qu’ils devaient à son père137.
En mai 1671, il est attaqué par un individu armé de pistolets criant Tue ! tue ! accompagné d’un valet armé d’un mousqueton. Il pare les coups en cabrant son cheval138.
En 1672, il intervient auprès du bailli avec ses frères Jean et Eléonor pour faire maintenir leur sœur Louise au couvent en raison de sa mauvaise conduite.
Il fondera avec son fils Pierre du Merle le couvent des Capucins d'Orbec.
Son frère Jean du Merle (vers 1644139,?, sp3), seigneur d’Auval, dit lui-aussi chevalier de Blancbuisson, participe comme chevalier de Saint Jean de Jérusalem à plusieurs campagnes sur les galères de l’Ordre, dont l’expédition de Crète140 à la suite du chevalier d'Harcourt. Il épouse en 1673 sa cousine Esther, fille d'Henri de Chaumont-Quitry, maréchal de camp huguenot141.
Sa fille Marie-Louise du Merle sera demoiselle puis religieuse dans la maison royale de Saint Cyr.
Le dernier seigneur du Boisbarbot
Léonor-Jean du Merle (vers 1670?,?, sp) fils de Jean ci-dessus, seigneur d’Auval, sert pendant trente années dans les armées navales. Enseigne de vaisseau dans une compagnie franche, il aurait participé à la découverte du Mississipi en 1699 sous les ordres du capitaine de vaisseau d’Iberville. En 1701, il est de l'escadre du maréchal de Chateaurenaud lors de la prise des galions espagnols à la Veracruz, puis devant Vigo où l’escadre espagnole est brûlée. En 1704, étant capitaine des grenadiers, il est blessé à la bataille navale de Malaga142contre les flottes anglaise et hollandaise. En
137 Benjamin réclama 200 000 livres aux Chaumont Quitry pour leur ancienne créance due à son père, mais ce fut en vain car les titres avaient disparu du Blancbuisson. Voir aussi ses autres procès dans les notices de Françoise Régnier et Charles du Merle,.
138 L’agresseur de Benjamin était un ancien condamné à mort pour assassinat (cf. Mandement de l’official de Chartres du 29 mai 1671, archive de Paul Jean25).
139 Selon Anselme de Sainte-Marie, Jean du Merle avait été baptisé à Paris le 5 juillet 1644 à Saint Nicolas des Champs.
140 Candie - l’actuelle Héraklion (Crète) - fut assiégée en 1667 par 64 galères turques qui transportaient 40 000 hommes.
Malgré l’afflux de renforts en provenance de toute l’Europe, Candie sera perdue en 1669. Les sources turques font état de plus de 137 000 turcs tués (cf. Siège-de-Candie).
141Le père d’Esther de Chaumont-Quitry fils d’Esther d’Orbec sœur de Louise d’Orbec (cf. Jean IV du Merle), huguenot, ne voulait pas que sa fille épouse un catholique. Pour épouser Jean du Merle, elle se fit accueillir par l’abbaye de Saint Sauveur d'Evreux et abjura sa religion. Un cartulaire de l’abbaye de Saint Martin rapporte que Jean l’avait enlevée nuitamment de sa maison paternelle.
142 La bataille de Malaga fut une des plus rudes batailles des guerres maritimes de Louis XIV. Les Français y tirèrent 102 886 coups de canons.
1711, il aurait été de l'escadre de Duguay-Trouin lors du siège de Rio-de-Janeiro143 où il aurait servi d'otage pendant les six semaines que durèrent les négociations pour la capitulation de cette ville. Il sera nommé chevalier de l'ordre de Saint Louis en 1727.
Branche du Blancbuisson aboutissant aux du Merle actuels
harles du Merle (1604, †<=1688), frère de Jean V du Merle, chevalier, seigneur du Blancbuisson, de l’Avrigny, du Plessis, Saint Germain La Campagne, propriétaire des moulins banaux d’Orbec, du Pré etc., dit Mr de Boisbarbot,144.
En 1639, il est présent dans l'armée du duc de Mercoeur dont il est gentilhomme ordinaire.
En 1643, son père le déclare principal héritier après avoir déshérité son frère aîné Jean, ce qui conduit Charles à occuper le Blancbuisson puis à reprendre en 1646 la charge de son père de capitaine-lieutenant de la compagnie de gendarmes du maréchal d'Estrées.
Ces mainmises engagent Charles dans d’interminables procès qu’il remporte d’abord contre son cousin Chaumont-Quitry grand-maître de la garde-robe145, pour les perdre ensuite contre les enfants de son frère Jean146. Un arrêt du parlement de Paris de 1660 l’oblige ainsi à dédommager son neveu Benjamin de 120 000 livres, ce qu’il fera en 1687.
Charles est reçu en 1665 comme gentilhomme ordinaire de la Chambre de Louis XIV en récompense de son courage et de ses services.
Parmi ses six enfants, Louis-César sera chevalier de Malte, Marguerite et Louise seront religieuses. François-Annibal est décrit plus bas,
143 La présence de Léonor-Jean au Brésil est mentionnée par le Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne 1894 qui précise qu’il était avec Duguay-Trouin dans les eaux du Brésil et contribuait à la prise de Rio-Janeiro. Noter que les navires français pratiquaient à cette époque la traite des noirs avec le Brésil.
144 Cf. Les Cahiers des Archives départementales du Calvados - n° 7 – 1996.
145 Charles avait établi que les preuves des dettes de Guy de Chaumont-Quitry non réglées à son père avaient disparu du Blancbuisson. Un jugement de 1663 contraindra Guy de Chaumont-Quitry, à l’indemniser.
146 Les premiers procès entre Charles (frère cadet de Jean V) et son neveu Benjamin (fils de Jean V) ont été relatés plus haut dans la notice de Françoise Régnier. Vers 1660 Benjamin accusera en justice Charles d’avoir accaparé le Blancbuisson depuis la mort de son père (Jean V), trahissant ainsi sa promesse de le rendre dans les quinze jours à son aîné Jean. En réponse, Charles appuyé par de nombreux de témoins, accusera Benjamin de l’avoir menacé au Blancbuisson avec des hommes armés, un témoin affirmant que Benjamin avait tiré en l’air, un autre témoin affirmant qu’il avait reçu un coup de bâton avec ces paroles: Porte cela a ton mestre etc. (cf. dossier de Paul Procès et PJ-2). Néanmoins Charles perdit ces procès (cf. archives de Paul Charles25, Jean25, procès. Voir aussi plus haut).
Le dernier seigneur de l’Avrigny
Son fils aîné François-Annibal du Merle (1648,†1722) dit Mr de l’Avrigny, chevalier, seigneur du Blancbuisson, du Plessis, du Prey etc. et de
l’Avrigny en Picardie147 etc.… est page de le petite écurie148 en 1665.
En 1672, il est mousquetaire et participe au passage du Rhin pendant la campagne de Hollande.
Il poursuit les travaux d’embellissement du château de L’Avrigny où apparaissent en divers endroits en 1677 les armes du Merle datées de cette année.
En 1687, il est poursuivi par le Grand couvent
des carmélites de Paris qui réclame le paiement des seize années passées par sa fille Marguerite. Sa veuve transigera en 1700 pour un montant de trois mille livres.
En 1690, il est présent à la bataille de Fleurus comme aide de camp du lieutenant-général de Fourille qui y est blessé. Le cheval de François-Annibal tombe blessé également.
François-Annibal est cité avec le titre de marquis en 1696149.
Vers 1704, il est poursuivi par l’abbaye de Signy, ancienne propriétaire des terres de l’Avrigny, qui veut l’obliger à revendre ses biens en s’appuyant sur une décision royale donnant pouvoir aux abbayes de racheter leurs anciennes terres. Elle en profite pour revendiquer le paiement de la valeur de 63 840 grands arbres que luy ou ses auteurs n’ont point laissés. François-Annibal la poursuit à son tour pour fraude, dol & violence et lui réclame le remboursement des améliorations apportées à l’Avrigny, ce que validera un arrêt de 1715 qui conduira l’abbé de Signy à hypothéquer ses biens. L’abbaye poursuivra cependant ses procès contre les descendants de François-Annibal qui finiront par renoncer à cette succession grevée de dettes. L’abbé d’Harcourt, abbé de Signy, sera néanmoins condamné en 1732 à leur régler près de 150 000 livres d’indemnités150. Ces procédures qui dureront près de trente années, se concluront par une adjudication de l’Avrigny par le Parlement de Paris
La première des trois épouses de François-Annibal lui donnera huit enfants151 parmi lesquels deux seront religieuses à Laon et trois chevaliers de Malte.
147 Le manoir de L’Avrigny
Lavergny (ou l’Avrigny) se trouvait à Parfondru à 10 km au S/E de Laon. Ce manoir construit par Jacques de Renty, gouverneur de la Fère, époux d’Adrienne Le Grix (voir plus haut), revint aux du Merle en 1569. Un inventaire de 1704 constitué par François-Annibal du Merle en réponse aux poursuites de l'abbaye de Signy précise que les Renty puis les du Merle y firent defricher, restablir, cultiver,…construire et entretenir en bon estat un tres beau chasteau et toutes ses dependances, colombier, granges, bergeries, jardins, espalliers, bois de decorations… arbres fruitiers en grande quantité que le sieur de Blanbuisson a fait aporter de sa terre de Blanbuisson, avenuës d'arbres d'une grande beauté…pour rendre cete terre parfaite en beauté et d'un revenu consierable, ils investirent des sommes immenses, des peines et des soins extraordinaires. Ce château était décrit par le Dict.historique de l’Aisne de M. Melleville comme comptant 60 mètres de large dont 30 mètres de façade et deux ailes de 15 mètres chacune (dimensions nettement supérieures à celles présentées dans la photo ci-dessus).
148 Selon le Nobiliaire universel de France de Saint-Allais, la condition pour être page du roi à la Petite ou à la Grande Ecurie était de faire preuve de noblesse jusqu‘à 1550 sans aucun anoblissement. Une dizaine de pages étaient ainsi nommés à la Petite Ecurie chaque année. Leurs noms sont cités encore dans Les pages des écuries du Roi… d’Aviau de Ternay, 2007.
149 Cf. Laon promontoire sacré de Suzanne Martinet, chapître La villa de Lavergny.
150 l’abbé d’Harcourt fut condamné en 1732 à payer cette somme à Pierre du Merle pour le capital et les intérêts de l’Avrigny. (cf. arch Paul Claude25, 1576).
151 La première des épouses de François-Annibal, Michelle, fille du maréchal de camp d’Abancourt, morte à 37 ans au château de L’Avrigny, avait pour beau-frère un lieutenant général gouverneur de Maubeuge qui habitait le château de Proisy (cf. Monographie historique du VERGUIER, M. de Sare).
Un écrit de 1702 dépeint François-Annibal comme gentilhomme qualifié, d'une tres antienne maison, allant droit, qui n'a nulle connessance des affaire, particularité durablement familiale...
ierre du Merle (1651, †1720152), frère de François-Annibal, seigneur du Blancbuisson, du Plessis, Saint Germain La Campagne, du Pré, du Coudray etc, épouse en 1688 Gabrielle de Nocé fille d’un des roués153 du régent. Nommé en 1680 par Louvois capitaine en chef au Régiment de Champagne, Pierre sera en 1682 inspecteur des troupes de la ville et de la citadelle de Verdun.
Un du Merle vers 1670154 ------
Ses frères Louis-César (1650, †av.1696, p) et Théodore-Louis (1698,1718, sp) sont chevaliers dans l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem. Théodore-Louis décédera à Malte où il était parti monter une galère
Leur sœur Marguerite du Merle, prieure du grand couvent des carmélites de Paris. Elle entre chez les carmélites avec toute la violence que la nature peut faire souffrir à une personne jeune, d’un esprit vif et qui n’aimait que le plaisir155. En 1669, elle y succéde comme prieure à la duchesse d'Epernon Selon Victor Cousin, la tendresse pleine de respect avec laquelle elle se voyait aimer ne la consolait point de se voir privée de la dernière place qu'elle avait toujours désirée.
Leur autre sœur Louise du Merle est religieuse au Sauvoir à Laon.
Charles du Merle, (1689,†1739), fils ainé de François-Annibal, chevalier, seigneur de Blancbuisson etc. sert onze ans dans les dragons du régiment de Rohan en qualité de cornette puis de lieutenant. Contraint de faire face jusqu’en 1730 aux poursuites des religieux de Signy relatives à l’Avrigny, il part s’installer au Blancbuisson.
Parmi ses 9 enfants, Marie-Marguerite et probablement Marie-Henriette seront pensionnaires dès leur enfance à la maison royale de Saint-Cyr.
Noter que François-Annibal est curieusement dénommé Alexandre marquis de Blancbuisson dans le Dict. géog., histo. et polit. des Gaules et de la France, JJ Expilly, 1766.
152 La tombe de Pierre du Merle située au centre de l'église d'Orbec, mentionne : ICI REPOSE Messire Pierre du Merle Ecuyer, Seigneur de St Germain de la Campagne et d'Orbec en partie Décédé le 6 novembre 1720.
153 Claude de Nocé beau-père de Pierre du Merle et gendre de Madame de la Sablière, ancien sous-gouverneur de SAR le duc d’Orléans, futur régent, en était un des plus fameux roués. La duchesse d’Orléans s’en plaignait amèrement dans sa correspondance. Le romancier Paul Féval en fera un des personnages du Bossu. Un mot cruel qu’il prononça sur le cardinal Dubois provoquera son exil jusqu’à la mort du cardinal. Son contrat de mariage, signé le 17 juin 1671 avait été signé par Catherine de Bretagne, François de Limoges-Rochechouart, Nicolas de La Moignon etc. (cf. archive de Paul).
154 Ce courtisan, probablement un des du Merle âgés d’environ 20 ans vers 1670, peut être Pierre, Jean ou François- Annibal du Merle (Louis-César étant alors membre de l’ordre de St Jean de Jérusalem).
155 L’ouvrage de Victor Cousin, Madame de Longueville: étude sur les femmes illustres et la société du XVIIe siècle, 1855 nomme parmi les héritières devenues carmélites : la duchesse de Lavallière (1674), deux Bellefonds petites-filles de Fouquet, Mlles de Ségur, de Maulevrier, de Boufflers, de la Rochefoucauld…Mlle du Merle de Blanc-Buisson… La prieure Anne-Thérèse de Mauleuvrier qui succéda à Marguerite dira d’elle qu’elle avait des parents fort distingués dans la province et qu’elle possédait toutes les qualités du corps et de l’esprit qui pouvaient la rendre agréable au monde. Marguerite avait succédé comme prieure à la duchesse d’Épernon dont la conduite édifiante avait converti le duc son père par (cf. La Revue des deux Mondes 1852). - Marguerite du Merle connut sans doute la duchesse de Lavallière.
Son frère Jean-François du Merle, (1692,†1772, sp), dit chevalier de Blancbuisson, chevalier profès156 de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, est cité comme commandeur de Balizy et du grand Déluge où il demeure en 1739, puis de Maupas, de Soissons et de Saint Marc d’Orléans en 1762157.
Charles-Gabriel (1731,1798 ?) dit l’Aîné, troisième fils de François-Annibal, baron, seigneur du Blancbuisson, Saint Pierre du Mesnil etc.158, est contraint d’émigrer à la suite du coup d’état des Directeurs le 18 fructidor An V (septembre 1797159. Il meurt à Bâle l’année suivante160.
Le dernier seigneur du Blancbuisson
Son fils Charles-Annibal du Merle (1763,†1830, sp2), seigneur du Blancbuisson, premier page de la Grande Ecurie puis capitaine au régiment de dragons de Boufflers, puis de Lorraine161, noté en 1787 comme très bon sujet mais encore jeune, puis comme très bon officier. Gratifié des honneurs de la cour en 1789 en tant que baron, il émigre, devient colonel de cavalerie en 1792, sert à l’état- major de l’armée des princes162 puis en 1795, à celui de l’armée de Monsieur. En 1796, il est nommé chevalier de Saint Louis. En 1801, il vend le Blancbuisson en accord avec sa sœur Marie-Louise de Saint Aignan copropriétaire du château et s’installe au château de la Trabouillère163 à Thévray dans l’Eure, où naissent ses deux enfants Louise et Henri.
Maire du village, il est cité avec le titre de comte. Il est promu chevalier de Saint-Louis en 1819 puis chevalier de la légion d’honneur en 1821.
Son fils Henri (décrit plus bas), jésuite, transmettra en 1836 le château de La Trabouillère à son beau-frère Armand de Mauduit avant de se dévouer au service des malades
156 Cf. arch. Paul François-Annibal.
157 La langue de France de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem (nord de la France et Belgique) nommait chaque année une dizaine de chevaliers. Selon ce lien, une visite de l'église de Montbouy fut effectuée, le 29 juillet 1762, par le religieux seigneur frère Jean du Merle, chevalier de Blanc-Buisson, commandeur d'Orléans (voir aussi les Annales de la Société Historique et Archéologique du Gâtinais). Selon cet autre lien, la commanderie Saint Marc d’Orléans que Jean dirigeait, possédait une trentaine de maisons à la Révolution. Les mentions de commandeur de Maupas et de Soissons figuraient dans l’avis de décès paru dans la Gazette de France en 1772.
Les du Merle auront compté six chevaliers depuis le 17ème siècle dans l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem (maintenant de Malte. C’étaient les deux Jean déjà cités, Louis-César (mort à Malte en 1696), Théodore-Louis, François-David (mort à Malte) et Pierre-Nicolas du Merle (cf. Liste des chevaliers de Malte). Noter qu’un chevalier devait alors prouver huit quartiers de noblesse (père et mère nobles = 2 quartiers ; gds-parents = 4 ; arrière-gds-parents = 8, etc).
158 Les terres de Charles-Gabriel l’aîné sont inventoriées dans un acte de 1785 (cf. arch. Paul gageplèges). Il est bizarrement mentionné dans la liste générale des émigrés de 1794 (cf. arch. Paul pièce 3802). Certains actes attribuent à son cadet le titre de comte (notamment un acte royal de 1776, cf Paul, chagab28 pièce 44), et à lui-même celui de baron (cf. arch Paul François-Annibal)
159 Par le coup d’état du 18 fructidor An V, trois des membres du Directoire appuyés par Bonaparte, éliminent leurs collègues modérés et réduisent au silence les conseils par des lois répressives visant notamment à déporter les catholiques et les royalistes.
160 Charles-Gabriel du Merle est qualifié dans les Procès-verbaux du Directoire Tome VI, d’Emigré mort à Bâle où il s'est rendu en application de la loi du 19 fructidor an V, radié le 7 fructidor an VI.
161 Cf. Relations de la Normandie et de la Bretagne avec les iles de la Manche ..., p.197 et arch. Paul pièce 3834. Noter que le 3ème prénom de Charles-Annibal était Foulques et que de nombreux actes le nomment Charles-Foulques.
162 L’état-major général de l’armée des princes se composait d’un maréchal général des logis et de 27 aides maréchaux des logis (dont Charles-Annibal du Merle).
163 Cf. arch. Paul François-Annibal, pièce 3834, qui présente un inventaire de Charles-Annibal dont le passif égale quasiment les actifs, la Trabouillère ayant été hypothéquée en 1828 en garantie de prêt.
Son frère cadet Charles-Gabriel comte164 du Merle (1732, 1783, sp2), premier gentilhomme de
S.A.S le Comte d’Eu, est locataire un temps de la princesse de Montmorency en son château
d’Aunay près de Dreux. Lors de son décès, il laisse tellement de dettes que la princesse prend en tutelle ses enfants mineurs165. Son épouse, Françoise Gascard du Mesnil, bien qu’héritière fortunée, finit sa vie ruinée successivement par la dévalorisation des assignats fruits de la vente de son hôtel rue Cassette, par la mise à sac en 1791 de ses biens de Saint Domingue incendiés par les esclaves en révolte, et par le blocus de l’Angleterre qui l’empêche de vendre ses derniers biens dans l’île. Elle écrit ainsi à sa fille en 1804 qu’elle en est réduite à compter sous a sous166.
Ses enfants, tous sans postérité, sont Balthazar dénommé chevalier du Merle, page à la Grande Ecurie, sous-lieutenant de dragons, recensé comme émigré en juillet 1794167 avec son frère Charles- Foulques, et Marie-Henriette (ci-après).
Marie-Henriette du Merle (1768,†1812,sp), devient duchesse de Gramont par son mariage le 24 août 1794 en la prison de Fontainebleau168 avec son codétenu Antoine VII duc de Gramont (1722-1801) ancien pair de France et souverain de Bidache, dont la femme Béatrix de Choiseul, sœur du ministre, venait d’être guillotinée courageusement à 64 ans.
La mort de Robespierre les sauve tous deux de la guillotine.
Après le décès du duc en avril 1801, Marie-Henriette, bien que sa légataire
universelle, manque du strict nécessaire et doit attendre trois ans l’arrêt de la Cour suprême qui ordonne à l’ancien fondé de pouvoir du duc de restituer à Marie-Henriette tous les fruits perçus par depuis sa prise de possession, ce qui provoque le suicide de l’aigrefin.
Marie-Henriette décède jeune après avoir légué à son neveu le duc Antoine VIII de Gramont les tableaux et meubles Gramont qu’elle possédait, et désigné comme héritier son frère Charles- Foulques du Merle qui rétrocédera son héritage contre le tiers de sa valeur au duc de Gramont en août 1824169.
ierre du Merle II (1722, †1800), seigneur du Plessis, du Prey, du Coudray, de Beauvoir etc…petit-fils de Pierre décrit plus haut, chevalier de Saint Louis et de Saint Jean de Jérusalem, est cité en 1737 comme page de la Petite Ecurie, puis en 1744 comme lieutenant de dragons et encore en 1782 comme maréchal de camp avec le titre de
164 Charles-Gabriel est qualifié de comte dans un acte royal de 1776. Le fondement de ce titre antérieur à l’attribution des Honneurs de la cour n’est pas plus connu que celui qui sera attribué à Pierre du Merle par la suite.
165 Certains actes qualifient curieusement Charles Gabriel de haut et puissant seigneur alors qu’il mourra très endetté (cf. actes de décembre 1786 et février 1788, arch. Paul François-Annibal).
166 Les secours de l’amitié etant ma seule ressource, je les dois à ma fille, qui, fort gênée elle-même par les affaires embarassées que lui a laissé Mr de Gramont, la font vivre de privation (cf. actes de décembre 1786 et février 1788, arch. Paul François-Annibal.).
167 Balthazar du Merle et son cousin germain Charles Annibal du Merle servaient tous deux dans le régiment de Lorraine-dragons, où ils étaient respectivement sous-lieutenant et capitaine de remplacement en 1787 (cf. arch. de Paul). 168 Marie-Henriette avait été emprisonnée avec sa mère et son frère (cf. Arch. Paul François-Annibal, pièce 5015).
169 Antoine VII de Gramont et Marie-Henriette du Merle avaient convenu en 1798 d’une donation mutuelle La fortune du duc avait été considérable avant la Révolution, ainsi qu’en témoigne l’indemnisation de 4 millions de livres sous forme de rentes reçue de Louis XVI lors de la transformation de Bayonne en port franc. La dénonciation de ces rentes par la Révolution combinée aux dettes du duc, réduira sa succession à un point tel que Marie-Henriette ne pourra léguer que quelques 800 000 francs et deux maisons (inventaire de 1812). En 1833, un acte estimera à 1 300 000 francs sa succession dévolue à Charles-Foulques du Merle. Noter qu’en en 1824, un arrêt obligea l’état à rendre au nouveau duc de Gramont la citadelle de Blaye et divers autres biens (cf. arch. Paul François-Annibal, pièces 2946, 3008, 3021, 3027 et Journal du palais: recueil le plus ancien et le plus complet de la jurisprudence, 1842). Voir aussi la Généalogie Gramont.
comte170. En 1787, il est peut-être ce du Merle qui représente l’ordre de la noblesse à l’assemblée d’élection du département de Lisieux171.
En 1791, sur réquisition de la municipalité, il dépose ses titres et papiers féodaux pour y être brulés.
Pendant la Terreur, la considération qui entoure la famille dans la région d'Orbec lui permet de cacher des prêtres dans les carrières de la Vespière et d’y faire célébrer des messes en présence des gens du pays malgré les fouilles du comité révolutionnaire172.
En 1793, Pierre est condamné à entretenir deux soldats au motif qu’il est père d’un émigré.
Il doit vendre par la suite la terre du Plessis pour régler le mariage de sa fille ainsi que les dettes laissées par son fils Bonaventure à son régiment.
En avril 1800, il est condamné à la confiscation de plus du quart de ses biens au motif à nouveau qu’il est père d’un émigré et pour indemnité des frais de la guerre 173.
icolas-Pierre-Bonaventure du Merle (1763, †1828), chevalier puis comte du Merle174, chevalier de Saint Louis, de Saint Jean de Jérusalem et de l'ordre du Lys, prénommé usuellement
Bonaventure.
D’abord page de la petite écurie175, il est nommé à 14 ans lieutenant au Régiment d'Infanterie du Roy.
Il passe en 1787 capitaine de remplacement au régiment de dragons de Lorraine où il est noté très bon sujet mais encore jeune et où il se trouve encore début 1789176 puis gagne le régiment de son oncle, le marquis de Balivière.
Il émigre probablement en juin 1789177
170 Le grade de maréchal de camp de Pierre est attesté selon la généalogie, dans l'Etat militaire de la France de 1782 avec un titre de comte dont on ignore le fondement. Le Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne mentionne aussi ce grade (confirmé par Guy). Ce grade était très dévalué à la fin de l’Ancien Régime, l’almanach de 1789 en dénombrant 769. On notera encore cette description emphatique de Pierre, publiée par A. Bouillon dans la Gazette des gazettes ou journal politique pour l’année 1765 : …Issu de cet illustre sang, encore plus recommandable par ses qualités personnelles que par sa naissance !
171 Les du Merle enregistrés lors de l’élection des Etats Généraux de 1789 étaient selon La Roque : Charles-Gabriel baron du Merle, le seigneur du Plessis (Pierre), le seigneur de Saint-Pierre du Mesnil (Blancbuisson), le seigneur de Saint-Germain-la-Campagne, le seigneur de Beauvoir et le seigneur de Bastigny (cf. Gentilhommes ayant pris part ou envoyé leur procuration aux assemblées de la noblesse pour l’élection des députés aux Etats Généraux de 1789).
172 Selon D. Labarre de Raillicourt, le sang-froid d’une domestique de la Vespière sauva la famille lors d’une inspection des révolutionnaires alors que plusieurs prêtres se trouvaient cachés dans les carrières (cf. …Pages de la Petite écurie
….Aperçu historique… 1966).
173 Le patrimoine de Pierre avait été évalué en 1793 à quelques 160 000 francs, somme qui pourrait représenter de nos jours quelques 1,8 millions d’euros dans l’hypothèse d’un gr. d’or fin à 50€. Pierre avait pu limiter les confiscations au quart de ses biens en attestant en 1798 avec l’appui d’autres habitants que son fils Bonaventure, loin d’avoir émigré, avait quitté la France dès juillet 1788 pour raison de dettes et n’avait laissé depuis aucune nouvelle. Les confiscations de Pierre se réduiront finalement beaucoup grâce à la durée infinie des procédures judiciaires.
Les dettes bien réelles de Bonaventure étaient estimées en 1800 par sa mère à près de 30 000 francs, époque où sa belle- famille était encore plus dans la gêne du fait de la vente de ses biens comme biens nationaux (cf. arch. Paul Lettres2).
174 Les titres successifs de Bonaventure mentionnés dans les actes officiels étaient marquis dans un état militaire de 1789, chevalier au début de l’émigration et comte épisodiquement puis définitivement à partir de fin 1795, notamment dans les actes du cardinal de Rohan.
175 La Grande écurie comporta aussi en 1787deux premiers pages dont un du Merle qui reste à identifier. La liste en est rapportée par l’Almanach de Versailles…, Ed. Blaizot 1787 (voir annexe).
176 Cf. 9e Régiment de Dragons, Historique 1668-1815, F. Clergeot, Sept. 2007.
177 Un ancien officier du régiment de Bonaventure déclara en 1800 que son départ a fait trop de bruit, tout le monde sait que c'est au mois de juin 89 (cf. arch. Paul Lettres2, 25 mai 1800). Cette date antérieure au 14 juillet 89 démontrait
En juillet 1791 il se trouve à Mannheim où il fait partie des royalistes qui s’offrent comme otages à l’Assemblée Nationale pour libérer Louis XVI emprisonné après Varennes178. Il rejoint peu après l'armée de Condé à Worms.
En 1792, il sert comme simple lieutenant à l’état-major des princes puis aux hussards du régiment de Salm-Kyrburg qui ne compte qu’un escadron en novembre et se bat parfois à l’avant-garde de l’Armée de Condé, en Alsace et en Rhénanie179.
Il est nommé capitaine en septembre 1793.
Fin janvier 1794, il bénéficie de l’asile à Ettenheim offert par le Cardinal de Rohan180 à la petite armée de Condé. Promu un mois plus tard, chevalier de Saint-Louis puis cloué sur place huit mois pour maladie181, Bonaventure rejoint fin octobre son régiment de Salm passé sous commandement britannique malgré l’opposition de Condé. Le régiment participe dès lors à la campagne de Hollande mais l’Angleterre qui le paye veut l’envoyer combattre en France, ce que le régiment refuse. Le régiment est immédiatement licencié.
En avril 1795, Bonaventure épouse à Ettenheim Joséphine de Weissaltz, baronne autrichienne possiblement fille naturelle d’une comtesse de la cour182, liée à la princesse Charlotte de Rohan avec qui elle avait été élevée au couvent et chez qui elle demeure.
En janvier 1796, Bonaventure est nommé capitaine aux Hussards de Rohan, unité de la légion constituée en 1793 par le cardinal de Rohan pour servir le Saint Empire germanique183.
Selon ce document184, cette unité aurait participé en 1796 aux actions suivantes contre les armées du Directoire :
Le 9 juillet, elle enfonce un régiment de dragons qui perd 200 hommes et une quinzaine d’officiers. Chargeant une seconde fois sous la mitraille, elle enfonce avec un égal succès un bataillon de grenadiers.
Le lendemain, elle participe aux combats que le roi de Suède finit par perdre avec gloire.
En septembre, elle participe aux combats le long du Main, où elle se distingue à l’attaque de batteries françaises.
Le 10 novembre, elle combat aux abords de la rivière Sieg en Rhénanie.
Le 15 novembre, elle combat à la bataille d'Altenkirchen sur une position centrale qu’elle parvient à quitter à la faveur de la nuit alors qu’elle est encerclée par les Français.
En 1797, ce régiment passe au service de l'empereur François Ier d'Autriche qui le dissout en juillet.
aux révolutionnaires que Bonaventure n’avait pas émigré. Noter qu’elle diffère du janvier 1790 indiqué par la généalogie.
178 Suite à l’appel de la Gazette de Paris, journal royaliste, plus de mille Français se proposent fin 1790 comme otages pour prendre les fers des augustes prisonniers, dans une liste déposée à l’Assemblée Nationale : cf. Les otages de Louis XVI et de sa famille, Thomas-Pascal Boulage 1814. Cette liste mentionne « Merle (le comte du), ancien page du Roi, officier de dragons ».
179 L’Armée de Condé, forte d’environ 10.000 hommes en 1795, combattait essentiellement en Allemagne entre 1793 et 1797. C’était une troupe aguerrie et respectée par ses adversaires républicains alors même qu’ils condamnaient souvent à mort leurs prisonniers.
180 Le Cardinal de Rohan, prélat peu apprécié de Marie-Antoinette, avait cru lui plaire dans l’affaire du Collier de la Reine, dans laquelle il sera abusé par des aigrefins et qui sera une des causes de la Révolution. Le cardinal utilisera ses moyens considérables pendant l’Emigration pour soutenir les émigrés et la cause contre-révolutionnaire.
181 Cette maladie de Bonaventure est mentionnée dans un laisser-passer rédigé à Ettenheim le 6 septembre 1794, indiquant qu’il avait été malade huit mois. Une attestation postérieure certifie curieusement que la croix de Saint-Louis lui avait été décernée le 10 juin 1795.
182 Les archives familiales décrivent Joséphine de Weissaltz comme fille du baron Joseph-Etienne de Weissaltz, mort au service de l'Empereur d’Autriche, et de Marie Christine de Bürk originaire de Bohème. Cependant, selon Paul, cette thèse n’élucide pas le mystère d’une enveloppe cachetée déposée au greffe d’Ettenheim par le cardinal de Rohan à l’attention de Joséphine le 30 avril 1795, près de deux semaines après son mariage, avec la clause qu’il ne doit être remis qu'après notre mort, et pas avant, à Madame la comtesse du Merle, ni le mystère de la pension que recevait Joséphine de la cour de Vienne via une comtesse douairière Weissenwolf née baronne Sallzee, dont la recomposition du nom WEISsenwolff SALZee donne étrangement WEISSALZ. Paul en avait conclu que Joséphine pouvait être une fille naturelle de cette comtesse.
183 Cf. La France hors le France. L’enracinement des princes de Rohan-Guéméné dans la monarchie des Habsbourg,
FJ. Holecek O.M.
184 Les nombreuses sources mentionnées dans ce document de référence le rendent particulièrement crédible.
Bonaventure se retrouve dès lors sans ressources hormis de maigres subsides reçus de sa mère tout aussi démunie. Il réside quelque temps en Bavière puis revient à Orbec en septembre 1800, où la police le place sous surveillance. Les lettres de son épouse décrivent alors la pénurie et l'inquiétude extrêmes dans lesquelles ils vivent jusqu’à l'amnistie du 6 floréal an 10 (26 avril 1802) qui leur permet de rentrer dans la jouissance de leurs biens non encore vendus.
Le 17 juillet 1814, Bonaventure est décoré de l’ordre de la Fleur de lys. En août 1815, il fait partie des volontaires royaux à cheval du Calvados..
En 1816, il en commande un détachement puis passe chef d’escadron en janvier 1817.
En 1827, la loi du milliard des émigrés lui attribue une indemnité185 pour les confiscations subies par ses parents du fait de son émigration.
Ses proches le décrivent comme amateur passionné de chevaux, esprit original doué pour la musique, brillant causeur apprécié de la société d’Orbec où l'on s'amusait très bien186.
Les prénoms des aînés de chaque branche se termineront longtemps par la suite par
Pierre-Bonaventure
Il sera enterré au cimetière de la Vespière, porté selon ses volontés par des hommes choisis parmi les plus honnêtes et les plus pauvres de la commune, sans cérémonie, sans luxe et sans bruit.
Son lointain cousin187 Louis-Eléazar du Merle (1753, †1824), chevalier de Saint Louis et de la Légion d'honneur, est un survivant des gardes-du- corps188 de Louis XVI dont il avait été maréchal des logis. Emigré, il est privé de ses biens, vendus comme biens nationaux.
Peut-être est-il ce du Merle à qui le comte d’Artois confie en juillet 1793, à Edimbourg, deux lettres à porter au comte de Vaudreuil189 à Saint- Petersbourg.
En 1795, il participe au désastreux débarquement des Princes à Quiberon. Il est cité comme chef d’escadron sous la Restauration.
Son fils Foulques du Merle (1786, †1854, sp3), baron, ancien page sous Louis XVI, sert dans l’armée des princes puis dans l’armée portugaise comme officier supérieur. Il sera décoré de l’ordre du Lys par la duchesse d’Angoulême fille de Louis XVI190. Propriétaire de terres seigneuriales dans la région de Villiers-Le-Sec, il en sera le maire pendant 37 ans.
185 L’indemnité perçue par Bonaventure au titre du milliard des émigrés était de l’ordre de 7000 francs soit quelques 80 000€ (un franc 1800 représentant 4,5 gr d’argent pur, soit 290,3225 mg d’or fin). Les sœurs de Bonaventure perçurent la même indemnité.
186 Cf. Mémoires inédits du général marquis de Balivière (1738-1821), beau-frère de Pierre du Merle.
187 La parenté de Louis-Eléazar du Merle avec les aïeux communs aux autres du Merle de l’époque remontait à sept degrés !
188 Les Gardes du corps dont faisait partie Louis-Eléazar comportaient près de 1700 soldats en 1789. D’extraction noble, profondément attachés à la monarchie, ils défendirent la famille royale les 5 et 6 octobre 1789, lors de la marche sur Versailles des parisiennes qu’ils accompagnèrent lors de son transfert à Paris. Ils servirent par la suite dans les corps émigrés (cf. Les Gardes du Corps du roi Louis XVI de G.Bodinier).
189 Lettre du comte d’Artois : J'ai reçu ta lettre du 9 (juillet) par M. du Merle, mon ami ; mais j'ai voulu attendre qu'il fût expédié pour Pétersbour- avant de te répondre. Il a mis à la voile ce matin, porteur des deux lettres dont je t'envoie copie.
190 Cf. Revue de l'Avranchin et du pays de Granville, Vol. 25 à 26, 1932
ouis-Pierre-Bonaventure comte du Merle (né à Francfort sur le Main en 1797, †1875) quitte le séminaire pour se rendre au-devant de Louis XVIII à Gand.
En 1822, il est lieutenant de cavalerie au 13ème puis au 16ème régiments de chasseurs. Il épouse en 1826 Isaure de Gomer descendante de Jean Racine191
Il fait raser le vieux château de la Vespière presque en ruines et le remplace par la Vespière actuelle. Dégoûté par l’enseignement orléaniste, il fait élever ses enfants à Brugelette en Belgique, dans un collège Jésuite légitimiste presque exclusivement composé d’élèves des plus anciennes et meilleures familles de France…où tous auraient voulu être enrôlés pour ramener Henri V.
En 1830, il démissionne de la mairie par la Vespière lors de l'avènement de Louis- Philippe, pour transmettre sans tâche un nom reçu de même. Il est alors surveillé par la police au motif selon sa fille que la duchesse de Berry pourrait être cachée chez lui192. Refusant de faire partie de la garde nationale, il sera emprisonné quelques jours dans la prison d’Orbec.
Sa fille Octavie le dépeint comme suit :
Homme au physique robuste et au caractère ardent, extrêmement bienfaisant, ayant dilapidé sa fortune par des prodigalités……Pas une misère connue de lui qui ne fût secourue. Il logeait gratis de pauvres femmes incapables de gagner leur vie et ne pouvait se décider à éloigner les ouvriers ou domestiques devenus incapables qu’il avait employés. On ne voyait que cheveux blancs, grosses cannes et béquilles, ce qui n’empêchait pas chacun de manger comme quatre et de boire comme dix193.
Lors des journées de 1848, les habitants qui l’affectionnent apposent une affiche à sa grille, priant de ne pas le piller et trois à quatre cents personnes vinrent en bandes assurer qu’ils nous défendraient.
En 1859, Louis fait bâtir la petite chapelle du cimetière près de la tombe de ses parents et découvre enterrée la statue de la Vierge à l’Enfant, qu’il fait restaurer. De nombreux pèlerins lui dédient désormais leurs ex-voto.
Apparition des 4 branches actuelles
Parmi les enfants de Louis-Pierre-Bonaventure, Charles (décrit plus bas) sera à l’origine de la 1ère branche des du Merle, Camille de la 2ème, Louis de la 3ème et Xavier de la 4ème branche (voir le tableau au chapitre suivant).
Pour l’anecdote, Louis dégouté de sa préparation à Navale sous la direction d’un abbé et de braves gens très communs, s’engagera à 17 ans sur un navire marchand, bourlinguera quelques années, participera comme officier aux bombardements de Sébastopol et rejoindra la vie civile à la demande de son épouse Honorine de Chirée.
Gabrielle et Marie du Merle sœurs de Louis entreront chez les sœurs de la Charité et Octavie rédigera ses charmantes chroniques évoquant les cousins du Merle, Noinville, Gomer, du Faÿ, Paix de Cœur, Guillebon … en avouant qu’on avait peur car on mourait comme des mouches à Orbec.
191 Cette ascendance de Racine valut à la famille du Merle dans les années 60, d’être invitée à la représentation de la Comédie Française réservée aux familles descendant de l’écrivain. Marie du Merle (Merlette) en était la doyenne.
192 Cf.Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie - 1880 (37).
193 Cf. Mémoires d’Octavie du Merle (1829-1898). Son fils décrira aussi Louis comme homme d’honneur, nature essentiellement droite, fière et franche, répugnant à toute compromission et ayant horreur de l’intrigue.
Henri du Merle (1815, †1851, sp), fils de Charles-Annibal, est ordonné sous-diacre en Amérique à Vincennes (USA)194 après une jeunesse tumultueuse195, puis devient prêtre.
Il acquiert dès 1847 une réputation de bon prédicateur à l’université jésuite Fordham de New York. C’est alors que la famine provoque un million de morts en Irlande et déclenche la forte émigration irlandaise vers l’Amérique du Nord. Apprenant le manque de prêtres au Canada, Henri s’y rend pour deux mois, survit au typhus qui y emporte 22 prêtres et religieuses, puis repart pour New York où il s’installe dans un des quartiers les plus exposés à l’épidémie.
L'année suivante, il retourne à Montréal196 où il se dévoue trois ans en
soignant des immigrants irlandais et meurt du typhus à 32 ans, le 21 juin197. Son corps repose dans la crypte de la cathédrale de Montréal sur décision de l’évêque qui considère comme un privilège que la maison d’un évêque …soit le tombeau des premiers qui meurent dans le combat et les armes à la main. Dans un discours prononcé en 2010 à l’université Fordham, la présidente de la République d’Irlande dira à propos d’Henri du Merle qu’il n’est pas surprenant que l’université Fordham se soit attachée à former des étudiants en action humanitaire après de tels débuts empreints de sacrifice et d'héroïsme.
photographies, son
Joseph-Louis-Marie du Merle (1878, †1959, branche 1), fils de Charles lui-même fils de Louis-Pierre-Bonaventure198. Classé 7ème à l’Ecole Navale, il est affecté en 1922 comme attaché naval en Chine, puis pendant quinze ans au Japon dont il parle la langue et où sa famille subit sans mal le tremblement de terre de Tokyo de 1923. A son retour en Normandie, Joseph réalise à la Petite Vespière un jardin japonais qui fait l'admiration de tous. Il fréquente alors la Varende qui le retrouve parfois chez le pâtissier d'Orbec. Il restaure aussi le château de Fricamps en Picardie qui sera incendié pendant la grande guerre. Décrit comme original et épris d’aventures, Joseph pratiquera l’escalade jusqu'à 80 ans et écrira de nombreuses lettres pour dénoncer le communisme aux grands de ce monde, la reine d'Angleterre comme le président Coty ou de Gaulle. Il est surtout artiste et travaille ses jardin et ses ruches des jours entiers. Amateur de voitures, il se tuera
accidentellement en évitant un cycliste ivre.
Son épouse Marcelle de Prat provenait d’une fratrie de 13 enfants dont les deux dernières, décédées jeunes, seront des modèles de sainteté et de dévouement. Parmi leurs sept enfants, Germaine sera frappée de tuberculose au Japon à six ans. Elizabeth et Geneviève le seront plus tard en France. Guy, Marguerite et Geneviève décrits plus loin, seront exceptionnellement doués et Geneviève exemplaire.
194 Mgr Bruté de Rémur était venu en France en 1836 pour embaucher de nouveaux prêtres. Noter qu’Henri sera parfois appelé Charles-Henri ou même Charles comme dans l’History of the Catholic Church p. 226 : Charles du Merle also accompanied Brute to America in 1836, and was ordained a subdeacon by him on the same day as Petit.
195Ayant perdu son père de bonne heure, Henri du Merle donnait libre cours à sa nature ardente…Pendant ce temps,
sa mère, retirée dans son château, se consumait en prières et en immolations quotidienne pour le retour du prodigue (cf.
Les Jésuites du Canada au XIXe siècle, Université de Toronto, 1919).
196 Selon Souvenirdesfte, le P. Martin écrivit pour demander qu'on voulût bien envoyer à Montréal une nouvelle escouade d'hommes déterminés à mourir. La réponse ne se fit pas attendre : c'étaient les PP. Driscoll, du Merle, Férard et Shianski ; ils furent accueillis avec allégresse comme des frères d'armes, et tout de suite se mirent à l'ouvrage. Le P. du Merle devait bientôt couronner son apostolat d'une mort glorieuse achetée au prix de son dévouement au chevet des malades. (Voir aussi Lettres des nouvelles missions du Canada, 1843-1852, Jesuits, Lorenzo Cadieux).
197 Coïncicence, le 21 juin était le jour de la fête de saint Louis de Gonzague, frappé de la peste comme Henri.
198 Victorine de Larminat, mère de Joseph du Merle, se retira chez les Visitandines. Elle était selon sa fille Marie (Merlette) une chrétienne avec une âme de romaine antique. Comme elle fonçait sur les plus petites défaillances des siens !
Roger du Merle (1878, †1948, sp), frère de Joseph ci-dessus, crée à Friardel en 1911 une fromagerie qui deviendra propriété de la société Lanquetot qui y produira en 1953 près d’1,5 millions de fromages.
Marie du Merle dite Merlette (1880, †1974), sœur de Joseph ci-dessus, écrivain, poète et peintre, publie la Maison qui riait,
chronique amoureuse de la région d’Orbec et de la maison paternelle. Elle frappe par la pénétration de son regard et la finesse de son esprit199 et affirme un caractère passionné200 dans ses engagements politiques et religieux201 comme dans ses journaux. Une salle de la bibliothèque et une maison de retraite d’Orbec portent son nom. Ses ouvrages sont encore visibles dans les musées
d’Orbec et de Bernay202. Un de ses poèmes est cité en annexe.
Guy du Merle (1908, †1993), fils de Joseph- Louis-Marie, polytechnicien supAéro ingénieur général de l’Air, officier de la Légion d’honneur, entame sa carrière comme pilote d'essais sur une centaine de types d'avions203. Il se fait connaître par la suite pour ses travaux en technologie aéronautique204 puis comme cofondateur et premier directeur de l’Ecole Nationale d’Aviation Civile (ENAC) de 1948 à 1951. En 1965, il assure la direction générale de la compagnie Aérotrain205 qui
construit la ligne expérimentale desservant le plateau de Saclay. Un rond-point proche de Toulouse porte son nom.
199 Cf. Jacques Pougheol, directeur du magazine Art de Basse-Normandie.
200 Il y a une colère qui est partie intégrante de la charité. Pie X m’a posé cela sur la tête avec les deux mains. Quelques
exemples de ces colères : La femme qui a franchi 45 ans est une apprentie-morte. L’indifférence est son premier linceul ou encore Je ne comprends pas une femme autrement que mère, religieuse ou artiste... Sortie de là elle a tout de ce figuier dont il est dit "Pourquoi occupe-t’ il la terre ?", ou encore La femme n'écoute jamais ce qu'on lui dit sauf quand elle est d'une essence très rare…
201 Marie du Merle contactera les dirigeants de l’Action Française (Maurras, Massis et Valois) tant par conviction - elle manifestait avec les camelots du roi - que pour la publication de ses propres œuvres. En témoigne cet entretien avec Charles Maurras : J'étais effrayée de comparaître devant Maurras. Pas seulement parce que je lui avais écrit des remontrances mais parce qu'il était Maurras et que je suis moi... Il m'a fait asseoir dans un grand fauteuil et lui assis tout à côté se met à causer comme si on s'était toujours connus... nous avons parlé d'Anatole France et aussi de Jean Racine et finalement de mes humbles travaux...Il me demande si je connais le portait de Racine...et me dit que je lui ressemble de façon frappante.
202 Les ouvrages de Marie du Merle consultables dans ces musées sont : Orbec sous terre, Saint François d’Assise et les oiseaux (recueil de poèmes), Notre-Dame d’Orbec ou la Vierge aux deux robes, suivi de L’Unité de la Vierge, La Maison qui riait et Chanson du Pays d’Auge. Elle prévoyait onze autres ouvrages tels que : Mémoires d'une grenouille de bénitier ou Mon père le lion. Ses journaux présentent malheureusement de nos jours un ton excessivement suranné
203 Guy du Merle côtoya le fameux pilote d’essai Rozanoff alors capitaine qui expérimentait également en 1938 des Messerschmitt 109 et Heinkel 111 capturés en Espagne par les républicains espagnols.
204 L’ouvrage Construction des avions de Guy du Merle (1942, 855 pages), jugé extraordinaire, sera la bible des spécialistes. Guy écrira d’autres ouvrages dont le recueil de ses souvenirs Aviation quand tu nous tiens (1986).
205 L’aérotrain était une invention géniale de Jean Bertin , qui avortera faute d’appui du gouvernement.
Sa sœur Marguerite du Merle (1915, †1982?, sp), jeune fille exquise et incroyablement douée selon son frère, reçoit le prix d’excellence du Sacré- Cœur, récompense décernée une fois tous les vingt ans. Toujours pressée, elle choisit la vitesse comme sujet de discours. Devenue religieuse, elle passe 25 ans comme mère du Sacré-Cœur à Rome auprès de la supérieure Générale, Mère de Lescure, seul témoin encore vivant de sœur Menendez qui reçut de nombreux messages du Sacré-Cœur. Marguerite s’attache à les faire connaître dans le réseau Chaîne d’âmes fondé par sa supérieure et publie plusieurs livres à leur propos206. Revenue en France, elle crée un organisme missionnaire à
Lyon et dirige à Paris les volontaires missionnaires du Sacré-Cœur.
Geneviève du Merle (1916, †1935, sp), autre sœur de Guy, petite sainte de la famille207, décède à 19 ans à l’issue d’une jeunesse rayonnante décrite par les pères Bissonnier et Delpierre dans une biographie dont
quelques extraits sont cités en annexe. Le journal de son école relate que son âme d’apôtre rayonnait sur tous ceux qui l’approchaient, l’évêque de Troyes la décrit comme une exquise créature qui a une force de volonté incroyable, un témoin de ses derniers instant ajoutant que ce qui a révolutionné tout le monde, cela a été sa manière de
mourir, chanter le magnificat du matin au soir pendant dix jours.
Geneviève repose à l’ombre de ND de la Vespière, près de sa sœur Elisabeth morte également de tuberculose deux ans auparavant.
Elle décrivait ainsi son frère Jean du Merle, officier de marine 208 : j’ai toujours rencontré dans les marins un regard extrêmement clair et droit…Jean avait toutes les peines du monde à dire à un matelot Faites ceci, alors qu’il était toujours sur le point de lui dire : ça ne vous dérangerait-il pas de faire ceci ?
Louis du Merle (1864, †1945, branche 3), capitaine de vaisseau, commandeur de la légion d'honneur, assure divers commandements dont en 1906 les ateliers d'Haiphong puis en 1911, les sous-marins et un contre- torpilleur de Cherbourg209.
Le 8 juin 1913, il est l’un des deux marins que le président Raymond Poincaré décore officiers de la légion d’honneur lors de la revue de l’armée navale à Toulon.
Nommé capitaine de vaisseau en juin 1915, Louis commande le cuirassé
amiral Saint Louis à partir de 1916. Selon ses proches, son peu d’inclination pour les contraintes mondaines nécessaires à la dignité d’amiral lui en aurait fermé l’accès.
Les restes de sa grande maison d’Orbec bombardée en 1944 sont aujourd’hui transformés en école.
206 Marguerite du Merle écrivit des ouvrages encore lus de nos jours, dont Paroles d’Amour pour le monde - Message de Notre Seigneur à Sœur Josefa Menendez et Semence préfacé en 1967 par Mgr Renard Evêque de Versailles.
207 Expression chère à Dom Michel du Merle, malheureusement sans procès de béatification à ce jour.
208 Jean était de la promotion 1932 de Navale, un an après celle de Jacques du Merle décrit ci-après.
209 A titre indicatif, Cherbourg abritait en 1918 4 torpilleurs et 14 sous-marins.
Son fils Jacques du Merle (1912, †1943, sp) lieutenant de vaisseau de l’aéronavale, chevalier de la légion d'honneur, croix de guerre avec palmes, 2 citations à l'ordre de l'armée de mer.
En juin 1940, il se porte volontaire pour des missions dangereuses lors de la bataille de France et reçoit la croix de guerre pour une opération de nuit le 19 juin 1940, effectuée avec son Dewoitine210. Lors de l’armistice, sa flottille211 rejoint la Tunisie d’où elle gagne l’Algérie pour participer à la couverture aérienne du cuirassé Provence en partance pour Toulon après l’attaque britannique de Mers-El-Kébir. En juin 1941, sa flottille rejoint la Syrie où elle participe aux violents combats qui s’y déroulent face à l’attaque
britannique212. Jacques y abat le 9 juillet un chasseur et deux bombardiers anglo-australiens ce qui lui vaut, avec sa flotille, une citation à l’ordre de l’armée de mer. En novembre, il est nommé lieutenant de vaisseau pour faits de guerre.
Le 5 janvier 1942, sa flottille gagne à nouveau l’Algérie pour escorter le cuirassé Dunkerque autre rescapé de Mers-El-Kébir. Début novembre, devenu commandant de son escadrille, Jacques défend Port-Lyautey au Maroc avec 25 avions face à 170
appareils américains213 qui déversent leurs bombes et détruisent la plupart des avions de chasse. Sa flottille qui y perd 17 avions, est à nouveau citée à l’ordre de l’Armée de mer. Un témoin raconte214 que la DCA américaine abat Jacques pendant la nuit du 9 au 10 octobre, mais qu'il parvient à se poser dans un champ, le train rentré.
A partir du ralliement aux alliés de l'amiral Darlan à Alger le 11 novembre, Jacques assure des missions de surveillance des côtes. Le 2 mars 1943, alors qu’il forme des pilotes près d’Agadir (Maroc) en prévision du débarquement en Sicile, il s’écrase au cours d’un simulacre d’attaque au sol à la tête de son escadrille215.
Gérard du Merle (1915, †1940, sp), frère de Jacques, sous-lieutenant cité à l'ordre du corps d'armée, chevalier de la Légion d'honneur, croix de guerre 1939-1940, meurt saintement en captivité le 2 août 1940 des suites de ses blessures sur la ligne Maginot216. Le commandant allemand, impressionné fait transporter son cercueil avec les honneurs militaires.
Un extrait du livre d’or de sa promotion à Saint Cyr est cité en annexe.
210 Le Maréchal Pétain avait annoncé des négociations d’armistice le 17 juin. Il signera le 21 juin.
211 Une flotille comportait deux escadrilles. L’escadrille de Jacques, nommée 2C, appartenait à la flotille 1F.
212 Le but de l’attaque anglaise en Syrie était principalement de se prémunir contre une coupure de la route des Indes et une mainmise allemande sur le pétrole irakien. Mais c’était sans doute aussi de récupérer les mandats que la France tenait de la SDN pour la Syrie et le Liban, objectif qu’ils finiront par atteindre. On notera que pour leur faire face, l’amiral commandant au Levant avait demandé l’intervention de la Luftwafe mais que Vichy se cantonna heureusement à des formations françaises - dont la flottille 1F - qui refusèrent toute coopération avec les Allemands (cf. Campagne de Syrie par le général Saint Hillier). Les combats de Syrie cesseront le 12 juillet 1941 après des pertes respectives de 3 000 à 5 000 tués ou blessés dans chaque camp (cf. Récit et Aeronavale/39-45). Cette attaque anglaise sera désavouée par le Général De Gaulle.
213 L’attaque de Port-Lyautey fut décidée dans le cadre du débarquement au Maroc du général Patton avec ses 35000 hommes. La marine française, obéissant malheureusement à l’amiral Darlan, y perdit notamment 462 tués et 600 blessés (cf. ce site), combats d’autant plus inutiles et inexcusables de la part de Darlan qu’il rallia les alliés peu après.
214 Cf. Fana de l’Aviation: histoire de la 1ère flottille de chasse de l’Aéronautique navale.
215 Souvenirs du témoin : son chasseur touche le sol du bout de l’hélice, semble se récupérer puis heurte un indigène et finit par se répandre en morceaux. Extrait de ce qui reste du fuselage, du Merle prononce quelques paroles puis meurt en quelques secondes.
216 On oublie les barouds d’honneur des unités encerclées dans les casemates de la ligne Maginot…Il y eut au moins cent mille morts ce qui, proportionnellement, représente des pertes supérieures à celles de la première guerre mondiale.
Les quatre branches actuelles issues de Nicolas-Pierre-Bonaventure
Branche 1- Charles du Merle époux de Victorine de Larminat : Rameaux Guy du Merle (dont Jean-Paul…217) et Jean du Merle (dont
Michel..).
Branche 2- Camille du Merle époux de Mathilde de Sallen : Rameau Pierre Jolivet de Colomby (dont Eric…).
Branche 3- Joseph du Merle époux d’Honorine de Chirée :
Rameaux Guillaume du Merle (dont Paul†...) et Maxime du Merle (dont
Olivier...).
Branche 4- Louis-Charles du Merle époux de Francine de Pardieu : Rameau Emile Biays époux de Suzanne du Merle,
Rameau Alphonse du Merle (dont Roland du Merle (dont Xavier...), Jean du Merle (dont Emerand de Froment époux de Marie-Josèphe du Merle et Jean-Pierre Sarrot époux de Renée du Merle), Pierre du Merle dont Henri...), Jean-Marie de Misouard époux de Gilette du Merle dont les Chassey et Colas des Francs),
Rameau Berthe du Merle (dont Jacques Poullain..),
Rameau Roger du Merle (dont Irène Maruchaud de Chanaud par adoption), Rameau Pierre Reisch via Marguerite du Merle.
217 Ce tableau est basé sur le document de Gérard décrivant la descendance de Bonaventure. Par simplification, seuls les aînés de chaque rameau sont mentionnés et une génération a été sautée.
Sceaux et armes
Les sceaux
Sceau du maréchal Foucault du Merle : Sceau équestre. L’écu et la housse du cheval portent trois quintefeuilles. Légende détruite.
Ecu et sceau de Guillaume VIII du Merle : Ecu à trois quintefeuilles accompagnées d’une merlette en chef et à dextre, timbré d’un heaume couronné en cimier d’un vol, supporté par deux hommes sauvages, sur champ de rinceaux
.
Sceau avec vol banneret et couronne ducale, attributs des gouverneurs de province de l’époque
Sceau de Jean du Merle fils de Guillaume IX: Sceau penché, à trois étoiles, accompagnées d’un merle en chef à dextre ; timbré d’un heaume de profil, cimé d’un vol, supporté par deux griffons.
Sceau de Jean IV du Merle : Ecu à trois quintefeuilles accompagnées d’une merlette en chef et à dextre, timbré d’un heaume couronné en cimier d’un vol supporté par deux griffons.
Sceau de Pierre I du Merle : Ecu portant trois quintefeuilles au lambel, penché, timbré d’un heaume cimé de trois plumes surmonté par deux lions d’un vol sur champ réticulé.
Les armes
Source : Collection Clairambault de la Bibliothèque Nationale
Le blason familial qui a toujours été de gueules à trois quintefeuilles218 d’argent, fait partie de la trentaine représentés dans la cinquième salle des croisades du château de Versailles dédiée aux principaux croisés de 1248. Il est cité dans le plus ancien armorial connu, l’armorial Wijnbergen de 1280, qui l’associe à foukaut dou mele. Plus tard, l’Armorial de la Toison d’or (1433-1435) l’associera au nom Dou Mole.
Certains du Merle portèrent néanmoins des blasons propres, tels que de gueules à 3 raies (roies)
d’argent (ou d’or) mentionné dans les armoriaux suivants219:
L’Armorial vermandois (1280-1300) pour Foucquault Du Melle,
L’Armorial charolais (1425),
L’Armorial de Navarre (entre 1368 et 1375) qui précise Le sire Du Melle, de gueules à trois raiez d’argent et ajoute M. Guillaume Du Merle, semblablement à une molete noire,
L’Armorial de Sicile (1425) qui précise Le sieur Du Marle de gueules à trois roquetz (i.e.raiez) d’or,
L’Armorial du Berry (époque Charles VII) qui précise Ceulx du Melle, de gueules à trois émanches flamboyantes mouvant du chef (i.e. trois angemmes ou raies).
218 Traduction de Quintefeuille (ou Angemme) : ENG cinquefoil, DEU Fünfblatt, NED vijfblad, ESP quinquefolio, ITA
Cinquefoglie.
219 Cf. Archives de Raoul du Merle.
D’autres armes propres furent utilisées, la plupart avec des brisures telles que des merlettes220 faisant allusion au nom de la famille :
Ainsi :
le cadet Guillaume du Merle aurait porté lors de la 1ère croisade une merlette de sable au centre des 3 quintefeuilles (cf. généalogie),
le croisé Laurens du Merle portait selon du Moulin, d'or à un orle de merlettes noires,
l’évêque Guy du Merle portait selon Richard Seguin d’argent à la bande de sable chargée de trois étoiles d’argent, ou, selon d’autres, un lambel d’azur indiquant qu’il était cadet,
le maréchal Foucault du Merle est cité tantôt avec le blason familial (P. Anselme), tantôt avec de gheules a trois roies d'argent (Chifflet, Prinet) ou d’or à 2 faces de gueules à l’orle de 8 merlettes de même (Le Féron) ou encore avec un cavalier dont l'écu porte 3 étoiles à 5 branches, armoiries qui ornent également la housse du cheval (copie 14ème siècle, Nouveau d’Hozier).
Laurent du Merle portait au XIVème siècle d’or à dix merlettes de sable posées en orle (cf. généalogie),
Guillaume VIII du Merle est cité avec trois quintefeuilles accompagnées d'une merlette au canton dextre du chef (cf. note précédente sur les brisures)
Guillaume IX du Merle est cité en 1377 avec trois quintefeuilles, supports deux griffons, cimier deux cornes velues (cf. Histoire de la Maison Royale de France…d’Anselme de Sainte Marie).
Pierre du Merle est cité en 1385 avec trois quintefeuilles support deux griffons cimier deux cornes recourbées (idem).
Fouques du Merle aurait porté au Mont Saint Michel un blason de gueules chargé d’un triangle d’argent (voir plus haut).
220 Le Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1914 cite comme exemple de brisures faisant allusion au nom de la famille, le sceau de Jean du Merle, capitaine de Caen et de Cotentin décorés d'un écu à trois quintefeuilles accompagnées d'une merlette au canton dextre du chef.
Quelques grandes parentés médiévales
Emma, épouse de Roger du Merle vers 1050, était issue de la famille Giroie d’origine franque, ennemis irréductibles de leurs voisins les comtes de Bellême. Son
père était Arnaud le Gros baron d’Echauffour et de Montreuil 221. Sa mère Gisèle Bertran de Bricquebec, descendait d’un Bastembourg à l'origine des Paynel et des Harcourt. Emma appartenait à une fratrie d’onze enfants qui s’avéreront formidables dans les guerres en France, en Angleterre et dans l’Italie méridionale :
Guillaume Giroie, éloquent, gai et courageux, favori des ducs Richard et Robert, entreprend la construction du château de Saint-Céneri pour entraver les plans de Guillaume Talvas comte de Bellême, qui, surpassant en cruauté son père et ses frères, aurait fait crever les yeux,
couper les oreilles et castrer Guillaume Giroie. Celui-ci devenua moine fera restaurer l'abbaye de Saint-Evroult avec son cousin Robert de Grandmesnil prieur de cette abbaye à laquelle leurs cousins du Merle feront aussi des donations.
Son fils Arnaud d'Echauffour combattra en Apulie et sera empoisonné à son retour par
Mabile de Bellême qui voulait capter son héritage. Par vengeance, les amis des Giroie s'introduiront dans sa forteresse et la décapiteront222.
Son autre fils Guillaume, surnommé le bon Normand, aurait possédé une trentaine de villes en Italie, serait devenu duc de Gaète en 1064 et aurait commandé victorieusement l’armée du pape en Campanie. Il mourra malade à Rome vers 1062.
Foulques est tué en 1040 par Gilbert de Brionne petit-fils du duc de Normandie.
Raoul et Robert vengent la mutilation de leur frère Guillaume en dévastant les terres de Guillaume Talvas. Raoul aimant les études et les armes, part en Italie où on le surnomme Mala Corona. Il termine sa vie comme moine à Marmoutier.
Robert Ier est impliqué en 1040 dans l’assassinat de Gilbert de Brionne. En 1059, il se révolte contre le duc Guillaume et meurt assiégé dans son château de Saint-Céneri.
Son fils Robert II reprend la lutte contre les Bellême et brûle en 1062 le château d’Echauffour que les Bellême reprendront puis occuperont.
Hugues est mortellement blessé par une flèche de son écuyer.
Havoise épouse en seconde noce Guillaume II d'Evreux, fils de Robert Le Danois Comte d'Evreux archevêque de Rouen, lui-même fils de Richard Ier duc de Normandie et de Gunnor. Leur fils Gauthier d’Evreux devient comte de Salisbury. Leur fille Judith épouse vers 1072 de Roger 1er de Hauteville comte de Sicile, duc de Calabre.
221 La forteresse d’Echauffour resta pendant quelques siècles l’une des plus importantes de Normandie, commandant les communications entre la Basse-Normandie, le Maine, le Perche et l’Ile-De-France. Guillaume VIII du Merle la conquit en 1364 avec l’aide de du Guesclin (voir sa notice).
222 Noter à propos du meurtre de Mabile de Bellême, que Guillaume Pantou (Voir plus loin la notice Guillaume du Merle Sgr de Noron : était-ce le même personnage ?) fut accusé d’en avoir été le complice.
Ces féodaux issus d’un frère de Rollon, étaient apparentés aux du Merle par la mère d’Emma Giroie épouse de Roger du Merle, qui était une Bricquebec. Trois siècles plus tard, une nouvelle alliance aura lieu par le mariage de Laurence sœur du maréchal du Merle avec Guillaume Bertran de Bricquebec, propre oncle du maréchal Robert VIII Bertran de Bricquebec. L’épouse de Foucault III du Merle, Alix de la Ferté-Fresnel (voir ci-dessous) avait elle-même pour grand’mère une Bricquebec.
Les épouses de Guillaume IX du Merle (mi-14ème) et de Guillaume du Merle frère de Jean Le Jeune (fin 14ème) étaient des du Molay-Bacon. A cette époque, selon Froissart, Roger Bacon seigneur de Molay servait sous les ordres de Guillaume du Merle, notamment au siège de Tournai. Sa fille Jeanne, dernière et unique héritière des du Molay-Bacon, causera involontairement la trahison de Geoffroy d’Harcourt en épousant Guillaume Bertran de Bricquebec223 fils du maréchal Robert VIII Bertran de Bricquebec.
Foucault III du Merle était gendre du maréchal Jean II de La Ferté- Fresnel qui participa en 1360 au siège de Château-Gaillard, sera témoin en 1365 du traité de Trêves, puis, en 1366, de l'hommage rendu par le duc de Bretagne à Charles V à Paris. Son fils Jean III sera également maréchal de France. L’épouse de Jean II de La Ferté, Alix de Meulan dame de Neufbourg, Gacé etc, était apparentée aux Valois. Selon Le Dictionnaire de la Noblesse de 1865 une autre alliance du Merle/La Ferté avait eu lieu vers 1330 à travers le mariage d’une Marguerite du Merle avec un Guillaume de la Ferté.
Noter que Guillaume II de La Ferté-Fresnel avait combattu en 1138
Robert Giroie coupable de malversations au diocèse d’Evreux.
Bien d’autres grandes parentés ont été relatées au fil de ce document, qu’il ne semble pas utile d’énumérer à nouveau.
223 En 1343, Geoffroy d’Harcourt qui convoitait Jeanne Bacon, en vint à tirer l’épée en présence du roi Philippe VI contre le maréchal de Bricquebec qui désirait faire épouser à Jeanne son fils Guillaume de Bricquebec. Le roi fit citer Geoffroy d’Harcourt devant le parlement, puis devant son refus, l’assiégea, le bannit et le déposséda de ses biens. Dès lors, Geoffroy s’allia aux Anglais et en prit la tête lors de leur première invasion de la France en 1346, comme plus tard lors de la bataille de Crécy où son frère trouva la mort au côté des Français Pris de remords, Geoffroy obtint le pardon du roi de France en 1347.et devint un des chefs de file de la noblesse normande. En 1354, il recruta les hommes de main qui accompagnèrent Charles-le- Mauvais à L’Aigle afin d’y assassiner le connétable d’Espagne. En 1356, il s’allia à nouveau avec les Anglais, devint maréchal d’Angleterre, participa en juin au deuxième incendie du Merlerault et fut tué à la tête des Navarrais en novembre près de Coutances, face à l'armée de Robert de Clermont au sein de laquelle se trouvait probablement Guillaume VIII du Merle.
On notera à propos de Jeanne Bacon qu’elle eut pour second époux Jean de Luxembourg.
6 - Familles alliées jusqu’au début du
XXème siècle
Nos ancêtres directs sont indiqués en caractères gras.
Nom (en gras : nos ancêtres directs) | Mariage | Nom (en gras : nos ancêtres directs) | Mariage |
Abancourt Michelle (d’) | Vers 1700 | La Ferté Fresnel Alix (de) Foucault III du Merle +haut | Vers 1320 |
Achey Gabrielle (d’) voir Jacques I du Merle | 1528 | ||
La Haye Jacquemine (de) | Vers 1407 | ||
Acres (des) | Vers 1620 | La Haye Jeanne (de) | vers 1350 |
Affour Jean | 1800 | La Haye Louise Françoise (de) | 1756 |
Amey Pierre | Vers 1450 ? | La Moissonnière Marie (Fouques de) | 1778 |
Atilly Jeanne (d’) | 1743 | la Moricière (Etienne de) | 1514 |
Aubourg Augustin (d’) | Vers 1720 | Larminat Victorine (de) | 1887 |
Auge Pierre (de Tournebu d’) | 1743 | La Roque Bertrand (de) | vers 1460 |
Auge Victoire (d’) | 1812 | Le Cesne de Meneville Jeanne voir Jean du Merle II | 1503 |
Aupoix de Mervilly | 1725 | ||
Bacon Jeanne (du Molay) voir Guillaume IX du Merle | Vers 1402 | Le Cornu de Balivière Louise Voir Pierre du Merle | 1754 |
Bacon Josse (du Mola) | Vers 1480 | Le Forestier x. | Vers 1800 |
Bailleul Henri (de) voir Catherine du Merle | 1471 | Le François Françoise | 1620 |
Le Georgelier Catherine | vers 1660 | ||
Banville Jean IV (de) | 1433 | Le Grix Françoise Voir Jacques II du Merle | 1565 |
Beaucourt Henri (de) | 1514 | ||
Beaupuy de Génis Marguerite (de) Voir Louis du Merle | 1908 | Le Hérisy Jeanne | Vers 1618 |
Le Nantier Françoise Elisabeth | 1749 | ||
Beautot Jean (de) | 1716 | Leconte de Nonant Marie Voir Jean du Merle dit le Jeune | 1474 |
Bellemare Anne Elisabeth (de) | 1725 | ||
Bellemare Laurent (de) | Vers 1380 | Legge Paule (de) | 1899 |
Bertran de Bricquebec (Guillaume) Voir Laurence du Merle | Vers 1279 | Lenerac Charles (de) | Vers 1600 ? |
L’Estendart N | vers 1720 | ||
Biays Emile | vers 1930 | Levard François Raoul | 1845 |
Bois-Thibout Jeanne (de) | 1751 | Logis Marie (de) Pierre du Merle | 1421 |
Boyvin de Montigny Louise | Vers 1820 | ||
Bouloux N. | Vers 1170 ? | Maillé Prégente (de) | 1520 |
Braose (ou Briouze) Gillian (de) voir Foulques II du Merle | Vers 1150 ? | Mailloc Nicolas (de) | vers 1510 |
Maimbier Catherine (de) | 1479 | ||
Brinville Henri (de) | 1846 | Maimbier Guionne (de) | 1493 |
Brosses Hélène Françoise (des) | 1561 | Maisoncelles Charles Viel (de) | 1819 |
Buats Catherine (des) | 1836 | Malherbe Anne-Françoise (de) | 1749 |
Buisson de Courson Eugène (du) | 1699 | Malle Françoise Elisabeth | 1732 |
Busnel Gilles | 1673 | Marchesne Julien (de) | 1554 |
Carcy Charles (de Lesnerac de) | vers 1550 | Marguerit du Bu Charlotte | 1619 |
Carlotti N (de) | vers 1820 | Massacré Gabriel de | vers 1930 |
Chanaud Raymond (Marucheau de) | vers 1930 | Mathefelon Jeanne (de) Laurent du Merle | Vers 1270 |
Chaumont Esther (de) | 1653 | Mathefelon Jeanne (de) voir Mal Foucault du Merle | Vers 1270 ? |
Chenevières Charles (de) | 1587 | ||
Chenevières Jacques (de) | 1579 | Mathefelon Marie voir Foulques du Merle (Fouquet) | 1450 |
Chirée Honorine (de) Joseph du Merle | 1861 | ||
Mauduit Armand (de) | 1882 | ||
Clinchamp Charles (de) | Vers 1424 | Mencalde voir Guillaume/William de Merlay | 1094 |
Colin Le Vicomte | Vers 1530 ? | ||
Colomby Pierre (Jolivet de) | vers 1930 | Mervilly Jacques Aupoix (de) | 1725 |
Méry Olivier (de) | 1505 |
Cornilhau Méthyne (de) | 1801 | Mésenge (Furci de) René | Messidor an I |
Corday Pierre (de Glatigny de) | 1702 | Monchy Jeanne (de) | 1650 |
Cosnard Charles (de) | vers 1570 | Monchy d’Hocquincourt Marie (de) | vers 1720 |
Courtoeuvre Louis Joseph Gabriel (de) | Vers 1800 ? | Montfiquet Jeanne-Louise (de) | Vers 1780 |
Courtoeuvre Ne (de) | Vers ? | Montfiquet Marie-Françoise (de) | 1784 |
Crespin Jeanne voir Guillaume V du Merle | Vers 1230 ? | Montreuil Pierre (de) | 1558 |
Moulin François (du) | vers 1750 | ||
Delérablée François | 1826 | Nocé Marie-Gabrielle (de) voir Pierre du Merle | 1688 |
Deslandes de Suslande Robert | 1628 | ||
Doulcet Augustin | vers 1930 | ||
Erard Gaspard | 1646 | Nollent-Tancarville Marie (de) voir Guillaume VI du Merle | 1271 |
Feydau (de ?) Catherine voir Charles du Merle | 1703 | ||
O Alix (d’) | Vers 1400 | ||
Orbec Benoit (d’) | Vers 1550 | ||
Flambart Anne-Olive (de) | 1651 | Orbec Louise (d’) voir Jean IV du Merle | 1600 |
Fouques de la Pillette Adrienne | vers 1650 | ||
Frémicourt Magdeleine (de) | 19nn ? | Orfet (x. Cte de) | Vers 1420 |
Fribois Charlotte (de) | 1852 | Panthou (x. de)224 | 1083 ? |
Fribois Octavie (de) | 1556 | Parc Jacques (Aupoix du) | Vers 1630 |
Faÿ de Carsix Edouard (du) | vers 1860 | Pardieu Francine (de) | Vers 1840 |
Gaalon Magdelaine (de Préaux de) | Vers 1380 | Parfouru Jeanne (de) | 1810 |
Gacé Catherine (de) | Vers 1400 | Pauniat Jehanne (de) | 19 ?? |
Gaillon Marie (de) | Vers 1450 ? | Pétré de Souglant Roger | Vers 1700 ? |
Gascard du Mesnil Françoise Géraldine | vers 1732 | Pippemont Charles (de) | 1711 |
Gassion Julie | ?? | Pluviers François (de) | 1714 |
Gauville Mabire (de) voir Jean du Merle | Vers 1360 | Pluviers Françoise (de) | 1739 |
Pluviers Marin (de) | 1564 | ||
Giroie Emma voir Roger du Merle | Vers 1050 | Pommereul Renaud (de) | 1473 |
Prat Marcelle (de) | 19 ?? | ||
Gislain Jacques-Louis (de) | 1725 | Quérière Pierre-Louis (de) | 1741 |
Gomer Isaure (de) Louis-Pierre B. du Merle | vers 1850 | Régnier Françoise | 1643 |
Reisch Pierre | 19?? | ||
Gouhier de Fresnay-le-Samson Marie-Madeleine | 1717 | Rotours Catherine (des) | 1645 |
Rozel (Raoul du) | 1473 | ||
Grammont (Antoine de) | Vers 1793 ? | Sacy Charles Ouvart (de) | Vers 1560 ? |
Gritton Frédéric | vers 1930 | Saint Auban Lucrèce (Pape de) | 1645 |
Grouchy Elisabeth (de) | 1565 | Saint Aignan Jean (de) | 1801 |
Guernon Jean (de) | Vers 1780 ? | Sallen Marie Louise (de) | vers 1880 |
Guéroult Jean-Antoine (de) | 1734 | Sillans Françoise (de) | 1523 |
Guillaume Cécile (e) | Vers 1414 | Spontian Guillaume | Vers 1430 |
Guillot Thérèse | vers 1930 | Soufflot Marie | vers 1720 |
Hedrenville Jean (de) | Vers 1300 | Vaussemei Jean (de) | Vers 1473 |
Hellenvillier Ne. (de) Voir Guillaume VII du Merle | 1830 | Vendôme Marguerite (de) Voir Jean du Merle | Vers 1401 |
Herbigny Césart Lambert (d’) | Vers 1096 | Vernay Charles-Adrien (de) | 1749 |
Hommet Ne. (du) | 1926 | Vernillet Eugénie | 1868 |
Jamault Lucie Marie | 1876 | Verzure Marie-Anne mère de Pierre du Merle II | 1717 |
Jeanmar Charles | 1750 | ||
La Bertinière Marie-Madelaine (de) | Vers 1385 | Weissaltz Joséphine (de) voir Nicolas-Pierre-Bonaventure du Merle | 1795 |
la Champagne Agnès (de) | Vers 1350 | ||
La Motte Fouquet (Guillaume de) | Vers 1300 | ||
la Champagne Guillaume (de) Jeanne du Merle | Vers 13 ?? |
224 Cette Panthou aurait épousé un Raoul du Merle selon Familles médiévales normandes, 2010, Le Portier.
Quelques pièces et écrits concernant la famille
Lettre épiscopale pour la fondation de l’abbaye de la Genevraie vers 1145
…Inde est quod justitie et quieti monasterii Beate Marie de Merula debita sollicitudine providentes scripta duximus commendendum monasterium illud ab illustri viro Fulcoio de Merula consilio et auxilio Fulcoii, abbatis de Hambeya...ut monasterium de Merula suam obtineret in omnibus liber-
tatem neque monasterium de Hambeya…
Note : de Merula est la traduction latine signifie de du Merle
Les homélies de Guillaume du Merle
Moine à Saint-Evroult vers 2251065-1087
Ses sermons sont du style de ceux de Saint Bernard, excepté qu’il ne cite pas tant l’Écriture, et, selon le sentiment de plusieurs à qui je les ai fait voir, ils sont aussi forts et aussi remplis de piété que ceux de Saint Bernard…
Lettre de dom Julien Bellaise, moine, à dom Mabillon, avril 1684 ou 1685
L’homéliaire de Guillaume du Merle comporte 124 sermons…Il s’adresse à des moines ses « frères »… S’il ne met pas l’accent sur la pénitence corporelle, ce n’est pas pour encourager ses frères à mener une vie médiocre… S’il fait preuve de franchise, il parle sans aigreur et, pour un moraliste, il n’est guère pessimiste. Toute sa doctrine est de discrétion, de bonté indulgente, de paix contemplative. Son idéal est entièrement cénobitique. La solitude du cloître sépare du monde pour faire pénitence en commun et chercher ensemble le Christ…. Guillaume n’est ni professeur ni polémiste. C’est un maître spirituel. Il cherche à édifier mais aussi à instruire. Ses emprunts sont variés et supposent une fréquentation assidue des textes. Il renvoie souvent à Origène, Saint Ambroise, Saint Augustin… distingue toujours la foi et la théologie de la philosophie et cite Platon, Aristote et Cicéron. Il reflète la mentalité monastique de son temps avide de puiser à toutes les sources du savoir…heureux alliage de culture profane et d’érudition sacrée Il prend place entre les compilateurs d’homélies et les prédicateurs qui inaugurent une technique oratoire entièrement nouvelle.
Dom J. Leclercq, Prédicateurs bénédictins au XIème et XIIème siècle, 1943
225 A l’époque de Guillaume, Saint-Evroult était le foyer d’une culture intense grâce à son prieur, le grand Lanfranc qui deviendra archevêque de Canturbery.
La chevalerie normande au 14ème siècle
En 1304 et 1350 La quarantaine de noms cités au ban de 1350 sera quasiment identique. Seigneurs de Normandie convoqués par Robert d’Artois à Lisieux en mars 1319 Le comte d’Eu, le comte d’Aumale, mgr Jehan Malet, mgr Robert Malet, le sgr de Hotot, mgr Robert d’Estouteville, le sgr d’Oysneval, le sire de Clère, le sire de Saint Maran, Mouton de Blainville, Le vicomte de Melun, mgr Aubert de Angest, le sgr de Harecourt, le sire de Ferrierres, mgr Jehan de Gaillon, mgr Guillaume de Mortemer, mgr Roger Bacon, le sgr de Tilli, mgr Robert de Tornebu, mgr Guillaume du Merle, le sire de Creuly, mgr Robert Bertran, mgr Jehan Paienel, mgr Jehan Tesson, mgr Olivier Paienel, le sgr de La Ferté, mgr Robert de Viez Pont, mgr Amalry de Meulent, mgr Guillaume Crespin, mgr Jehan Crespin. On retrouve quasiment les mêmes noms dans un ban de 1350 | Vers célébrant les exploits des guerres des Flandres en 1306 Extraits de La branche des royaus lingnages, poème cité en 1306 par Guillaume Guiart pour célébrer les exploits des guerres des Flandres [...]. Part de Courtrai Fouques du Melle, Qui, el tens qu’à ce s’entestoit, de France mareschaus estoit. Granz genz aveuc lui se desbauchent, Droit vers Lille en Flandres chevauchent [...]. Derrière les charroiz s’amassent ; Li mareschal après randonnent ; Moult d’autres les chars environnent Qui au le desouz vont derrière [...] Bataille de Mons-En-Pevèle 20720 Sus sénestre, I poi au desus Des bidauz aux hardies chars, Se sont au desrière des chars Li dui mareschal arestez. Là se sont Flamens tempestez Si forment que d’angoisse suent [...] Les mareschaus des rens destèlent ; Piquarz se redésatropèlent [...] 21314 Lors se retournent les bannières Qui font Flamens d’angoisse boudre. Les mareschaus, le connestable, La nacion de Piquardie[...] De toutes parz, au dire voir, Fièrent et frapent et martèlent, Boucliers fendent et escartèlent, Qui aus visages sont couvercles ; Volent boces, destachent cercles, Percent gorgières et ventailles, Des hauberjons chiéent les mailles, Coutiaus brisent, lances tronçonnent [...] |
Montre effectuée en 1368 par Guillaume VIII du Merle à Vire Messire Guillaume du Merle, chevalier, sieur de Messey, chief de six vingt paires, 4 autres chevaliers et 9 escuiers de sa compagnie. Revue faite à Vire le 1er mars1368 au gouvernement de Mouton sire de Blainville, maréchal de France | Montre de Jean du Merle en présence du connétable du Guesclin au Neufbourg le 15 juin 1371 Cette pièce concerne Jean du Merle baron de Messei et de Gorron. On remarque la présence de Pierre du Merle frère de Jean, qui sera tué au siège de Rouen en 1419, ainsi que la présence d’un Jean du Merle non identifié. |
Ordre de Guillaume VIII concernant les Grandes compagnies, 1368 |
Ordre royal de financement des campagnes de Guillaume du Merle
Charles, par la grâce de Dieu, Roy de France, à notre aimé et féal trésorier Aymar Bourgeoise, salut et dilection.
Comme pour ce qu’il est venu à nostre cognoissan- ce que grant nombre de genz qui… pillent, robent et destruisent le païs …nous, pour obvier à leur mavoise volenté et emprise, pour pitié et compas- sion de nostre peuple, avons mandé à nostre amé et féal chevalier Guillaume du Merle, capitaine de par nous es dictes parties et à plusieurs autres chevaliers de nostre païs de Normandie, que ils soient à certaines journées à Caen et à Saint-Lo, avecques tout ce qu’ils pourront finer de genz d’armes et archiers…
nous vous mandons que vous transportez es dittes parties, et tous les deniers des aides du païs tant pour la délivrance de nostre très cher seigneur et père que Diex absoille que pour la provision et dé- fense du royaume.
Mission donnée par Charles V en 1364
Le Roy ayant pleine confiance en la loyauté et la diligence de son bien-aimé féal Guillaume du Merle, chevalier, Baron de Messey,a iceluy commis, ordonné et établi Capitaine Général de tous les pays et lieux des baillages de Cotentin et Caen, avec pouvoir et autorité de garder et mener les dits pays, mander et assembler tous nobles et autres gens d'armes, pour garder et défendre les lieux, villes et forteresses, changer et mener tous gardes, places et d'autres lieux, et d'y en mettre d'autres si bon lui semblait, de pardonner, quitter etremettre tous crimes aux personnes qui voudraient tenir le parti du Roy, etc.
Autres pièces relatives à Guillaume VIII du Merle
Lettres de Charles V aux chefs de l’armée
.
Source : La Roque
Confiscation des biens de Jean et Guy du Merle
par Henri VI d’Angleterre pour cause de rébellion (1424)
Lettres patentes données à Paris le 25 octobre 1424, par lesquelles le roi d'Angleterre, en considération des bons et agréables services que son amé Jehan Noire, escuier, capitaine de la Ferté Fresnel pour son amé et féal cousin le conte de Salisbury et du Perche, lui a fais où fait de ses guerres et autrement en la compagnie dudit conte de Salisbury, à icelui Jehan Noire donne et octroie toutes les terres, héritages et possessions assises au baillage d'Evreux qui furent à Jean du Merle et messire Guy du Merle, prestre, frères, rebelles et désobéissans audit seigneur roy, pour en jouir par ledit Jean Noire tant qu’il plaira audit seigneur roys jusqu'à la valeur de 30 liv. t. de rente ou revenue par an. Ensemble, mandement de Richart Waller, escuier, bailli d'Evreux, donné audit lieu d'Evreux le 2 juin 1425, portant injonction au viconte de Conches et de Brethueil de faire mettre à exécution lesdites lettres patentes.
Le tout vidimé le 4 juillet 1425 par Jehan Le Cestonnier, garde du seel des obligations de la viconté de Brethueil, à la relation de Guillemin Girard, clerc tabellion juré pour le roy au siège de Rugles.
Source : Dom LENOIR, Histoire de la Normandie, vol. 21
Lettre du duc de Guise à Jacques du Merle gouverneur de Harfleur
, lui proposant l’aide du maréchal de Montmorency en octobre 1562.
Au capitaine de Blancbuisson, gouverneur pour le roi à Harfleur
Capitaine Blancbuisson, j'ai reçu la lettre que m'avez écritte avec un billet par ce porteur qui m'a bien au long fait entendre ce dont lui avés donné charge de me dire à bouche. Étant grandement satisfait et content du bon et soigneux devoir dont journellement vous uzez en votre place pour le service du roi, j'ai communiqué votre lettre et dit ce qu'il m'a semblé estre nécessaire pour votre prouffit à monseigneur le connétable, lequel, pour la grande satisfaction qu'il a aussi de vous, m'a promis de faire en sorte que votre compagnie sera doresnavant bien payée afin que rien ne vous manque pour la tuition, conservation et defence de votre dite place. Et continuant en votre bonne volonté, je m'assure qu'il n'en adviendra aucun inconvénient et que, s'il advenoit que aulcuns y vouloissent aucune chose entreprendre, monsieur le maréchal de Montmorenci, qui est pardelà, vous secourira au besoin. Nous espérons qu'après la prinse de cette ville de Rouen, qui est sur le point d'être à nous par composition ou autrement, pour l'avantage que nous avons sur icelle, nous prendrons le chemin de votre costé ainsi que plus au long vous pourra dire ledit porteur. Sur la confiance duquel me remettant, je ferai fin à la présente, priant le Créateur vous donner, capitaine Blancbuisson, que plus désirez.
Du camp de Rouen, le 22 octobre 1562.
Votre bon ami. Signé « Le duc de Guize ».
Préambules de testaments
Testament de Jean du Merle seigneur du Boisbarbot, Blancbuisson etc., fils de Jean le Jeune, décédé en avril 1515
… je recommande mon ame a la très haulte, puissante et saincte garde de mon souverain Dieu, Pere createur et redempteur Jesus Crist, en luy requerant qu’il ait pitié et misericorde de moy et de ma povre ame, en luy rendant graces de tout le temps passé, de tous ses biens tant natureux, spiritueux et temporeux que je eulx et que je attens a avoir de luy par sa saincte misericorde en son benoist royaulme de paradis, en requerant la benoiste Virge Marie qui luy plaise de prier son chier filz pour moy et de me secourir en ma mort et a mon grant besoing et de me deffendre et impetrer grace envers son chier enfant et que je puisse avoir souvenance de sa douloureuse mort et passion qui souffroit pour moy et pour tous les humains et que je puisse avoir souvenance de mes pechés par vraye attrition, confession et repentance et que je puisse mourir en la saincte foy que Saincte Eglise tient et croit, et finallement a tous les sains et sainces de paradis en les priant et requerant qui leur plaise prier Dieu pour moy….
Testament de Jean V du Merle, baron d'Orbec et du Plessis, seigneur du Boisbarbot, décédé en 1651
…Premierement, j’offre et rends mon ame a Dieu, luy suppliant très humblement, par le merite de la mort et passion de Jesus Christ, son fils, mon redempteur, et de la sacrée Vierge Marie et tous les anges, saintz et sainctes de paradis, lesquelz j’invoque et implore très devotement l’ainde, qui luy plaise me pardonner mes offences et pechés et la recepvoir avec ses elleus en la vie eternelle, demandant aussy pardon d’affection et entiere a tous ceux que j’ay offencés en ce monde.
Quand a mon corps, sy l’heure de mon trespas arrive en Normandie, j’ordonne qui sera porté par mon carrosse a l’eglize d’Orbec pour y estre enterré avec aussy peu d’apparat et de ceremonye que l’on en pourroit faire pour la moindre personne du lieu. Et en cas que Dieu dispoze de moy en Picardye, j’ordonne que mon corps soit enterré dans ma chappelle de Lavrigny, ou mon chapellain me fera un service a l’ainde de quatre cordeliers du couvent de Laon, et a chacun d’iceux leur sera donné demy pistolle, et pour luminere je ne veux que deux sierges et deux torches.
Gentilhommes admis dans les carrosses du roi en 1789
Source : Nobiliaire universel de France ... par Nicolas Viton de Saint Allais, 1814
Une liste des admissions de 1788 mentionne M le Baron du Merle capitaine au régiment des dragons de Lorraine (voir Charles-Annibal), que la marquise de Créqui mentionne de même parmi les 28 personnes admises en 1789 le Baron du Merle de Blambuysson.
Les pages de la Grande Ecurie
Source : Almanach de Versailles de 1785
Un premier page pouvait avoir 17 ans, un page entre 12 et 15 ans.
Un siècle plus tard…
Courtoisie XVIIIème siècle
…Vous m’invitez, mon cher cousin, a venir vous voir. J’espère profiter de cet avantage sous peu de temps, et en attendent cette agréable moment vous voudrez bien que j’aye celuy de vous assurer, ainsi que la chère cousine que j’aime de tout mon cœur, de tout l’attachement avec lequel je suis pour la vie votre serviteur et vray amy.
du Merle de Batigny (fils de François-Annibal)
Service aux Baux le 2 mars 1790
Nous, maire [et] consuls de la ville des Baux, certifions et attestons à tous ceux qu’il appartiendra que Mr le comte du Merle226 commandant le détachement des dragons de Lorraine envoyé à Mouriès par Mr le comte de Caraman pour y maintenir l’ordre, s’est comporté de la maniere la plus distinguée et avec autant de douceur que de fermeté, ayant constamment, soit en sejour ou en tournée, fait observer à sa troupe la plus exacte discipline.
Asile accordé à Bonaventure à Ettenheim
Nous, soussignés, certifions que Monsieur le chevalier Dumerle, chevalier de l'ordre de Saint-Jean-de- Jérusalem, capitaine au régiment de Salm Kirbourg, n'a jamais été imbu des principes de la révolution françoise, a toujours été fidèle à Dieu et à son roy, et mérite l'azile que Son Éminence mon seigneur le cardinal prince de Rohan veut bien lui accorder dans ses états.
Fait à Broggingen, le 22 janvier 1794.
baron de Grünstein, colonel comdt le régt de hussards de Salm
Quelques lettres vers 1800227
Les noms mentionnés dans les correspondances suivantes échangées jusqu’en 1800 sont codés
Lettre de Louise Françoise Le Cornu de Balivière à Bonaventure du Merle - . 7 décembre 1799 Elle se dissimule sous le pseudonyme de Létang,
Le 16 frimaire an 8e, 7 Xbre (a. s.) Citoyen,
Vous avez dû voir par ma dernière lettre qu'il m'étoit totalement impossible de m'acquitter pour le moment de ce que je vous devois pour les marchandises 228 que vous m'avez livrés et que j'espérois que vous m'accorderiez encore du tems. Je n'ai point ici de vos nouvelles depuis, mais je viens d'éprouver une perte rééle pour mon commerce, qui afflige bien sensiblement mon coeur. J'ai perdu il y a peu de jours mon associé 229, avec lequel je vivois depuis plus de 45, auquel j'avois donné toute ma confiance. Il étoit languissant et infirme depuis plusieurs années, n'ayant pu surmonté le chagrin qu'il a eu, d'abord de la fuite de son fils 230, ensuite de sa prétendue émigration, pour laquelle la République a pris une partie de son bien malgré les certificats les plus authentiques du canton. Il avoit fait venir son gendre 231 pour tâcher d'obtenir une radiation 232, ce qui lui a coûté beaucoup de frais. Ce gendre a achetté la part de la Nation 233…
…Je me flatte, Citoyen, que vous aurez pitié de ma position et que vous serez toujours bien persuadé de tous mes sentimens.
De Létang
226 Balthazar Louis, fils de Charles Gabriel du Merle.
227 Les dossiers de Paul Lettres et Lettres2 comportent un nombre considérables de lettres échangées à cette époque.
228 Bonaventure avait probablement demandé à sa mère de lui faire parvenir de l'argent.
229 Pierre du Merle, mari de Louise Françoise et père de Bonaventure, décédé le 1er décembre 1799.
230 Bonaventure .
231 Joseph Marie Victor de Carlotty.
232 La radiation de Bonaventure de la liste des émigrés.
233 C'est-à-dire ceux des biens des parents de Bonaventure qui avaient été mis en vente comme biens nationaux en raison de son émigration.
Lettre de Louise Françoise Le Cornu de Balivière à Joséphine de Weissalz - 20 mars 1800
(lettre de La Vespière non signée)
…Je suis persuadée qu'avant de quitter le citoyen Dumont 234, vous aurez pris, chère Citoyenne, tous les passe-ports et autres papiers nécessaires à assurer votre tranquillité personnelle, tant à Paris qu'ailleurs ; malgré cela, je crois devoir sonder ici le terrain avant de pouvoir vous mander que vous n'aurez rien à craindre en vous montrant dans ce canton. D'ailleurs, je crois que votre présence à Paris pourroit servir beaucoup à y obtenir la radiation du citoyen Dumont, au sujet duquel toutes nos réclamations depuis 1792 se trouvent déposées dans les bureaux du ministre de la Police Générale.
Il ne faut pas, surtout, perdre de vue, quand vous parlerez de cette affaire, que tous les certificats de ce canton attestent que le citoyen Dumont a quitté en 1788 la maison paternelle, pour cause de ses dettes que ses parents ne pouvoient acquitter. J'ai écrit le 4 janvier dernier au Premier Consul, Bonaparte, une lettre touchante et très-détaillée au sujet de cette affaire. J'adressai cette lettre à Madlle de Mouy, ma cousine germaine, cour des Feuillantines, rue ci-devant St Jacques, à Paris, et elle m'a mandé avoir tout lieu de croire qu'elle avoit été remise à lui-même : voyez s'il ne seroit pas à propos, Citoyenne, que vous demandassiez au citoyen Bonaparte un moment d'audience, mais consultez auparavant, afin d'être assurée qu'il n'y auroit aucun danger à faire une pareille démarche…
Le roman Nez de Cuir gentilhomme d'amour de La Varende
Le roman Marie de Médicis de Lottin de Laval
La volonté du cardinal a fait trembler les magistrats assemblés. Ils savent jusqu’à quel degré peuvent aller ses violences…La sentence de mort est prononcée… mais un ami puissant veillait : le baron Jean du Merle… c'est un digne rejeton des vieux chênes; il compte six siècles de loyauté et de bravoure attachés à son nom…alors commandeur à Lisieux,[il] prévient les sires de La Poterie, de Mailloc et de Courson, et, pendant la nuit, leurs domestiques avertirent un grand nombre des habitants de la ville, de l’heure choisie pour le supplice ……Il se passait alors une scène étrange aux portes de la prison. Une multitude de peuple, soulevée par le baron du Merle, était là, hurlant des imprécations contre les juges et le cardinal, et réclament avec fureur le privilège d’assister au supplice. Les juges, effrayés de cette exaspération populaire, ordonnèrent au bourreau d’avancer l’heure du supplice, mais du Merle interposa son autorité à laquelle il fallut obéir… Voyant la scène affreuse qui se préparait, du Merle, entraîna la comtesse… mais les bourreaux… saisirent Stelli… et la tête tomba.
Quelques ouvrages et notices
Souper et coucher au Blanc-Buisson, l’ancien château des du Merle acheté récemment…Roger [de Tinchebray] s’était lié avec un du Merle, Guy du Merle, de la vieille famille des du Merle (le Merle-Raoul), du Blanc-Buisson et anciens comtes d’Orbec… Ces deux fidélités à des gens purs laissent croire que Tinchebray ne pensait pas encore comme il vivait, qu’il sut rendre justice… [Guy] réclamait l’ouverture de la grande porte par où il entrerait à cheval, dans l’abbaye. Telle était jadis la coutume ès-abbayes normandes pour les descendants des familles croisées, comme le droit de chasse aux forêts abbatiales. Tous ces seigneurs avaient été bienfaiteurs insignes et on n’en mourait pas de leur pousser portail ou de leur bailler lièvres.
Je suis le comte du Merle vociférait le sage Guy ; allez dire à l’Abbé puisque vous ne savez plus la politesse…
On lui donna raison [et] accourut prévenir Roger qu’un jeune homme blond et joli qui portait un nom d’oiseau et dont le père avait connu Saint Louis, qui s’explique avec l’Abbé, et qui a failli battre notre frère portier parce qu’il lui refusait le grand portail, voulait le voir…
Quand il entra, Guy eut un sursaut … Pourtant le malade ne fut pas sans gaieté :
J’en apprends de belles, monsieur le comte d’Orbec ! Un geste de plus, il eût fallu aller à Rome.
Pour décrire l’ami Guy du Merle235, Jean de La Varende s’était inspiré de Guy fils de Joseph du Merle que l’écrivain surnommait le comte courant. Octavie du Merle nous apprend dans ses mémoires que les La Varende et les du Merle se voyaient déjà vers 1840.
234 Bonaventure
235 Extrait de l’analyse de Nez-de-Cuir par Léon Daudet :…L’adresse, le courage, l’audace de Tainchebraye ont frappé la
belle Judith, qui finit par lui dire : « Embrassez-moi. » Mais lui pense à sa mutilation et lui répond brutalement : « Non » Huit jours après, son ami du Merle lui apprenait le mariage de Judith avec le vieux et riche de Brives. Des larmes coulèrent sous le masque. Du Merle comprit que les larmes suivaient les effroyables rigolés intérieures de la blessure….
Le cantique de Dieu tel que le concert du jardin le chante
Poème de Marie du Merle (Merlette) inspiré du Chant du soleil de Saint François et du Cantique des trois enfants de l’Office des Laudes
Je te bénis jardin mon fils, qui ris et qui éclates en fleurs.
Je vous bénis sapinettes et marronniers, hêtres et tilleuls, et toi mon fils le chêne, Et vous, source vierge, source bleue, étang, ruisseau qui longez la prairie.
Boutons d'or qui émaillez la prairie.
Je te bénis mon fils l'argus qui t'en vas pur et léger, grisé de parfums,
Avec ta sœur l'Aurore, et la Tortue et la Grande-Tortue et le Paon-de-jour. Je vous bénis, rosier à cent feuilles, glycine et coquelicot,
Eglantine humble et belle sur ton coin de pelouse,
Et vous lys qui montez droits sur la tige, mieux vêtus que Salomon.
Je te bénis, mon fils le cygne, avec le martin-pêcheur et les hirondelles. Et toi le rébétin dans ton lit clos.
Et toi le rouge-gorge mon bien-aimé.
Je vous bénis, vous les humbles qui logez dans le gazon ; les sauterelles et les criquets, Les taupins raides sur la pointe de l'herbe,
La coccinelle qui m'est vouée et le petit charançon.
Je vous bénis, maison tranquille, âme de la maison, cœur de la maison, Mains de la maison qui cultivez patiemment mes fleurs.
Je vous bénis, petit garçon des hommes, petite fille des hommes,
qui courez dans les allées de mon jardin.
Source Art de Basse Normandie N° 120 – La maison qui riait
Extrait de La maison qui riait, autre exemple du style de Marie du Merle :
Et tout le jour le bruit n’arrêtait plus de leur verbiage et de leurs éclats de rire mêlés au martèlement des battoirs Lors se garnissait la fontaine d’une alignée de bavardes, à genoux dans
des gaborets de bois…
Sans oublier ce trait sur son propre caractère :
Ainsi va Messire le Temps/Jamais rien sur la terre /Fut plus drôle et plus inconstant /Comme mon caractère.
Dans le film Nez de Cuir gentilhomme d'amour d'Allégret, ce Guy est interprété par Bernard Noël alors que Tainchebraye l’est par Jean Marais.
Geneviève du Merle ou l’Abandon à Dieu
Extraits du livre sur Geneviève publié en 1956 par le père Bissonnier236
Enfance : Sa famille lui inculque ce sens des autres, ses aînés lui ont ouvert la voie.
Adolescence : A 14 ans, elle note : Pas de programme de vie, c’est le Seigneur qui me conduit, rien ne me manquera. A 16 ans, elle ne connait pas encore la gravité de sa maladie et note : Je veux aller toujours en m’affermissant et en montant. A 18 ans, elle prend la responsabilité de dix groupes de malades dans l’UCM237 et note : Mon Dieu, donnez-nous de ne jamais refuser ce que vous avez voulu faire dépendre de nous. Un témoin relate ce point commun avec Thérèse de Lisieux, ce petit Jésus, symbole de l’abandon confiant qu’on retrouve partout à Fricamps ou à la Vespière. Un témoin note qu’à la journée des responsables de l’UCM, chacun en conserve un souvenir inoubliable…elle faisait la conquête des âmes d’un seul de ses regards. Elle se consacre au Sacré-Cœur peu après. A 19 ans, alors qu’elle part en sanatorium, sa sœur Marguerite qui s’apprête à rentrer comme novice à Marmoutier, décrit sa joie : je suis contente de partir en sana. Je l’emporte, Lui, et j’ai tout.
En sanatorium : elle note : Je pense à toutes celles qui sont dans la mêlée, soit dans la mêlée des bien- portants soit dans celle des sanas. Ces dernières, je vais en être, je les envie, on est aux premières lignes pour travailler. Un témoin raconte : tant qu’elle put circuler, sa porte était toujours celle à laquelle on frappait, on s’en donnait à cœur joie. On était stupéfait de son rayonnement intense. Après une conférence sur l’UCM qu’elle venait de donner malgré son état, un auditeur raconte : On ne parle plus. On écoute médusé Geneviève traiter de l’apostolat de la souffrance.
Vers le ciel : Suite à une hémorragie subite et abondante, elle écrit à Marguerite : il faut que je sois toute offrante. Je te garde tout près de moi, ou plutôt non, je t’offre à Lui. Cela revient au même. Alors que son corps s’asphyxie, elle répond à la religieuse qui s’étonne de ne pas l’entendre : Oh ma sœur, je suis si bien, si bien. La veille de sa mort, elle écrit pour ses parents : Votre petite enfant es très heureuse, elle voudrait le chanter toujours … Le lendemain, entrant en agonie et murmure : ce que j’aurais voulu faire pour vous sur la terre, je le ferai bien mieux là-haut… Mais tout recommence bientôt avec en plus l’épreuve de l’angoisse. Son père témoigne que cette seconde agonie est un triomphe de sainte.
Le sous-lieutenant Gérard du Merle
(Extraits de: Marne et Verdun – Saint Cyr 1937-1939 – Livre d’Or)
Le 25 juin 1940, un violent tir d’artillerie s’abat sur la ligne et les Allemands profitent de la neutralisation ainsi créée pour franchir le Rhin. A 10 heures, deux des quatre postes tombent. ..vers 11 heures, seul le poste « G » continue à se battre.
A l’intérieur, le lieutenant du MERLE donne ses ordres, calmement, tranquillement et, à maintes reprises, se porte à l’entrée du bloc pour lancer des grenades quand l’ennemi est par trop rapproché.
Soudain, du MERLE reçoit à son tour une grenade qui lui déchiquète les jambes et lui lance des éclats sous le menton.
Il s’écroule en murmurant un dernier ordre au tireur d’une mitrailleuse : « Ils m’ont eu Dubois, tiens bon, ils ne passeront pas. Vive la France ! ».
Vers 16 heures, le poste « G » est envahi par l’ennemi. Transporté à l’hôpital de Donauschingen, en Allemagne, Gérard du MERLE lutte contre la mort pendant plus d’un mois, mais le 2 août 1940, ilo expire après avoir reçu les derniers sacrements avec une très grande piété et en prononçant ces mots : « Venez, mon Jésus ! »
Le 4 août 1940, devant une compagnie d’infanterie allemande qui rendait les honneurs, et en présence du prince Max de Furstenberg, commandant de la garnison, la dépouille du sous-lieutenant vicomte Gérard du MERLE était enterrée dans le petit cimetière de Donauschingen.
236 Le Père Bissonnier, coauteur avec le père Delpierre de Geneviève ou l’Abandon à Dieu, sera l’un des fondateurs de l’Office Chrétien des Handicapés (OCH). Le père Delpierre publia de son côté Le message de Geneviève incluant des Pensées choisies traitant du mystère de la mort à la lumière de la foi (éd. Apostolat de la presse). En 2004, Agnès Goldie racontera dans Enfants Canonisés, la vie de Geneviève parmi celles d’une quinzaine d’enfants saints, de St Louis de Gonzague à Anne de Guigné.
237 L’Union Catholique des Malades (UCM) aidait les infirmes et malades chroniques à redevenir socialement utiles.
Le Croisé Foucaud
Cette bande dessinée présentée en 2009 comme une sorte de Roméo et Juliette animalier, comportait un personnage dénommé très simplement du Merle de la haute branche…
Du Merle en bandes dessinées
Quelques piques
Une tradition voudrait que Racine se soit inspiré des procès de succession familiaux dans les vers suivant des Plaideurs :
Haute et puissante dame Yolande Cudasne,/ Comtesse de Pimbesche, Orbesche, et cætera
Quant à Proust, il fait persifler la duchesse de Guermantes, dans Sodome et Gomorrhe:
Le vieux Chaussepierre était le frère de la vicomtesse du Merlerault… Basin, vous faites ma joie
… J’ai même lu du Labiche. J’apprécie Chanlivault, je ne hais pas Charleval mais j’avoue que
du Merlerault est le chef d’œuvre.
Spectacle à caractère historique réalisé chaque année par quelques 200 figurants bénévoles
Son et lumière du Blanc-Buisson
Le généalogiste Amédée de Courson considérait la Maison du Merle comme un des grands noms de la vieille féodalité normande238. Cette étude permet de partager cette analyse bien que toutes les filiations du Merle du 10ème au 13ème siècle n’aient pu être établies
Elle montre aussi qu’à l’instar de toutes ces vieilles familles que l’on retrouve côte à côte au fil des siècles, cette lignée de soldats aux mœurs souvent rudes, parsemée parfois de belles figures religieuses et de brillantes alliances, comporte son lot de personnages exceptionnels comme son lot de faces sombres, mais avec l’intérêt sous-jacent que leurs grands et petits faits ont souvent frôlé l’histoire du pays.
Elle fait apparaître aussi l’affaiblissement de la famille depuis le 15ème siècle mais souligne la place croissante occupée au fil des siècles par les valeurs de fidélité et de service.
Il ne fait guère de doute que les générations à venir s’intéresseront à ce passé riche en péripéties et en diversité et y découvriront aussi quelques chemins bien tracés.
Jacques du Merle - Mars 2013
238 Opinion partagée par bien d’autres historiens et généalogistes réputés, tels que d’Hozier, Chérin ou La Chesnaye.